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Intifada estudiantine : Le mouvement s’étend au-delà de l’Amérique

Telle une trainée de poudre, le mouvement estudiantin propalestinien qui a démarré dans les campus américains, en signe de protestation contre l’alignement de l’administration US sur la guerre génocidaire d’Israël, s’étend au-delà des frontières US. Au Mexique, la plus prestigieuse Université du pays, proteste. Au même titre que celles de la Suisse ou encore de l’Irlande.
Intifada estudiantine : Le mouvement s’étend au-delà de l’Amérique

Les activistes anti-Israël de l’Université du Vermont ont remporté une victoire lorsque l’administration a annoncé que l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, qui avait prononcé le discours de remise des diplômes, ne le ferait plus ce mois-ci. Les manifestants, qui ont érigé un campement dimanche, avaient demandé que le discours de l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield soit retiré de la prochaine cérémonie en raison de son rôle dans le veto opposé à de multiples résolutions de l’ONU sur la trêve qui ne contenaient aucune mention ni aucun lien avec un accord pour que le groupe terroriste palestinien du Hamas libère les otages qu’il a enlevés le 7 octobre.

Les administrateurs de l’Université de Californie (UC), Riverside, ont également annoncé avoir conclu un accord avec les manifestants propalestiniens pour fermer leur campement anti-Israël sur le campus. L’accord comprend la formation d’un groupe de travail chargé d’étudier la possibilité de retirer la dotation de Riverside de la gestion de l’ensemble du système de l’UC et d’investir ces fonds « d’une manière qui soit financièrement et éthiquement saine pour l’université, en tenant compte des entreprises impliquées dans la fabrication et la livraison d’armes ». Cette annonce marque une rupture apparente avec la politique du système UC, qui compte dix campus et qui, la semaine dernière, a déclaré qu’il s’opposait aux « appels au boycott et au désinvestissement d’Israël ».

Le groupe Students for Justice for Palestine (SJP) appelle l’Université de Santa Cruz (UCSC) à boycotter les organisations communautaires israéliennes et juives, dans une liste de « demandes » publiée samedi sur les réseaux sociaux. Dans son appel à un « boycott académique complet », SJP demande à l’université californienne de « couper les liens avec toutes les organisations sionistes – y compris les programmes d’études à l’étranger, les bourses, les séminaires, les collaborations en matière de recherche et les universités. Couper les liens avec la Fondation Hellen Diller, la Fondation Koret, l’Institut israélien et Hillel International ». Les organisations juives locales ont qualifié cette demande d’antisémite. « Trois des quatre organisations citées dans la demande de boycott universitaire par les activistes du campement de l’UCSC sont des associations caritatives et des groupes communautaires juifs », a relevé Bay Area JCRC sur X. « Ce sont des piliers de la communauté juive. Il ne s’agit pas seulement de s’opposer aux actions d’Israël à Gaza, mais cela semble viser les institutions juives, révélant un antisémitisme sous-jacent », a ajouté le groupe juif.

Le message du SJP demande également à l’université de se désinvestir des entreprises de fabrication d’armes, de « mettre fin à la répression ciblée et au maintien de l’ordre dans les activités de défense des droits des Palestiniens sur le campus » et de « rompre tous les liens » avec le Département de police de Santa Cruz. Elle demande également que l’université appelle à un cessez-le-feu à Gaza et à « la fin de l’occupation [présence israélienne] et du génocide en Palestine ».

Au Mexique, des dizaines d’étudiants de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont dressé un camp jeudi à Mexico en solidarité avec les manifestations d’étudiants aux Etats-Unis. Les manifestants ont installé des tentes et des drapeaux palestiniens devant le siège de l’université à Mexico, où ils ont scandé « Vive la Palestine libre ! » et « De la rivière à la mer, la Palestine vaincra ! ». Ils ont notamment demandé au gouvernement mexicain de rompre les relations diplomatiques et commerciales avec Israël.

