Le Maroc a réagi avec prudence au coup de force des militaires au Gabon. « Le Royaume du Maroc souligne l’importance de préserver la stabilité de ce pays frère et la quiétude de sa population », indique mercredi 30 août un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « Le Maroc fait confiance à la sagesse de la nation gabonaise, de ses forces vives et de ses institutions nationales, pour avancer vers une perspective permettant d’agir dans l’intérêt supérieur du pays, de sauvegarder les acquis réalisés et de répondre aux aspirations du peuple gabonais frère », précise la diplomatie marocaine.
Depuis sa résidence surveillée, quelques heures plutôt, le président déchu Ali Bongo a lancé un appel à l’aide internationale. « Je suis Ali Bongo Ondimba, président du Gabon. J’envoie un message à tous nos amis dans le monde entier pour leur dire de faire du bruit ».
De son côté, la France « a condamné le coup d’Etat militaire qui est en cours au Gabon », a annoncé Olivier Véran, porte-parole du gouvernement. L’Union africaine a également opté pour la même réaction. L’UA « condamne fermement la tentative de coup d’Etat au pays comme voie de solution de sa crise post-électorale actuelle ». Affirmant que l’intervention des militaires « constitue une violation flagrante des instruments juridiques et politiques de l’Union africaine, dont la Charte africaine sur les élections, la démocratie et la gouvernance ».
Pour sa part, la Chine a exhorté « les parties concernées » au Gabon à « garantir la sécurité » du président A. Bongo. « La Chine suit de près l’évolution de la situation au Gabon et appelle les parties concernées à agir dans l’intérêt fondamental du peuple gabonais », a commenté un porte-parole de la diplomatie chinoise lors d’une conférence de presse.
Moscou qui suit de près la situation au Gabon éprouvé une préoccupation profonde à ce sujet, selon le porte-parole de la présidence russe. Le responsable appelle cependant à ne pas faire de conclusions générales sur ce qui se passe actuellement en Afrique, où plusieurs pays sont en proie aux troubles. « La situation au Gabon engendre une préoccupation profonde, nous observons ce qui se passe là-bas », a déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin aux médias.
Quant à la menace de croissance du nombre de conflits en Afrique sur fond de troubles au Gabon et au Niger, Dmitri Peskov a appelé à ne pas faire de conclusions générales.
De son côté, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a appelé ses concitoyens à s’abstenir pour l’instant de voyager au Gabon.
Aux USA, l’administration américaine a condamné le coup de force militaire et appelé à la restauration des institutions civiles.
A l’ONU, le secrétaire général « condamne fermement la tentative de coup d’État en cours » au Gabon, a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole, appelant tous les acteurs à la « retenue » et au « dialogue ». Antonio Guterres « note avec une grande inquiétude l’annonce des résultats des élections dans le contexte d’informations concernant des violations graves des libertés fondamentales ; il condamne fermement la tentative de coup d’État en cours comme moyen de résoudre la crise post-électorale », a-t-il indiqué, appelant les forces de sécurité à « garantir l’intégrité physique du président de la République et de sa famille ».
Un vol RAM annulé
Prévu mercredi 30 août vers 22 heures, le vol Royal air Maroc (RAM) reliant habituellement Casablanca à Libreville a été annulé, par mesure de précaution après la tentative de coup d’Etat annoncée plus tôt, en matinée. Cette décision a été prise à l’issue d’une réunion d’urgence portant sur l’examen de la situation, en prévision d’une possible fermeture de l’espace aérien, après l’annonce de la fermeture des frontières terrestres du pays. Afin de décider de ce qui adviendra des quatre dessertes hebdomadaires assurée entre le Maroc et le Gabon, la compagnie aérienne nationale continue de suive l’évolution des faits.
Les putschistes ont annoncé « mettre fin au régime en place » et annuler les « résultats tronqués des élections présidentielles du 26 août ». Dans leur déclaration sur une chaîne de télévision publique, ils ont pointé une « gouvernance irresponsable et imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale et qui risque de conduire le pays au chaos ». Les militaires gabonais ont décidé aussi de dissoudre toutes les institutions de l’Etat.