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Les campus au secours de Gaza : Une solidarité qui fait trembler l’establishment occidental

Le mouvement de protestation en appui à Gaza a pris de l’ampleur ces jours-ci dans les campus universitaires des États-Unis, de l’Australie et de la France. Les étudiants Sciences-Po de Paris ont tenu en haleine la capitale parisienne au lendemain de la contestation qui a eu lieu dans la Sorbonne, en marge du discours du Président Emmanuel Macron, un des protecteurs d’Israël.
Les campus au secours de Gaza : Une solidarité qui fait trembler l’establishment occidental

Selon l’agence de presse Anadolu, des centaines d’étudiants ont manifesté jeudi 25 avril place du Panthéon, au 5ème arrondissement de Paris, afin de dénoncer la « complicité » de la France et d’Emmanuel Macron dans le « génocide » en cours à Gaza. Cette manifestation coïncidait avec la présence du président français à la Sorbonne, où il s’exprimait lors d’un discours fleuve sur l’Europe, visant à délivrer une série de mesures pour passer à « l’Europe puissante », une Europe plus souveraine.

La manifestation devait avoir lieu à la place de la Sorbonne, où les cours ont été d’ailleurs suspendus, avant que les forces de l’ordre n’y interdisent le rassemblement et ne refoulent de force les participants qui se sont retrouvés à la place du Panthéon, selon ce qu’a pu constater un correspondant d’Anadolu présent sur place.« Israël assassin, Macron complice », « Gaza, Gaza, la Sorbonne est avec toi » et « De Paris à Gaza, résistance, résistance », tels étaient, entre autres, les slogans scandés par les manifestants qui brandissaient des drapeaux palestiniens, en solidarité avec les habitants de la Bande de Gaza assiégée, d’après la même source.

Au lendemain de leur évacuation par les forces de l’ordre, plusieurs dizaines d’étudiants propalestiniens ont réinvesti des locaux de l’Institut d’études politiques de Paris dans la nuit du 25 au 26 avril. Selon des jeunes militants ou sympathisants du comité Palestine Sciences Po, joints par l’AFP, entre 50 et 70 étudiants auraient ainsi campé au 27 rue Saint-Guillaume, siège historique de Sciences Po. Le comité, qui prévoit vendredi 26 avril de tenir une conférence de presse, réclame notamment « la condamnation claire des agissements d’Israël » par leur établissement, ainsi que « la fin des collaborations » avec toutes « les institutions ou entités » jugées complices « de l’oppression systémique du peuple palestinien ». Le comité Palestine Sciences réclame également l’arrêt de « la répression des voix propalestiniennes sur le campus ».

Ces étudiants de l’IEP de Paris mobilisés en faveur de la Palestine ont notamment reçu un appui politique, d’une partie de la gauche. « Je serai avec vous cet après-midi, Sciences Po j’arrive », a déclaré Rima Hassa sur X, colistière La France Insoumise pour les élections européennes.

L’éviction de ces étudiants par la police, suite à une première occupation d’un bâtiment de Sciences Po débutée le 24 avril, leur avait déjà valu le soutien de la députée écologiste Sandrine Rousseau. « Honte à ce pouvoir. C’est scandaleux. Sortir des étudiants de Sciences Po, c’est une atteinte au droit de penser, militer, revendiquer », avait-elle lancé sur X. Révolution permanente, émanation du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a appelé sur les réseaux sociaux ses sympathisants à rejoindre les étudiants de Sciences Po. Les jeunes Insoumis ont également apporté leur soutien à cette mobilisation, notamment par la voix de leur coordinatrice Emma Fourreau qui a par ailleurs adressé aux étudiants mobilisés le « salut reconnaissant » du fondateur du parti, Jean-Luc Mélenchon. Cette mobilisation trouve des détracteurs dans tout l’échiquier politique. « La direction a le droit d’évacuer », a ainsi estimé Raphaël Glucksmann, candidat tête de liste pour les socialistes aux élections européennes lui-même issu de Sciences Po, sur BFMTV, s’attirant les critiques des Insoumis. Sur LCI, Sébastien Chenu, député du Rassemblement national et vice-président de l’Assemblée nationale a de son côté pointé du doigt la responsabilité du gouvernement qui, selon lui, « laisse s’installer un bazar immense dans nos universités ». « Quelle honte cette fabrique d’intolérants et d’antisémites », a-t-il ajouté, évoquant l’école parisienne. « Science Po ne doit pas devenir la police de la pensée » a, du côté de la majorité présidentielle, déclaré Mathieu Lefèvre, député Renaissance, estimant que ces étudiants cherchaient à « confisquer le débat ». « Le débat oui, l’incitation à la haine et le blocage évidemment non », a ajouté l’élu, également président du groupe d’amitié France Israël au Palais Bourbon.

Le front US s’élargit

De l’autre côté de l’Atlantique, sur le campus de l’université de Columbia, au nord de Manhattan, des manifestants campent depuis plusieurs jours en signe de solidarité avec la lutte du peuple palestinien. En fin de semaine dernière, la police a procédé à des arrestations, mais la tension est loin de retomber. Lundi 22 avril, la direction de l’université, craignant des incidents à l’occasion du début de la fête juive de Pessah, a fait passer tous les cours à distance. Mais les manifestations continuent et elles font même tache d’huile.

Une partie du corps enseignant a rejoint les étudiants depuis, et le mouvement s’étend à d’autres universités. NYU, toujours à New York, ou encore Yale, une très prestigieuse université américaine située à New Haven, dans le Connecticut. Des dizaines d’arrestations d’étudiants y ont eu lieu. Une mobilisation importante a été signalée également à l’université du Michigan à Ann Arbor, dans la région de Detroit, et dans le campus de Huston, entre autres.

Ces manifestations entrainent de nombreuses réactions, et notamment des réactions politiques. Le président Joe Biden a condamné dans un communiqué dimanche ce qu’il appelle « un antisémitisme flagrant, répréhensible et dangereux qui n’a absolument pas sa place sur les campus universitaires, ni nulle part dans le pays ». Il l’a de nouveau dénoncé, lors d’un déplacement ce lundi, alors que des étudiants juifs figurent parmi les manifestants qui appellent à la fin du génocide à Gaza et le rétablissement du peuple palestinien dans ses droits historiques.

Eric Adams, maire de New York, est également très critique de ce qu’il voit dans sa ville. Des élus démocrates qui se sont rendus sur place alertent également sur les slogans et les comportements antisémites. Ces comportements sont aussi dénoncés par les dix représentants républicains de l’État de New York, ils appellent à la démission de la présidente de l’université de Columbia. Ils sont emmenés par Elise Stefanik, qui avait déjà été très offensive lors d’une audition de plusieurs dirigeants d’université à l’automne, accusés d’être faibles face à l’antisémitisme et dont certains avaient fini par démissionner.

Il y a aussi des réactions du monde économique. Par exemple, le propriétaire de l’équipe de football américain des Patriots de la Nouvelle Angleterre, Robert Kraft, un ancien de Columbia dont un bâtiment porte son nom. Il explique qu’il ne reconnait plus l’université qu’il a tant aimée et qu’il cessera de la financer tant que des mesures ne seront pas prises.

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