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Ankara opte pour la rupture des liens économiques avec Tel-Aviv : Le courant diplomatique toujours fonctionnel…

En raison de « l'aggravation de la tragédie humanitaire », le gouvernement turc a annoncé le 2 mai la rupture de ses relations commerciales avec Israël. Les échanges entre les deux pays ont avoisiné les 7 milliards de dollars en 2023. La diplomatie israélienne a fustigé cette décision, qualifiant Erdogan de « dictateur ». Mais l’establishment turc tergiverse sur la question de la rupture des relations avec l’entité sioniste.
Ankara opte pour la rupture des liens économiques avec Tel-Aviv : Le courant diplomatique toujours fonctionnel…

La dégradation des relations entre la Turquie et Israël, sur fond de conflit à Gaza, a franchi un nouveau palier. Après les échanges sulfureux entre Recep Tayyip Erdogan et Benjamin Netanyahou dès le début de la guerre à Gaza et le rappel de l’ambassadeur turc en novembre, Ankara a annoncé le 2 mai la suspension de tous les échanges commerciaux avec l’État hébreu. Dans un communiqué publié sur la plateforme X, le ministère turc du Commerce a annoncé la fin de toutes ses exportations et importations vers et depuis Israël, en raison de « l’aggravation de la tragédie humanitaire » dans les territoires palestiniens. « Les transactions d’exportation et d’importation liées à Israël ont été interrompues, couvrant tous les produits », selon le document. Le ministère a insisté sur le fait qu’il appliquerait « ces nouvelles mesures de manière stricte et décisive », et ce, jusqu’à « ce que le gouvernement israélien autorise un flux ininterrompu et suffisant d’aide humanitaire vers Gaza ».

Le commerce bilatéral entre les deux pays pesait 6,8 milliards de dollars en 2023, a précisé Reuters. Cette année-là, selon l’Union des exportateurs turcs et l’agence de statistiques Turkstat, les seules exportations turques vers Israël ont représenté 5,43 milliards de dollars. Cette décision d’Ankara, qui avait été ébruitée par Bloomberg, n’a pas manqué de faire réagir Israël. Israël Katz, chef de la diplomatie israélienne, s’en est pris ouvertement au président turc. « C’est ainsi que se comporte un dictateur, ignorant les intérêts du peuple et des hommes d’affaires turcs et ignorant les accords commerciaux internationaux », a déclaré le diplomate dans un message posté sur X le 2 mai. Pour prendre le contre-pied de cette mesure, I. Katz a déclaré avoir demandé à son ministère de s’atteler « immédiatement avec toutes les parties concernées du gouvernement » à « créer des alternatives » aux échanges commerciaux avec la Turquie, « en se concentrant sur la production locale et les importations en provenance d’autres pays ».

Le 9 avril dernier, le ministère turc du Commerce avait « décidé de restreindre l’exportation de produits vers Israël », comprenant une liste de 54 produits, parmi lesquels des tuyaux et raccords en acier, du ciment, des câbles électriques, des engrais chimiques ou encore du marbre et de la céramique. Cette restriction était intervenue au lendemain de l’annonce par Ankara que les autorités israéliennes auraient refusé une demande turque de largage d’aide humanitaire sur Gaza. Depuis le début du conflit dans l’enclave palestinienne, déclenché après l’attaque sanglante du Hamas contre les bases israéliennes dans l’enveloppe de Gaza, le 7 octobre 2023, l’exécutif turc s’est montré particulièrement critique à l’endroit d’Israël et de sa réponse militaire. Dès la fin octobre, devant les élus de son parti, le président turc avait notamment qualifié le Hamas de « groupe de libérateurs », fustigeant « l’inhumanité » de Tsahal.

Le 20 avril, R. T. Erdogan a reçu dans la capitale turque les chefs du parti gazaoui Ismaël Haniyeh et Khaled Mechaal. Plus récemment, le chef de la diplomatie turque avait déclaré le 1er mai que son pays envisageait de se joindre à la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ). Des accusations de commettre « des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza », portées fin décembre par Pretoria, qui avaient provoqué l’ire du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. « Dès que nous aurons achevé le texte juridique de notre travail, nous soumettrons la déclaration d’intervention officielle devant la CIJ dans le but de mettre en œuvre cette décision politique », avait déclaré Hakan Fidan.

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