A la « bourse du travail », à Casablanca, les regards étaient tournés vers l’Union marocaine du travail (UMT) en ce 1er mai. Miloudi Moukharik, « patron » de ce puissant syndicat, a entonné son « niet » à la formule proposée par le gouvernement pour la réforme des retraites et dénoncé la réforme qui vise à relever l’âge de départ à la retraite, à augmenter les cotisations et à revoir les pensions à la baisse.
Face à des milliers de travailleurs qui ont battu le pavé pour célébrer la fête du travail, le leader du syndicat a dénoncé le tour de passe-passe gouvernemental qui vise à faire endosser aux salariés le fardeau des mauvaises gestions ayant marqué la gouvernance des caisses de retraite. Après avoir fait le point sur les principaux termes de l’accord social signé lundi avec le gouvernement et le patronat, le secrétaire général de l’UMT a assuré que les acquis arrachés au profit des salariés n’engendre pas de concessions sur d’autres dossiers majeurs tels la réforme des retraites ou le projet de loi organique relative à la grève. Il est hors de question d’accepter le relèvement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, de réduire les pensions de 20 % et d’augmenter, assimilée à une « trinité maudite ». Si « nous avons dit non aux gouvernements précédents, nous disons également non à ce gouvernement », a-t-il entonné. A l’endroit des retraités, en perpétuel déclassement, il a tenté de les rassurer en assurant la mobilisation du syndicat à les défendre lors des rounds de dialogue social, et quant au fait que la question de l’augmentation de leurs pensions. Une demande exprimée avec force aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public, a-t-il tenu à préciser sans pour autant omettre ses piques à l’endroit de la RCAR, « blâmable » pour l’affectation de milliards de dirhams, les cotisations des affiliés en l’occurrence, à des projets dispendieux tels que des hôtels de luxe et des marinas.
Revenant sur le projet de loi organique relative à la grève, le « patron » de l’UMT a réaffirmé que son syndicat continuerait à s’opposer à toute loi ne garantissant pas la liberté d’exercice de ce droit comme prévu par la Constitution marocaine et les conventions internationales y afférentes. A ses yeux, il s’agit-là d’un droit à préserver de toute offensive qui viserait à le vider de sa substance.
Pour l’UNMT, la colère est à son comble d’autant plus que ce syndicat a été exclu des rounds du dialogue social. Sur ce dossier, les critiques ne manquent pas, puisque ledit dialogue, censé être le pilier sur lequel reposent les espoirs d’une société plus juste et équitable, est « devenu une source d’exaspération et de désillusion », voire « un outil manipulé par le gouvernement pour servir ses propres intérêts ». Ce syndicat proche du PJD, formation renvoyée dans les rangs de l’opposition, n’hésite pas à dévaluer les résultats du « dialogue social » dont le gouvernement en tisse des louanges. Tout ce qui a été misé par l’Exécutif sur la table du « dialogue social » ne compense pas le manque à gagner généré par l’inflation, ni n’offre d’issue à de nombreuses familles dont le pouvoir d’achat a pris de sérieux coups. L’UNMT appelle le gouvernement à prendre des mesures immédiates pour plafonner les prix des carburants et établir un équilibre entre importations et exportations afin de contrôler l’inflation, et à œuvrer pour la sécurité alimentaire au lieu de faire les yeux doux aux requins de qui s’agitent dans nombre de secteurs économiques.