Une grande partie des armes utilisées par Israël, qui s’est engagé dans une guerre contre le Hamas depuis les attaques sans précédent du 7 octobre, contiennent des pièces venues du Royaume-Uni, ont pointé 16 organisations humanitaires dans un rapport publié mercredi.
Dans la foulée, Tahir Ali, député de l’opposition travailliste, a accusé Rishi Sunak, Premier ministre britannique, d’avoir « le sang de milliers d’innocents sur les mains ».
David Cameron, ministre britannique des Affaires étrangères, en tournée cette semaine au Moyen-Orient, a lui aussi été accusé de manquer de transparence dans son rôle dans la poursuite des ventes d’armes.
Dans ce contexte, plusieurs plaignants menés par le groupe de défense des droits des Palestiniens Al-Haq et qui comprend le Global Legal Action Network (GLAN) ont saisi la Haute Cour à Londres, estimant que le Royaume-Uni ignore ses propres règles sur l’exportation des armes dans le cadre du conflit à Gaza. Les critères britanniques prévoient en effet que les armes ne doivent pas être exportées lorsqu’il y a un risque clair qu’elles puissent être utilisée en violation du droit international. « Cette affaire est un test pour la crédibilité du système national de contrôle des armes », et notamment le rôle de la justice dans la surveillance à cet égard, a déclaré Dearbhla Minogue, avocate du GLAN, à l’AFP.
Le mois dernier, un tribunal néerlandais a jugé que les Pays-Bas pouvaient continuer à livrer des pièces pour des avions de chasse F-35 à Israël, et a rejeté une procédure déposée par des organisations de défense des droits humains. Le tribunal de La Haye a conclu que la fourniture de pièces était une décision politique dans laquelle les juges ne doivent pas interférer.
Dans le cadre de la procédure britannique, des documents produits par les avocats du gouvernement éclairent sur les débats internes au Royaume-Uni concernant les licences d’exportation d’armes, et plus généralement sur la manière dont Israël conduit cette guerre.
Un document du 12 janvier fait ainsi état de « sérieuses préoccupations » au sein du ministère des Affaires étrangères britannique concernant certains aspects de la campagne militaire israélienne. Il souligne également que les responsables se sont montrés jusqu’à présent dans l’incapacité de déterminer de manière concluante si Israël respectait ou non le droit international.
Mais les 22 pages révèlent que Kemi Badenoch, ministre du Commerce international, responsable de ces licences, a néanmoins décidé le 18 décembre de ne pas les suspendre ou les révoquer. Elle a choisi de les soumettre à un examen attentif, une position en ligne avec une recommandation six jours plus tôt de D. Cameron. Le chef de la diplomatie était « convaincu qu’il y avait de bons éléments de preuves » pour penser qu’Israël entendait respecter le droit humanitaire international, selon les documents légaux.
Un point de vue contesté par l’avocate des plaignants, qui estime que le Royaume-Uni reconnaît dans sa défense qu’ils n’ont pas examiné les preuves de manière objective. D. Cameron s’est aussi vu reprocher de s’être montré évasif quand il a été interrogé le 9 janvier par les députés britanniques, qui cherchaient à savoir si les juristes du gouvernement avaient émis des avis selon lesquels Israël aurait violé le droit international. « Je ne peux pas me souvenir de chaque bout de papier qui m’a été présenté. Je regarde tout », a-t-il déclaré. Il a finalement répondu par la négative, avant d’ajouter: « ce n’est pas vraiment une question à laquelle on répond par oui ou non ».
Arsenaux US ouverts
Si débat il y a chez l’allié britannique, tel ne semble pas être le cas pour Washington. On signale que des responsables sécuritaires israéliens, dont le général Eyal Zamir, directeur de cabinet du ministère de la guerre, se sont rendus aux Etats-Unis pour négocier un gigantesque contrat d’armement.
L’accord signé jeudi 25 janvier entre les deux parties et va conférer à Israël une quantité importante d’avions et de munitions.
Ce contrat porte sur la dotation de l’armée sioniste de 25 chasseurs furtifs F35i et autant de F15 AI, Israël s’affichant ainsi comme le premier pays au monde à recevoir ce nouveau modèle avancé du F15. Le contrat englobe aussi la livraison de12 hélicoptères d’attaque Apache outre plusieurs milliers de munitions qui doivent être livrées dans les prochains jours.
Les avions seront livrés le plus rapidement possible. Boeing qui fabrique les F15 et les F35 fera passer la commande israélienne en priorité. De l’avis des responsables israéliens, il s’agit d’un contrat sans précédent. Toujours dans le cadre des discussions, la délégation du ministère israélien de la guerre a travaillé pour faire progresser l’approvisionnement continu en munitions américaines au milieu de la guerre.
Au moins 250 avions cargo et plus de 20 navires ont livré plus de 10000 tonnes d’armement et d’équipement militaire à ‘Israël’ depuis le début de la guerre. Pour que les accords se finalisent, ils nécessitent l’approbation du gouvernement, une décision qui, selon des sources, pourrait être prise dans les prochaines semaines.