Le même journal a précisé que Washington discute de ce projet avec l’Egypte, les Emirats arabes unis et le Maroc qui étudient l’initiative, alors que Biden n’envisage pas de mobiliser des forces US à Gaza. « Les Etats arabes ont dit qu’elles devraient être dirigées par les Etats-Unis, celles-ci essaient de trouver un moyen de le faire sans avoir de forces sur le terrain », a déclaré un responsable occidental au média américain. Selon lui, « trois pays ont tenu des négociations préliminaires, notamment l’Egypte, les Emirats arabes unis et le Maroc, mais ils souhaitent que Washington reconnaisse d’abord l’Etat palestinien ».
Redoutant d’être taxées de complicité avec d’Israël, d’autres Etats de la région, dont l’Arabie saoudite, ont rejeté l’idée de déployer leurs forces, par crainte que la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas depuis 2007, ne sombre dans le chaos insurrectionnel. Une autre source a déclaré au journal que Washington essayait de « créer une dynamique en faveur d’une force stabilisatrice, mais la politique américaine est largement ferme quant au fait de ne pas avoir de forces américaines sur le terrain ».
Le journal souligne que la position d’Israël n’est pas claire à ce sujet. Les Etats-Unis et leurs alliés restent incertains quant aux intentions du Premier ministre Benjamin Netanyahu sur cette guerre, notamment quant à la durée pendant laquelle Tel-Aviv prévoit de maintenir ses forces dans la bande de Gaza. Dans ce processus, les questions se posent également qui serait accepté comme responsable par l’exécutif israélien d’extrême droite, et combien de temps les offensives de l’occupation se poursuivront encore dans la région.
Antony Blinken, chef de la diplomatie US a révélé, dimanche, lors de l’émission « Face the Nation » de CBS, que Washington travaillait « depuis de nombreuses semaines sur l’élaboration des plans crédibles en matière de sécurité, de gouvernance et de reconstruction » avec les Etats arabes et d’autres alliés. « Nous n’avons pas vu cela émaner d’Israël », a-t-il ajouté. Un porte-parole du Département d’Etat a déclaré que les Etats-Unis avaient eu des discussions «avec les partenaires de la région concernant Gaza après le conflit» et que beaucoup partageaient « la volonté de jouer un rôle constructif lorsque les circonstances le permettront ». Ajoutant qu’« il y aura un besoin continu d’intensification des efforts de la part des pays, pour soutenir la gouvernance, la sécurité et les efforts humanitaires à Gaza ».
Quant à B. Netanyahu, il insiste sur le fait qu’Israël maintiendra la sécurité générale de la bande de Gaza. Il rejette fermement que l’Autorité palestinienne, soutenue par l’Occident et les Etats arabes, joue un quelconque rôle dans cette gestion. En outre, le Premier ministre israélien rejette fermement toute dynamique visant à établir un Etat palestinien. Certains responsables israéliens, comme Yoav Galant, ministre de la Défense, ont exprimé leur soutien à l’idée d’une présence internationale à Gaza après la guerre. Mais l’opacité de la position d’Israël nourrit l’incertitude quant à tout scénario d’après-guerre.
Cité par le Financial Times, le responsable occidental a déclaré que « dans le déni, Israël refuse de discuter avec qui que ce soit de cette question », soulignant que « les pays arabes disent que l’Occident doit reconnaître l’Etat palestinien, mais très peu de grands pays occidentaux y sont vraiment disposés ».
Un responsable arabe a quant à lui déclaré que les Etats-Unis avaient évoqué l’idée de créer une force de maintien de la paix avec leurs partenaires régionaux et qu’il existait également des divergences entre les pays arabes sur les plans post-conflit. Mais le plus gros problème, dit-il, est que « personne ne sait de quoi demain sera fait ».
Pour sa part, le responsable occidental a indiqué que les Nations unies avaient préconisé le maintien des forces de police existantes à Gaza pour assurer une certaine stabilité, avec la possibilité d’une participation des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne. Pour autant, « la question est très difficile, vu les contraintes liées aux capacités limitées et la nécessité d’approbation du Hamas ».
B. Netanyahu a provoqué la consternation des capitales arabes, après avoir déclaré « ne pas pouvoir aider un gouvernement à Gaza ». Cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyan, ministre émirati des Affaires étrangères, a rétorqué la semaine dernière, affirmant que le Premier ministre israélien « n’avait aucun statut juridique pour prendre cette initiative ». Il a souligné qu’Abou Dhabi était « prête à soutenir un gouvernement palestinien, qui répond aux espoirs et aux aspirations du peuple palestinien, y compris l’indépendance ».
Le chef de la diplomatie émiratie a insisté sur le refus de son pays « de se laisser entraîner dans un quelconque plan visant à couvrir la présence israélienne dans la bande de Gaza ».
Ehud Barak, ex-Premier ministre israélien, a déjà proposé au lendemain du 7 octobre que la bande de Gaza soit cédée à une force arabe de maintien de la paix. Selon lui, celle-ci serait composée du Maroc et d’autres Etats arabes ayant des relations diplomatiques avec Israël.