Le même jour, une centaine d’étudiants ont occupé le hall d’entrée du bâtiment Géopolis de l’Université de Lausanne (UNIL) et exigent un boycott académique des institutions israéliennes et un cessez-le-feu immédiat et permanent, rapporte l’agence de presse Keystone-ATS. Cette action « suit l’exemple des mobilisations sur les campus au Canada, aux États-Unis ou encore en France », expliquent les organisateurs dans un communiqué. Des drapeaux palestiniens ont été posés à même le sol, d’autres suspendus en hauteur. L’occupation se déroulait de manière pacifique, selon un journaliste de l’agence. « Notre action est spontanée et n’a ni chef ni dirigeant. Les personnes qui occupent le bâtiment universitaire refusent d’être complices du génocide colonial perpétré par le régime d’apartheid israélien. Nous appelons tout le monde à nous rejoindre et aux membres d’autres universités et hautes écoles à se mobiliser également », écrivent les participants dans leur communiqué.

Frédéric Herman, recteur de l’UNIL, s’est rapidement rendu sur place pour discuter un moment avec quelques étudiants. Aucune décision n’a été prise dans l’immédiat quant aux revendications. Le recteur a demandé un délai de réflexion jusqu’en début de semaine prochaine, selon Géraldine Falbriard, porte-parole, qui assure que l’UNIL  a donné la garantie qu’il n’y aurait aucun contrôle d’identité des participants ni aucune sanction contre eux. Ils ne seront pas délogés non plus. « Tout se passe de manière respectueuse », a-t-elle dit.

Interrogé aussi par l’agence de presse, un étudiant a salué l’instauration du dialogue avec F. Herman. « C’est exactement ce que nous voulions et de manière pacifique », a expliqué Elyes Hammami. Selon lui, l’occupation devrait se poursuivre jusqu’à la prise en compte des revendications du mouvement, et donc a priori au moins jusqu’à lundi. Quelques dizaines de manifestants se préparaient d’ailleurs à passer la nuit sur place.

A Dublin, des étudiants de la prestigieuse université Trinity College ont installé un campement sur le campus de l’établissement pour protester contre l’offensive militaire israélienne à Gaza, bloquant samedi l’entrée d’un bâtiment qui attire habituellement de nombreux touristes. Les manifestants ont décrit leur mobilisation comme un « campement en solidarité avec la Palestine », sur fonds de multiplication de ces mobilisations en Europe et aux États-Unis. Ils sont plusieurs dizaines à avoir installé des tentes vendredi soir dans plusieurs endroits du campus, plaçant des bancs devant la bibliothèque qui contient « le Livre de Kells », célèbre manuscrit médiéval que les touristes viennent voir nombreux dans la capitale irlandaise.

Laszlo Molnarfi, président du syndicat étudiant TCDSU de l’université, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l’université de couper ses liens avec Israël. « Un campement non autorisé de BDS (mouvement qui appelle au boycott d’Israël) est présent à Trinity », a indiqué l’établissement dans un communiqué. « Pour assurer la sécurité, l’accès au campus sera restreint aux étudiants, personnels, résidents et membres du département des sports, a-t-il ajouté, prévenant que l’accès des visiteurs serait interdit samedi. « Même si Trinity soutient le droit des étudiants à manifester, les manifestations doivent se tenir dans le cadre des règles de l’université », a encore indiqué l’établissement. L’opposition à l’intervention militaire d’Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue.

Le gouvernement lui-même est très critique vis-à-vis de l’attitude du gouvernement israélien depuis le 7 octobre. Simon Harris, nouveau Premier ministre, s’est dit prêt mi-avril à reconnaître un État palestinien, y voyant un moyen de contribuer au processus de paix au Moyen-Orient. En février, le gouvernement irlandais avait demandé à la Commission européenne, aux côtés de l’Espagne, de vérifier si Israël respectait bien les droits humains à Gaza. Plus de 400 artistes irlandais avaient appelé dans une lettre commune à boycotter le concours international de chanson de l’Eurovision en raison de la participation d’Israël.

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