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L’armée sioniste sommée de marcher sur Rafah : Le génocide en marche prendra une autre dimension

La journée de samedi ne déroge pas à la guerre israélo-palestinienne. Des témoins ont fait état très tôt de frappes dans les environs de Rafah, ville désormais peuplée par au moins 1,4 million de Palestiniens, plus de la moitié de la population de la bande de Gaza, en proie à un rouleau compresseur sioniste qui prend les formes de génocide.
L’armée sioniste sommée de marcher sur Rafah : Le génocide en marche prendra une autre dimension

Depuis Gaza, le ministère de la Santé a dénombré dans la soirée et la nuit 110 morts, dont 25 dans des frappes à Rafah, et fait état de « combats intenses » samedi 10 février dans l’hôpital Nasser de Khan Younès. Son dernier bilan évalue à 28 064 martyrs, en majorité des femmes, enfants et adolescents, tombés sous les balles israéliennes dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Comme il fait état de 67 611 blessées. Plus, le directeur des enquêtes de Rafah, Ahmed Al-Yaqoubi, son adjoint, Ayman Al-Rantisi, et le chef du département des enquêtes sur les approvisionnements, Ibrahim Shatat sont tombés en martyre suite à un bombardement israélien visant leur véhicule. On signale par ailleurs que 4 déplacés ont succombé à un bombardement israélien visant les cours du complexe médical Nasser, à Gaza. La veille, les forces israéliennes avaient pris d’assaut l’autre grand hôpital de cette ville, al-Amal. Des médias israéliens faisaient état de violents affrontements dans le nord, le centre et le sud de la bande de Gaza entre l’armée israélienne et les factions palestiniennes.

Après Gaza City, puis Khan Younès, Israël vise désormais une opération au sol dans cette ville jouxtant l’Égypte, à l’extrême sud de la bande de Gaza, dans le cadre de son offensive militaire contre le Hamas. Après avoir ordonné le 7 février à l’armée de préparer une offensive sur Rafah, le Premier ministre israélien lui a demandé le 9 février de lui soumettre un « plan combiné » d’« évacuation » des civils de Rafah et de « destruction » de la résistance palestinienne dans cette ville. « Il est impossible d’atteindre l’objectif de la guerre sans éliminer le Hamas et en laissant quatre bataillons du Hamas à Rafah », et cela requiert que « les civils évacuent les zones de combat », a entonné Benyamin Netanyahu.

Le bureau médiatique de Gaza a mis en garde contre une catastrophe mondiale et un massacre qui pourraient faire des dizaines de milliers de martyrs et de blessés en cas d’invasion du gouvernorat de Rafah. le Maire de Rafah a ajouté que toute action militaire dans la ville peuplée de plus de 1,4 million de Palestiniens entraînera un massacre et un bain de sang. « Nous sommes confrontés à la famine et à une grande soif en raison du manque d’approvisionnements », a-t-il relevé tout en ajoutant que l’aide entrant par le passage de Rafah ne suffit qu’à 10 % de la population de la ville.

A Rafah, dans la journée du 9 février, plusieurs bâtiments ont été détruits, selon des photographes de l’AFP. Dans un quartier, des personnes ont été vues en train de porter les corps de trois enfants tués dans un bombardement. « Forcer plus d’un million de Palestiniens déplacés à Rafah à évacuer à nouveau sans trouver un endroit sûr où aller serait illégal et aurait des conséquences catastrophiques », a déclaré dans la nuit Nadia Hardman, spécialiste des droits des migrants et des réfugiés pour Human Rights Watch. « Il n’y a aucun endroit sûr à Gaza. La communauté internationale doit prendre des mesures pour prévenir de nouvelles atrocités », a-t-elle ajouté, alors que l’ONU et même les États-Unis, principal allié d’Israël, ont fait état de craintes pour les civils sur place. « Mener une telle opération maintenant (à Rafah) sans planification et sans réflexion dans une zone abritant un million de personnes serait un désastre », a prévenu cette semaine le département d’État US. Dans une rare critique à l’égard d’Israël depuis le début, il y a quatre mois, de la guerre entre Israël et le Hamas, le président américain a jugé « excessive » la « riposte dans la bande de Gaza » à l’attaque du 7 octobre. La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée ce jour-là par des commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza dans le sud d’Israël, qui a fait plus de 1 160 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes. En représailles, Israël a juré de « détruire » le Hamas et lancé une vaste offensive au grand dam de la population civile.

