«Le mouvement [Hamas] a livré sa réponse aux frères du Qatar et aux médiateurs. Nous nous approchons de la conclusion d’un accord de trêve», a déclaré mardi 21 novembre le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, dans un bref message en arabe envoyé par son bureau à l’AFP.
Selon des sources au sein du Hamas et du Jihad Islamique, second groupe islamiste armé palestinien, les deux mouvements ont bien accepté un accord dont les détails doivent être annoncés par le Qatar et les médiateurs. Le gouvernement israélien n’a pas réagi dans l’immédiat à ces déclarations.
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, avait rencontré la veille au soir des dirigeants du Qatar ainsi qu’I. Haniyeh, basé dans l’émirat du Golfe, afin d’« avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza ». Si le CICR a assuré ne pas participer à ces pourparlers, il a insisté dans un communiqué pour que ses « équipes soient autorisées à rendre visite aux otages afin de s’assurer de leur bien-être et pour leur administrer des médicaments, et afin que les otages soient en mesure de communiquer avec leurs familles ».
Les négociations en vue de la libération des otages sont en « phase finale », a déclaré le 21 novembre le ministère des Affaires étrangères du Qatar. « Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord », a déclaré Majed Al-Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Et à un journaliste qui lui demandait : « Est-ce qu’un accord de libération des otages est proche ? », le président américain Joe Biden a répondu à Washington: « Je crois. »
Les soldats écartés
Deux sources proches du dossier ont indiqué mardi à l’AFP que les pourparlers portaient sur un accord portant sur la libération de « 50 à 100 » otages en échange de la libération de 300 prisonniers palestiniens en Israël, dont des enfants et des femmes. Le transfert se ferait par étape à raison de « dix » otages israéliens contre « trente » prisonniers palestiniens par jour et comprendrait l’entrée de nourriture, d’aide médicale et de carburant et surtout une « trêve humanitaire de cinq jours renouvelable ». Mais Israël insiste sur le « regroupement familial » – ce qui signifie que si un civil était libéré, son partenaire le serait également, même s’il était soldat –, ce que le Hamas, opposé à la libération de militaires, refuse pour le moment, selon ces deux sources.
Des proches des otages ont rencontré le 20 novembre au soir le Premier ministre israélien et son « cabinet de guerre », sous pression pour ramener les quelque 240 otages en Israël. « Récupérer nos otages est une tâche sacrée et suprême et je m’y engage », a déclaré Benjamin Netanyahou sur le réseau social X après cette rencontre, sans lever le voile sur les pourparlers et disant avoir échangé « à cœur ouvert » avec les familles. « Nous n’arrêterons pas les combats tant que nous n’aurons pas ramené nos otages chez eux, détruit le Hamas et veillé à ce qu’il n’y ait plus de menaces venant de Gaza », a-t-il ajouté.
L’armée a indiqué dans la nuit que ses soldats « continuaient de combattre » dans le nord de la bande de Gaza alors que des sources palestiniennes faisaient état de tensions à l’hôpital indonésien, cible la veille de frappes israéliennes ayant tué « 12 patients et leurs proches » et fait « des dizaines de blessés », selon le Hamas. Le mouvement islamiste ne cesse de répéter qu’Israël mène « une guerre contre les hôpitaux » de Gaza, dont la quasi-totalité dans le nord du territoire ne fonctionne plus.
Israël accuse de son côté le Hamas de se servir des hôpitaux à des fins militaires et d’utiliser les civils qui s’y trouvent comme des « boucliers humains », ce que le mouvement palestinien récuse. Retno Marsudi, cheffe de la diplomatie indonésienne, a condamné cette « attaque israélienne […] qui a tué de nombreux civils et est une violation claire du droit humanitaire international ».
D’après l’ONU, près d’1,7 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre à un « siège complet » par Israël, qui bloque les livraisons de nourriture, d’eau, d’électricité et de médicaments.