Devant la hausse des prix des denrées alimentaires, les Marocains n’ont pas quez les yeux pour pleurer. Ils ont appris à canaliser leur colère, justifiée puisque la famine menace, dans des manifestations pacifiques. C’est contre la détérioration du pouvoir d’achat et pour dénoncer l’oppression, autre corollaire de la politique anti-sociale en vigueur depuis des mois, que les manifestants ont battu le pavé dans nombre de villes où les restrictions n’ont pas été jugées « judicieuses » par les autorités.
Dans la capitale Rabat, des centaines de manifestants, dont des jeunes, ont observé un sit-in devant le Parlement pour crier leur colère contre la cherté de la vie et dénoncer l’incapacité des pouvoirs publics à juguler l’inflation qui, depuis qu’elle flirte avec les 20%, met à rude épreuve des millions de Marocains qui vivent les affres de la vulnérabilité économique. Les banderoles déroulées à cette occasion en disent long sur ce que ressent la société otage d’une « oppression sociale » et d’une « pauvreté » aussi galopante que celle des prix. La symbolique est on ne peut significative en ce sens que c’est l’institution parlementaire, sensée représenter le peuple, qui est sensibilisée sur une situation socio-économique jugée déplorable. A charge pour les élus de faire leur part du travail pour lequel ils ont été choisis…
Lors de cette veillée ramadanesque de colère, les manifestants se sont époumonnés pour dénoncer les prix élevés et la dégradation du pouvoir d’achat des citoyens. « Le peuple veut la baisse des prix », « Mon pays est agricole et les légumes y sont trop chers pour moi », « Luttons, contre les prix élevés, contre la corruption, contre la tyrannie, contre l’appauvrissement … », autant de slogans qui ont fait vibrer les alentours de l’instance législative dans l’espoir que la voix de la colère puisse se faire entendre dans les travées du Parlement.
Les sit-in auxquels a appelé le Front social marocain se sont déroulés dans une cinquantaine de villes, indiquent les organisateurs. Des images ayant circulé sur la toile montrent une très forte mobilisation des forces de l’ordre. Ces dernières ont tenté de bloquer l’accès des manifestants aux espaces appropriés…
L’affaire est grave surtout que l’Exécutif qui assure suivre l’évolution de la situation n’a entrepris aucune démarche singulière susceptible de trouver grâce aux yeux d’une opinion nationale remontée contre les affairistes et les spéculateurs qui sévissent sans foi, ni loi.
Face à une situation qui semble bloquée, il n’est pas rare de voir sur des vidéos postés sur les réseaux sociaux des Marocains pleurer leur détresse et en appeler au Roi pour qu’il fasse quelque chose de nature à atténuer l’asphyxie qui se généralise.