Des affrontements ont éclaté mercredi en marge de rassemblements propalestiniens sur le campus de l’Université UCLA, à Los Angeles, selon des images retransmises par les télévisions US. La police de Los Angeles « a immédiatement répondu à l’appel (des autorités universitaires) pour de l’aide sur le campus », a écrit sur X un porte-parole de la ville.
De son côté, la police de New York était entrée, mardi soir, sur le campus de l’université Columbia, épicentre du mouvement propalestinien contre la guerre israélienne à Gaza aux Etats-Unis, afin de déloger manu militari les manifestants qui se barricadent dans un bâtiment depuis la nuit précédente. La situation à l’UCLA est la dernière escalade du mouvement de protestation aux États-Unis sur les campus américains contre la guerre génocidaire menée par Israël à Gaza, avec le soutien de l’administration Biden. Près de 40 institutions universitaires vibrent au rythme des mobilisations propalestiniennes. Les militants étudiants exhortent les universités et le gouvernement américain à rompre leurs liens avec Israël et à le contraindre à mettre fin aux hostilités.
La colère étudiante américaine se propage depuis deux semaines des grandes universités de la côte Est à celles de Californie en passant par le sud et le centre, rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam à la fin des années 1960.
Peu après 01H00 GMT mercredi, des dizaines de policiers sont entrés sur le campus de Columbia à Manhattan, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place. Quelques minutes plus tard, un camion de police avec une échelle s’est approché du bâtiment occupé, et des journalistes pouvaient voir des policiers grimper pour atteindre une fenêtre afin d’y pénétrer. Quelques dizaines de protestataires se sont barricadés depuis la nuit dernière dans un bâtiment, Hamilton Hall, que d’autres protégeaient grâce à une chaîne humaine, masques sanitaires sur le visage et keffiehs sur la tête.
Dénonçant une « escalade », Ben Chang, porte-parole de Columbia, a plus tôt menacé de les « renvoyer » de l’université en les accusant de « vandaliser, casser et bloquer les accès » du Hamilton Hall. Le bâtiment a été renommé « Hind’s Hall » par le groupe propalestinien « Columbia University Apartheid Divest », en hommage à une fillette de six ans tuée à Gaza. « Nous ne partirons pas », avait proclamé ce groupe, certains militants campant aussi sur une pelouse du campus. La présidence de Columbia avait commencé lundi à « suspendre » administrativement des étudiants qui refusaient de quitter ce « village » de tentes.
A six mois de la présidentielle dans un pays polarisé, le mouvement estudiantin inquiète la Maison Blanche. J. Biden, président du pays allié « indéfectible » d’Israël, a critiqué les tensions ravivées à Columbia, université privée qui forme l’élite. Avant un duel entre l’ex-président Donald Trump et le sortant J. Biden, qui a besoin du vote de la jeunesse, le chef républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson a dénoncé « l’illégalité et le chaos absolus sur les campus en Amérique ». Il a réclamé le départ de Minouche Shafik, présidente de Columbia.
Les manifestants propalestiniens exigent que leurs universités coupent les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël. Columbia refuse. Mais un autre campus d’élite du nord-est, Brown University à Providence dans le Rhode Island, a annoncé un accord avec les étudiants: démantèlement du campement contre un vote de l’université en octobre sur d’éventuels « désinvestissements de +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+ ».
A travers les Etats-Unis, les images de forces de l’ordre en tenue anti-émeute intervenant brutalement sur des campus ont fait le tour du monde. Depuis le week-end dernier, des centaines d’étudiants, enseignants, militants d’une vingtaine d’universités ont été interpellés, certains arrêtés en placées en détention. En Californie, la police « a fait évacuer » à l’aube deux bâtiments de l’université Cal Poly Humboldt et arrêté 35 personnes. A l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, un groupe d’étudiants a revendiqué avoir hissé un drapeau palestinien au centre du campus, avant que la police ne remette en place les couleurs des Etats-Unis, selon la presse. Ces nouvelles manifestations propalestiniennes aux Etats-Unis ont ravivé le débat électrique depuis octobre entre liberté d’expression et accusations de soi-disant antisémitisme.