Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, a tenu à rappeler la logique qui anime la technostructure qui pilote les finances du pays. Face au lourd dossier des retraites, il n’y a que deux options possibles pour le gouvernement : soit aborder cette réforme avec audace avec le concours souhaité des syndicats, soit la reporter. « Mais dans ce cas, qui supportera le coût de cette remise à plus tard ? », se demande le ministre. S’attaquer à cette réforme dans un climat de responsabilité et de franchise permettra, à ses yeux, de traiter des enjeux relatifs aux générations futures et à leurs droits à percevoir eux aussi une pension de retraite.
Pour l’heure, comme l’ont crié haut et fort les syndicats mobilisés pour la fête du travail, le rejet de la logique gouvernementale a été quasi-unanime. Il en va ainsi pour les dirigeants des principales centrales syndicales, l’Union marocaine du travail (UMT) et la Confédération démocratique du travail (CDT). En célébrant le 1er mai, Miloudi Moukharik, « patron » de l’UMT s’est permis de dénoncer la « trinité maudite » imaginée par l’Exécutif qui entend relever l’âge de la retraite à 65 ans, réduire les pensions de 20 % et à augmenter les cotisations. Et il n’est pas le seul à vomir les propositions du gouvernement. Idem pour Khalid Houir Alami,, secrétaire général adjoint de la CDT, qui a également réaffirmé le rejet de son syndicat de toute réforme qui remettrait en cause les acquis des travailleurs ou qui leur ferait supporter le coût de la mauvaise gestion, y compris la défaillance de l’État qui n’a pas honoré ses engagements vis-à-vis des caisses de retraite.
M. Baitas n’ignore certainement pas cette donne qui rend la gestion du dossier encore plus cocasse. Et en dépit de cela, il a tenu à rappeler qu’un autre dossier conflictuel, à savoir le projet de loi organique relative à l’exercice du droit de grève, est dans le pipe de l’Exécutif. Soulignant que la réforme préconisée pour ce chantier devait voir le jour sous le gouvernement entré en fonction après l’adoption de la Constitution de 2011. « Aujourd’hui, nous en sommes au troisième gouvernement après l’adoption de la Constitution de 2011, et nous devons donc réglementer définitivement le droit de grève, qui est un droit constitutionnel. Et pour ce faire, le gouvernement ne peut pas agir seul, il doit se rapprocher des syndicats et les écouter, sans oublier le Parlement qui va également débattre de ce texte avant qu’il ne soit adopté », a insisté le responsable.
Revenant sur la hausse de l’inflation au Maroc et son impact sur le pouvoir d’achat des citoyens, ce que la classe ouvrière et des travailleurs de tous les secteurs confondus dénonce comme une « politique de paupérisation » systématique, le ministre a exposé les initiatives et stratégies déployées par le gouvernement pour atténuer cette problématique et favoriser une croissance économique stable. Dans un contexte de rareté des précipitations, il a souligné « les efforts déployés pour intensifier et élargir les zones d’irrigation, particulièrement dans les secteurs concernés par la production des matières premières essentielles à la consommation des citoyens. Ces mesures visent à sécuriser l’approvisionnement en produits de base et à réduire la pression inflationniste » , a-t-il précisé. En sus, il a mis en relief « l’allocation de fonds considérables pour soutenir différents aspects de la chaîne de production et de commercialisation. Avec un investissement de 10 milliards de dirhams en 2023 et une somme équivalente prévue pour 2024, soit un total de 20 milliards de dirhams, le gouvernement marocain s’engage à stimuler la production, à réduire les coûts et à faciliter la distribution des produits essentiels ».
M. Baitas ne pouvait pas passer sous silence « le programme spécifique de soutien aux transporteurs, doté d’une enveloppe budgétaire de 8 milliards de dirhams». Ce soutien vise à atténuer les coûts logistiques et à garantir une distribution efficace des produits sur l’ensemble du territoire, a-t-il souligné. Sans pour autant aller à l’essentiel : les bénéficiaires des distributeurs de carburants et le scandale des plus-values réalisées sur ce marché toujours juteux. Faisant valoir la politique de veille mise en place, il a souligné que « des interventions supplémentaires seront envisagées au besoin pour maintenir la stabilité des prix et garantir un niveau de vie acceptable pour tous les Marocains». Qui vivra verra !