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Le Maroc cherche à capter plus d’IDE : Le show de M. Jazouli sera-t-il payant ?

Le ministère de l’Investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques (MICEPP) a organisé, mardi 5 septembre à Rabat, une grande messe à destination du corps diplomatique accrédité dans le Royaume pour vendre « le Maroc, terre privilégiée des investissements privés ».
Le Maroc cherche à capter plus d’IDE : Le show de M. Jazouli sera-t-il payant ?

Cet évènement a été une occasion pour présenter la nouvelle charte de l’investissement et de la nouvelle feuille de route du climat des affaires aux représentants du corps diplomatique accrédité dans le Royaume, ainsi que les organisations internationales actives dans la coopération et le développement.

L’évènement a ainsi réuni près de 150 diplomates et représentants des agences de coopération et bailleurs de fonds, pour leur proposer un aperçu exhaustif des réformes en cours et de présenter les opportunités d’investissement dans le pays, ainsi que les avancées vers la décentralisation des services liés à l’investissement, pour une meilleure réactivité et proximité avec les investisseurs.

Le gouvernement marocain considère cette charte comme « un élément clé de sa stratégie de relance économique, visant notamment l’accroissement de l’investissement privé orienté vers les secteurs productifs générateurs d’emplois et de valeur ajoutée », indique un communiqué du département. Cette initiative cadre « avec les efforts globaux visant à atteindre les Objectifs de développement durable, qu’il s’agisse de réduction des disparités territoriales, le renforcement de l’autonomisation de la femme, l’emploi des jeunes, la lutte contre le changement climatique ou l’accélération des investissements dans la transition énergétique », ajoute la même source.

En octobre 2022, la Chambre des représentants a approuvé le projet de loi-cadre 03.22 formant Charte de l’investissement. Présentant ce texte, Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de l’Investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, a indiqué que « l’adoption d’un cadre juridique des investissements transparent, attractif, compétitif et clair est devenu urgent, afin que nous soyons au rendez-vous pour saisir les opportunités qui s’offrent à nous, et c’est précisément ce qu’apporte la nouvelle Charte de l’investissement ».

Il faut croire que cette offensive marocaine intervient après avoir établi un constat amer quant à l’incapacité du Royaume à drainer plus d’IDE que d’autres économies africaines plus dynamiques. Sur le Continent, l’Égypte, l’Afrique du Sud et l’Éthiopie sont en tête parmi les États africains ayant attiré le plus d’investissements directs étrangers en 2022, malgré une forte baisse mondiale par rapport à 2021, selon le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement.

Plusieurs pays africains -en tout premier lieu, l’Égypte, l’Afrique du Sud et l’Éthiopie- sont arrivés à maintenir des flux d’investissements directs étrangers (IDE) élevés en 2022, bien qu’au niveau international, ceux-ci aient chuté de 12% en 2022, à 1.300 milliards de dollars, souligne un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

En Afrique du Nord, c’est l’Égypte, à la 1ère place du continent, qui a vu les IDE plus que doubler, pour atteindre 11 milliards de dollars, grâce à une augmentation d’opérations transfrontalières de fusions et d’acquisitions. Le nombre de nouveaux projets a atteint 161, soit presque deux fois plus que l’année passée. Le total des montants des accords de financement de projets internationaux a augmenté des deux tiers, pour atteindre 24 milliards de dollars.

Les investissements vers le Maroc, 5e d’Afrique, ont légèrement diminué, de 6%, passant à 2,1 milliards de dollars, notre le rapport de la CNUCED.

En Afrique australe, les investissements sont revenus à leurs niveaux antérieurs après un taux record anormal de 2021 provoqué par une vaste reconfiguration des entreprises en Afrique du Sud. Classé 2e, les flux s’y sont élevés à 9 milliards de dollars –bien en dessous du niveau de 2021 mais le double de la moyenne de la dernière décennie. Les ventes transfrontalières de fusions et acquisitions dans le pays ont atteint 4,8 milliards de dollars, contre 280 millions de dollars en 2021. En Zambie (10e), deux années après des indications négatives, les IDE ont atteint 116 millions de dollars.

En Afrique de l’Est, l’Éthiopie est restée le 3e bénéficiaire d’IDE sur le continent, bien que les flux d’investissement vers ce pays aient diminué de 14%, descendant à 3,7 milliards de dollars.

L’Ouganda, à la 8e place, a vu une hausse de 39% de ses IDE qui ont atteint 1,5 milliard de dollars grâce aux investissements dans les industries extractives. La Tanzanie (9e) a bénéficié d’environ 1,1 milliard de dollars, soit plus 8% par rapport à l’année précédente.

En Afrique de l’Ouest, le Nigeria, qui ne fait pas pas partie du top-ten cette année, a vu les flux d’IDE devenir négatifs à -187 millions de dollars en raison de désinvestissements de capitaux. Les nouveaux projets annoncés ont toutefois fait augmenter le taux d’IDE de 24%, pour atteindre 2 milliards de dollars.

Les flux vers le Sénégal, 4e d’Afrique, sont restés stables, revenant à 2,6 milliards de dollars.

Les IDE vers le Ghana, 7e de ce classement, ont chuté de 39%, à 1,5 milliard de dollars, précise le rapport.

Au centre du continent, les IDE en République démocratique du Congo (RDC) sont restés stables à 1,8 milliard de dollars, soutenus par les flux vers les champs pétroliers et miniers offshore.

Selon cette étude, les flux vers les pays émergents notamment africains, ont augmenté de 4%, bien que répartis de manière inégale sur le continent. En 2022, les investissements vers les pays d’Afrique se sont élevés à 45 milliards de dollars, contre le record de 80 milliards de dollars enregistrés en 2021 et représentant à l’époque 3,5% des IDE mondiaux.

Six des 15 principaux mégaprojets d’investissement prévus en 2022 d’une valeur de plus de 10 milliards de dollars se trouvaient en Afrique, relate le rapport. Le nombre d’annonces de nouveaux projets en Afrique a augmenté de 39% pour atteindre 766 annonces au total.

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