Lors d’une rencontre de trois jours tenue à Genève, les principaux cadres de l’Unmas, service onusien en charge de la lutte anti-mines, ont devisé sur Gaza.
Charles « Mungo » Birch est le responsable pour la zone palestinienne présentée comme l’endroit le plus contaminé au monde par les explosifs. « On estime qu’il y a 37 millions de tonnes de gravats à Gaza. Pour vous donner une idée, c’est plus qu’en Ukraine. Avec 100 camions, il faudrait 14 ans pour tout débarrasser. Et c’est sans compter le temps qu’il faudra pour éliminer les restes explosifs de guerre et les autres dangers dans les gravats comme l’amiante. Il y en aurait 800 000 tonnes dans les débris. ».
Bombes aériennes, obus d’artilleries, mortiers côté israélien, débris de roquettes et mines improvisées du côté de la résistance palestinienne, le sol est truffé de restes explosifs de guerre. Et ils s’accumulent au fil des jours.
L’Unmas n’a que 12 employés à Gaza. Un autre responsable de l’agence onusienne, Pehr Lodhammar, parle d’expérience. Il a déjà géré le même type de problème en Irak « mais à une échelle moindre ». Il a notamment travaillé à Mossoul, où il fallait déblayer 7 millions de tonnes de débris et de gravats, a-t-il précisé. Selon lui, « 65% des bâtiments détruits sont des immeubles d’habitation » sur l’étroit territoire palestinien.
« Pour le moment, ce qu’on fait, c’est qu’on accompagne les convois humanitaires qui vont au nord de Gaza, poursuit C. Birch. Mais on ne détruit pas de restes explosifs de guerre, on n’a pas le matériel pour ça parce que c’est compliqué de le faire rentrer à Gaza. C’est considéré comme du matériel à double usage : il pourrait être employé à des fins militaires. »
Pour les démineurs, la guerre a réduit à néant des années de travail. Avant le 7 octobre, l’Unmas avait presque terminé de neutraliser les bombes du dernier conflit en 2021. Pas de quoi chômer, en somme…