Au cours de l’attaque, environ 250 personnes ont également été enlevées et emmenées à Gaza. Une trêve d’une semaine en novembre dernier avait permis la libération de plus d’une centaine d’otages en échange de quelque 240 prisonniers palestiniens en Israël. De nouvelles négociations entre les médiateurs qatari et égyptien et le Hamas, lancées le 8 février au Caire pour tenter de parvenir à un accord de trêve incluant un échange de prisonniers palestiniens et d’otages, ont pris fin le 9 février, a indiqué à l’AFP un responsable du Hamas. « La délégation du Hamas a quitté Le Caire », a indiqué ce responsable en disant, sans autres précisions, « attendre une réponse d’Israël ».

Selon le site Axios, le patron de la CIA est attendu mardi en Égypte pour tenter d’arracher une nouvelle pause dans les combats et la libération des otages à Gaza.

L’entité israélienne a vu son rating baisser auprès de Moody’s de A1 à A2, en raison des contrecoups « du conflit en cours avec le Hamas » qui « augmentent » le risque politique pour le pays et « affaiblissent » ses institutions ainsi que sa « solidité budgétaire ». Avigdor Lieberman, ex-ministre israélien des Finances, aujourd’hui député de l’opposition, a attribué sur le réseau social X cette décision à des mesures « populistes » du gouvernement d’extrême droite dont le budget ne comporte aucune « mesure de croissance ». Selon l’agence financière Bloomberg, il s’agit de la toute première fois qu’Israël connaît une dégradation de sa note à long terme.

Effondrement humanitaire

Les réserves alimentaires dont dépend Gaza ont diminué par rapport à leur niveau d’avant-guerre, et les travailleurs humanitaires ont signalé des signes visibles de famine, en particulier dans les zones du nord et du centre de Gaza, les plus touchées par la guerre depuis le 7 octobre. Les mesures de la circonférence des bras de milliers de jeunes enfants et de nourrissons ont révélé que 9,6 % d’entre eux souffraient de malnutrition aiguë, soit douze fois plus qu’avant la guerre, selon une note du bureau humanitaire des Nations unies (OCHA).

L’organisation internationale à but non lucratif Project HOPE indique qu’environ 15 % des femmes enceintes qu’elle a examinées dans sa clinique de Deir Al-Balah, au centre de Gaza, la semaine dernière, souffraient de malnutrition. Elle a également signalé une augmentation des cas d’anémie, ou de carence en fer, qui peuvent entraîner des naissances prématurées et des hémorragies post-partum. Santosh Kumar, son directeur médical, qui est rentré de Gaza la semaine dernière, a expliqué que lui et son équipe s’étaient limités à un repas par jour par solidarité avec les Gazaouis. « Les gens sont affamés, ils ont perdu toute dignité », a-t-il confié à l’agence Reuters. « Des gens m’ont dit : ‘Les morts ont plus de chance.’ » Dans le nord de la bande de Gaza, le taux était de 16,2 %, soit une personne sur six.

Depuis quelques semaines, les camions d’aide acheminant des vivres sont régulièrement pris d’assaut par des foules affamées et n’arrivent pas aux hôpitaux auxquels ils sont destinés, d’après les travailleurs humanitaires. L’organisation caritative ActionAid a indiqué que certains habitants de Gaza mangeaient de l’herbe. « Chaque habitant de Gaza souffre désormais de la faim et les gens ne disposent que de 1,5 à 2 litres d’eau insalubre par jour pour subvenir à tous leurs besoins », a précisé l’organisation.

L’organisation caritative Islamic Relief a cité les propos d’un membre de son personnel à Gaza : « Mes enfants et moi n’avons pas mangé de fruits ou de légumes depuis des mois, et les gens se font tuer quand ils essaient de se rapprocher des camions d’aide qui entrent [dans l’enclave]. »

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