Les participants à une session tenue sous le thème “La souveraineté économique en Afrique : Quelles orientations et quelle feuille de route ? “, ont ainsi souligné la nécessité de réconcilier décarbonation de l’industrie et compétitivité des entreprises, d’équilibrer les relations commerciales en tirant parti des accords de commerce, et d’assurer la réciprocité dans l’accès aux marchés. Dans ce sens, Arkebe Oqubay Metiku, conseiller spécial du Premier ministre de l’Éthiopie et professeur à l’Académie britannique (Londres) a souligné que le Maroc est l’un des “points lumineux” du continent, à la faveur de sa capacité de promouvoir continuellement son industrie, développant ainsi un écosystème industriel dynamique en mesure de soutenir une croissance économique rapide malgré les contraintes en matière d’énergie. Le monde est aujourd’hui hautement interconnecté, la synergie géopolitique et l’interconnectivité des économies sont extrêmement importantes pour le développement de tout pays, mais l’indépendance politique et financière est tout aussi importante, a indiqué l’expert. “La croissance et la transformation économique des pays passent par l’élimination de la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie des populations, et l’investissement dans les secteurs de base”, a-t-il relevé. En effet, la souveraineté économique des pays africains exige, selon A. Metiku, de transformer les structures de production, de se tourner vers la neutralité carbone, et de travailler sur la recherche scientifique et la sécurité énergétique.
Pour sa part, Gibril Faal, Directeur de GK Partners, a affirmé que le développement des ressources humaines, l’amélioration des services de santé, le développement des grandes infrastructures et des mécanismes d’énergie solaire, ainsi que l’augmentation des capacités de production sont des principes fondamentaux à même de garantir l’indépendance économique. Il a également mis en avant l’importance de renforcer la réglementation économique afin de faire émerger des écosystèmes plus performants et indépendants.
Pour sa part, Mustapha Mourahib, associé gérant et co-responsable du groupe Clifford Chance’s Africa, a souligné que la diversification des partenaires et l’innovation sont des mécanismes qui contribuent à répondre aux objectifs de la souveraineté. “Il est difficile de structurer les financements uniquement avec le budget de l’état, dans la mesure où ce scénario alourdit les dettes”, a-t-il expliqué. Selon lui, l’utilisation des partenariats public-privé et les financements concessionnels, ou encore les garanties portées par les marchés de capitaux au profit des projets rentables, notamment énergétiques et portuaires, peuvent constituer une voie pour faire face à l’envolée de la dette publique. Et d’ajouter que le monde connait aujourd’hui une grande concurrence en matière de développement des marchés de capitaux, ce qui signifie que les pays devraient être capables de gérer et maîtriser leurs budgets et d’offrir un cadre juridique et réglementaire favorable à l’investissement et au financement des projets rentables.
De son côté, Youssef Tber, directeur des investissements et des exportations de l’AMDIE, a fait remarquer que les enjeux liés aux ressources énergétiques et à la couverture des besoins de l’économie nationale et de la population constituent des pistes de réflexion pour un pays pour construire sa propre souveraineté. Il a dans ce sens évoqué le développement des dispositifs médicaux au Maroc durant la pandémie de Covid-19, ce qui a permis au pays de gérer la crise de manière efficiente, estimant que le développement local et intégré des chaînes de valeur constitue un défi majeur pour les acteurs économique. Le développement des investissements locaux permet d’améliorer le taux d’intégration locale dans différents secteurs, et construire ainsi davantage de chaînes de valeurs, a affirmé Y. Tber, ajoutant que l’investissement local est un élément clé qui a fait le succès des écosystèmes aéronautiques et automobiles.
La 15è édition du Forum international MEDays qui s’est tenue, du 15 au 18 novembre, sous le thème “Polycrise, Polymonde”, a réuni à Tanger plus de 200 intervenants de très haut niveau, parmi lesquels des chefs d’État et de gouvernement, des décideurs politiques, des chefs de grandes entreprises internationales et des personnalités internationales de premier plan venus de plus d’une centaine de pays.