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Contagion des putschs en Afrique : Rabat ne condamne pas les coups de force

Mali, Burkina Faso, Guinée… Autant de pays où des putschs ont défrayé la chronique africaine et induit des condamnations internationales. Face à ces évolutions, le Maroc adopte une attitude des plus mesurées, voire conciliante, en se ménageant un espace de dialogue avec les nouveaux maîtres. Autant dire que depuis le retour du Royaume en Afrique, c’est la Realpolitik qui semble présider aux rapports avec le Continent.

Le come-back des militaires au pouvoir au Burkina Faso, après une absence de sept années, n’a pas été décrié par le Maroc. Lundi dernier, le putsch a mis un terme au pouvoir du président civil «démocratiquement élu», Roch Marc Christian Kaboré en décembre 2015.
A Paris, l’Elysée a condamné le putsch. Le Maroc, allié traditionnel de ce pays, depuis le long règne du président Blaise Campaoré (1987-2014), ancien capitaine de l’armée, ne s’est pas précipité, comme l’Algérie, pour rejoindre le train des condamnations. Il faut dire que la politique africaine de Rabat ne change pas dans de pareilles circonstances. La preuve, le Maroc n’avait pas condamné le coup d’Etat en Guinée, mené en septembre par le colonel Mamady Doumbouya, ancien légionnaire de l’armée française. Lors du putsch des militaires au Mali, en août 2020, le Maroc avait seulement appelé «les différentes parties à un dialogue responsable». Depuis, les échanges de visites entre les deux parties se sont intensifiés.
Cette attitude a permis à Rabat de maintenir le fil du dialogue avec les nouveaux maîtres à Bamako. Un mois après le putsch, Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, avait effectué un déplacement au Mali. En février 2021, le colonel Assimi Goïta, portant alors les habits de vice-président de la république, s’était rendu au Maroc, en février 2021, où il avait eu notamment des entretiens avec le ministre marocain des Affaires étrangères, et l’inspecteur général des Forces armées royales de l’époque, le général Abdelfattah Lourarak.
Promu président après le coup d’Etat de mai dernier, A. Goïta avait envoyé à deux reprises son chef de diplomatie, Abdoulay Diop, porteur d’un message écrit au roi Mohammed VI, en octobre 2021 et la semaine dernière.
Comme au Mali, le coup de force des militaires au Burkina Faso bénéficie d’un large soutien populaire. En effet, les putschistes n’ont pas hésité à jouer la partition nationaliste en s’attaquant de front aux miasmes de ce que l’on palle la « France-Afrique ».
Par ailleurs, la reconnaissance des militaires au pouvoir en Guinée, depuis le coup d’Etat de septembre, a été officialisée par Rabat. Pas plus tard que vendredi dernier, Issam Taib, ambassadeur du Maroc à Conakry, a présenté ses lettres de créances à «Son Excellence le Colonel Mamadi Doumbouya, Président du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), Président de la Transition, Chef de l’État, Chef Suprême des Armées de la République de Guinée», indique la MAP.
Lors de cette audience, le chef de l’Etat a affirmé que le Maroc et la Guinée sont liés par une relation historique, multidimensionnelle et fraternelle, comme en témoigne le nom que porte le Palais Mohammed V, siège actuel de la présidence de la république. Il a ainsi réaffirmé son engagement à consolider davantage le partenariat entre les deux pays, sur la base de ce qui a été réalisé par ses prédécesseurs au pouvoir.
Le royaume est en effet un allié traditionnel de la Guinée. Les bonnes relations entre les deux pays remontent au long règne, sans partage, du président Ahmadou Sékou Touré (1958-1984). En janvier 2020, Conakry a ouvert un consulat à Dakhla au Sahara. En 2009, le Maroc avait d’ailleurs pris part, avec la France, les Etats-Unis, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, aux négociations ayant conduit au départ du capitaine Moussa Dadis Camara, auteur du coup d’Etat de décembre 2008, et l’arrivée au pouvoir du président Alpha Condé, un autre proche du Maroc, en janvier 2010.
Au lendemain du coup d’Etat du colonel Mamadi Doumbouya, les dirigeants de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avaient suspendu la Guinée de leur organisation régionale.

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