Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a accusé jeudi le Hamas d’avoir fourni de bonnes raisons à Israël pour attaquer la bande de Gaza, en proie à une guerre meurtrière depuis plus de sept mois. « L’opération militaire menée unilatéralement par le Hamas ce jour-là, le 7 octobre, a donné à Israël davantage de prétextes et de justifications pour attaquer la bande de Gaza, tuant, détruisant et déplaçant des centaines de milliers de personnes », a déclaré M. Abbas, lors du sommet de la Ligue arabe à Bahreïn. Oubliant au passage que l’enclave palestinienne est soumise à un embargo depuis des lustres. « Le Chairman » de la Moqataa ne fait qu’alimenter les tensions inter-palestiniennes alors que la Russie, comme la Chine, puissances capables de prendre le contre-pied de la Pax Americana déjà éprouvée, appellent au resserrement des rangs palestiniens. Plus, M. Abbas qui met sur le même pied la quête d’argent destiné à l’Autorité palestinienne et la fluidification de l’aide humanitaire aux Gazaouis, livre de lui l’image d’un leader déconnecté des réalités sur lesquelles il n’a aucune prise. Lui qui veille toujours à ce que la coopération sécuritaire avec l’occupant soit maintenue.
Devant pareil échec, faut-il dès lors s’étonner de voir Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, annoncer jeudi que des troupes supplémentaires allaient participer aux combats au sol à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ? « L’activité (militaire) va s’intensifier », a-t-il promis la veille, mercredi 15 mai, lors d’une visite sur le terrain dans la zone. Les capitales internationales s’alarment d’une opération terrestre d’ampleur dans cette localité à la frontière avec l’Égypte, où s’entassent des centaines de milliers de civils, habitants et déplacés poussés là par les combats. Encore faut-il ajouter que sans la fin de la bénédiction américaine dont s’énorgueillit l’establishment sioniste, nul n’est capable d’avoir prise sur le réel pour le changer. A l’exception de la résistance qui opère sur le terrain. Celle-là même qui attaque sans discontinuer les lignes arrière des forces d’invasion à l’est de la ville de Jabalia et font exploser bulldozers, chars et transports de troupes sionistes. Les Brigades d’Al-Qassam, de concert avec les Brigades d’Al-Qods, réalisent l’impossible face à l’armée israélienne donnée comme la plus puissante dans la région arabe. Les divisions israéliennes engagées dans le quartier Al-Zaytoun se sont retirées après avoir subi des pertes au cours de six jours de combats intenses. Aujourd’hui, de dures batailles ont court dans la zone de Jabalia qui dessine déjà les contours d’une nouvelle épopée de la résistance palestinienne.
Certes, la population civile subit toujours la barbarie sioniste qui nourrit l’ire internationale depuis le 7 octobre. Le ministère de la Santé a notifié d’autres massacres qui ont fait une quarantaine de martyrs supplémentaires qui s’ajoutent aux milliers d’autres ensevelis sous les bombes US.
Face à ces développements, Ismaël Haniyeh, leader de la branche politique du Hamas, a insisté à la veille du sommet de Manama sur le fait qu’il n’y aura pas de règlement du conflit à Gaza sans la présence du Hamas. Et rappelé ses objectifs, à savoir le retrait des forces israéliennes de Gaza, un cessez-le-feu permanent et la libération des prisonniers.
Le chef du Hamas a déclaré au 223e jour de la guerre à Gaza que son mouvement déciderait avec d’autres factions palestiniennes de la gouvernance à Gaza après la guerre israélienne. « Nous disons que le Hamas est là pour durer (…) et ce sera au mouvement et à toutes les factions nationales (palestiniennes) de décider de la gouvernance après-guerre à Gaza », a déclaré I. Haniyeh dans un discours télévisé.
Il a également déclaré que l’issue des pourparlers sur un cessez-le-feu était incertaine car Israël « insiste pour occuper le point de passage de Rafah et amplifier son agression » dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre. « La persistance de l’ennemi sur place et son insistance à occuper le terminal de Rafah ont placé les négociations dans une destin inconnu », a-t-il renchéri.
I.Haniyeh a aussi condamné « la position américaine qui continue de s’aligner du côté de l’ennemi et continue de fournir un soutien politique et une couverture à la guerre génocidaire contre notre peuple ». « Nous sommes convaincus que cette agression sera brisée, quel que soit le temps qu’elle prendra », a-t-il par ailleurs affirmé. A l’adresse des prisonniers palestiniens dans les geôles de l’occupation, il a assuré que « le Déluge d’Al-Aqsa leur apportera la liberté ». Concernant les manifestations estudiantines favorables à la cause palestinienne dans de nombreuses universités occidentales, le leader du Hamas a salué « le mouvement des étudiants à travers le monde en faveur de la cause palestinienne face à l’entité usurpatrice ». Pour I. Haniyeh, « Gaza est devenue une icône pour la jeunesse du monde dans tous les mouvements, a fait tomber le récit sioniste, a révélé la vérité sur cet occupant et sa nature sanglante, a uni à nouveau la nation autour de la Palestine, a incarné l’unité des fronts ».
Le chef du Hamas a en outre salué « les fronts de résistance au Liban, au Yémen, en Irak et en Iran qui enregistrent des exploits en or ». Il a également salué « le mouvement sans précédent des étudiants du monde entier qui ont agi en faveur de la cause palestinienne face à l’entité usurpatrice ».
L’armée d’occupation israélienne a fait état mercredi 16 mai de cinq morts et huit blessés dans un « tir ami », suite à une frappe d’un char qui avait ciblé un bâtiment en pensant que des combattants du Hamas s’y trouvaient. D’après le ministère israélien des Affaires étrangères, 279 soldats sionistes auraient perdu la vie depuis le début de l’opération terrestre à Gaza le 27 octobre.
Dans un podcast de Dan Senor diffusé le 12 mai, Benjamin Netanyahou a indiqué que 14 000 combattants avaient été tués et probablement « environ 16 000 civils ». « Même si nous sommes confrontés à un ennemi particulièrement cynique, nous avons réussi à maintenir le ratio civils/combattants tués », a insisté le chef du gouvernement ultra sioniste. Le 10 avril dernier, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, avait déjà assuré que « d’un point de vue militaire, le Hamas est vaincu. Ses combattants sont éliminés ou se cachent. »