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Crise afghane : Comment les Turcs tentent de tirer profite de la situation

Le président turc RecepTayyip Erdogan a affirmé dimanche que la Turquie ne pourrait endosser la responsabilité des pays-tiers vis-à-vis des Afghans ayant travaillé pour les institutions occidentales et qui attendent d’être évacués à la suite de la prise de pouvoir des Talibans.

«Nous avons reçu une demande pour accueillir des employés locaux d’une mission de l’Union européenne en Afghanistan. Les Etats-membres n’ouvrent leurs portes qu’à une infime part des gens qui les ont servi et qui sont en difficulté. (…) On ne devrait pas attendre de la Turquie d’endosser la responsabilité des pays-tiers», a déclaré R.T. Erdogan lors d’une conversation téléphonique avec le président du Conseil européen Charles Michel, selon un communiqué de la présidence turque.
Le chef de l’État turc a réitéré, au lendemain des propos similaires qu’il a tenu lors d’une conversation avec la chancelière allemande Angela Merkel, que «la Turquie, qui accueille déjà 5 millions de réfugiés, ne peut supporter un fardeau migratoire supplémentaire». C. Michel a de son côté affirmé sur Twitter avoir discuté avec R.T. Erdogan des «récents développements» en Afghanistan qu’il a qualifiés de «défi commun pour Turquie et l’UE». «Compréhension totale de la nécessité d’assurer l’évacuation en toute sécurité des ressortissants, du personnel local ainsi que des familles et de fournir un soutien aux Afghans vulnérables et aux communautés d’accueil dans la région», a-t-il déclaré.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait exhorté samedi tous les pays, en premier lieu les pays européens, à accueillir une partie des réfugiés afghans exfiltrés de Kaboul. R.T. Erdogan avait de son côté estimé samedi qu’il serait«irréaliste» pour l’UE d’avoir des attentes supplémentaires de la part de la Turquie en matière d’accueil des migrants tant que l’accord Turquie-UE n’est pas entièrement appliqué.
Ankara reproche régulièrement à l’UE de ne pas respecter cet accord signé en 2016 pour stopper l’afflux des migrants vers l’Europe et souhaite sa révision.
Le Président turc a réitéré son «intention» de sécuriser l’aéroport de Kaboul. Une volonté renouvelée qui obéit aux objectifs stratégiques de la Turquie.«Nous avions l’intention d’assurer la sécurité de l’aéroport et de contribuer à la sécurité de ce pays après le retrait des (troupes) américaines», a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’une interview télévisée. Sauf que le chaos créé par la reprise éclair du pouvoir par les Taliban en Afghanistan ne lui a pas laissé le loisir d’accomplir la mission qu’il s’était assignée de longue date. Les forces turques étaient déjà responsables de la sécurité de l’aéroport dans le cadre de leur mission au sein de l’OTAN avant l’offensive talibane. Elles devaient poursuivre cet effort seules après le retrait des forces américaines. Washington et Ankara s’étaient accordées sur les modalités du maintien d’une force turque de 500 hommes, en échange d’un soutien logistique et financier.
Négocié sur la base d’un maintien au pouvoir du gouvernement Ghani, ce plan est tombé à l’eau avec l’effondrement soudain du gouvernement afghan.
«Nous en avons toujours l’intention», a pourtant insisté le dirigeant turc. Et ce, aux frais de l’Otan. Cependant,«nous agirons désormais en fonction des réalités qui sont apparues sur le terrain et nous menons nos négociations en conséquence», a affirmé le chef d’État.R. T.Erdogan a un atout dans la manche. C’est à Doha qu’a été négocié l’accord de paix entre l’Administration Trump et les Taliban.
Jusqu’à présent, la diplomatie turque est restée prudente en Afghanistan, soulignant simplement sa volonté d’accompagner une transition politique représentative de la diversité du pays, observant l’évolution de la situation et sans doute les intérêts qu’elle pourrait en tirer.Le désir turc de maintenir une présence militaire au sol lui laisse en effet penser qu’Ankara cherchera à accroître son influence politique en Afghanistan.

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