Au cours de la nuit « les systèmes de défense aérienne en service ont détruit et intercepté 50 drones ukrainiens », a déclaré samedi matin le ministère russe de la Défense sur Telegram. 26 l’ont été dans la région de Belgorod, 10 dans celle de Briansk et 8 dans celle de Koursk, selon le décompte du ministère. Les régions de Toula, Kalouga, Moscou, Riazan et Smolensk ont également été concernées.
Dans un rapport hebdomadaire publié le 19 avril, l’armée russe annonçait avoir abattu 1278 drones depuis le 13 avril. La Défense russe annonce quotidiennement la destruction de drones ukrainiens sur le territoire russe depuis le début de l’opération militaire spéciale. Les forces de Kiev y recourent pour frapper l’arrière des lignes russes, tant par les airs que par voie maritime. Une méthode d’attaque adoubée par les puissances occidentales, qui ont apporté leur soutien financier et matériel pour permettre à l’Ukraine d’acquérir et produire davantage de drones.
Ces attaques font des victimes dans la population russe. Ce 20 avril à Belgorod, le gouverneur régional annonçait la mort de deux civils dans le village de Poroz frontalier de l’Ukraine. « Un fragment d’obus a grièvement blessé une femme enceinte qui passait dans la rue au moment du bombardement », a relaté le responsable régional, dans un message publié sur sa chaine Telegram. « Les médecins ont fait tout leur possible pour sauver la mère et l’enfant mais, à notre grand regret, la femme et le bébé à naître sont morts de leurs blessures », a-t-il ajouté. Trois autres personnes ont été blessées dans ce bombardement.
Au cours des dernières heures, le gouverneur de Belgorod a également fait état d’attaques ukrainiennes menées à l’aide de drones contre les villages d’Istobnoïé, de Dronovka ainsi que contre un camion circulant sur l’axe routier Oktiabrsky–Bessonovka, sans faire de victime. Depuis le début de l’année, les frappes ukrainiennes dans les régions frontalières russes ont été particulièrement meurtrières. 201 civils y ont été tués depuis le mois de janvier, selon le décompte du ministère russe des Affaires étrangères du 5 avril.
Lors d’une interview ce 19 avril, Sergueï Lavrov a déclaré que les forces russes ne cesseraient pas le combat durant d’éventuelles négociations sur la résolution du conflit ukrainien. Il a également souligné l’absence de confiance des autorités russes dans la parole de Kiev. « Nous sommes absolument sûrs qu’il faut continuer cette opération militaire spéciale », a déclaré vendredi S. Lavrov, lors d’une interview accordée aux stations de radio Komsomolskaïa Pravda, Sputnik et Govorit Moskva. Assurant que la Russie demeurait ouverte aux pourparlers – « ce ne sont pas des paroles creuses », a insisté à cet égard le ministre russe des Affaires étrangères –, il a toutefois estimé que « les discussions avec Zelensky » étaient « privées de sens ». Le chef de la diplomatie russe a également fait part du manque de confiance dans la parole des autorités ukrainiennes, soulignant par ailleurs que Volodymyr Zelensky s’était « interdit toutes négociations » avec Moscou, en référence à un décret signé en octobre 2022 interdisant toute négociation entre Kiev et Vladimir Poutine. « Nous avons dit que nous étions prêts à négocier, mais contrairement à l’histoire d’Istanbul, nous ne ferons aucune pause dans les hostilités durant les négociations », a ajouté le ministre russe. Avant d’insister : « Le processus doit se poursuivre. »
S. Lavrov a également réitéré que Moscou s’assurerait que les « nouvelles réalités » du terrain soient prises en considération lors de futures négociations. « J’entends non seulement la dislocation de la ligne de contact, mais également la présence d’amendements à la Constitution, la présence de quatre régions nouvelles », a-t-il encore précisé.
Fin mars 2022, dans le cadre de ces négociations à Istanbul, qui auraient pu aboutir à la cessation des hostilités en échange de garantie sur la neutralité de l’Ukraine, la défense russe avait annoncé « réduire considérablement l’activité militaire » dans les secteurs de Kiev et Tchernigov.
Le ministre russe a également taclé la position de Berne, les autorités suisses ayant organisé sur leur sol des conférences basées sur la formule de paix de V. Zelensky, à savoir les exigences de Kiev. Le prochain cycle est prévu à la mi-juin et ambitionne de mener à « une paix globale, juste et durable pour l’Ukraine ». « Nous ne devrions pas commencer par la formule Zelensky, nous devrions la mettre complètement de côté », a déclaré aux journalistes le ministre russe. Ces pourparlers, auxquels la Russie n’assistera pas, avaient été qualifiés de « projet des démocrates américains » par la diplomatie russe. Pour S.Lavrov, ils constituent une « route qui ne mène nulle part ».