« D’ici le 22 décembre prochain, tous les soldats français ainsi que leurs [équipements] logistiques auront définitivement quitté le Niger », ont indiqué les forces armées nigériennes dans un communiqué publié mardi. Ce départ est l’aboutissement d’un profond divorce entre la France et le Niger, depuis l’arrivée au pouvoir des généraux à Niamey, lors d’un coup d’État le 26 juillet. Ils avaient alors rapidement exigé le départ des soldats français – environ 1 500 déployés pour lutter contre les djihadistes – et dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec Paris.
Après un long bras de fer, la France, qui refuse toujours de reconnaître les nouvelles autorités nigériennes, s’y était résolue. Emmanuel Macron avait annoncé que le retrait serait achevé avant la fin de l’année. Le 12 décembre, l’armée nigérienne a précisé que « le processus de désengagement des troupes françaises se poursuit jusqu’ici de manière coordonnée et en toute sécurité ». En tout, « 1 346 Français et 80% » du matériel logistique « ont été désengagés hors de nos frontières. À ce jour, il ne reste que 157 soldats français sur notre territoire dont 75 logisticiens », a détaillé le journal de la télévision nationale nigérienne, Télé Sahel, le 12 décembre au soir. Un premier convoi de soldats français avait quitté le pays le 10 octobre.
Depuis le coup d’État ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum, séquestré depuis dans sa résidence, les généraux nigériens au pouvoir rompent progressivement les liens tissés par le régime déchu avec certains partenaires occidentaux. Début décembre, Niamey a annoncé mettre fin à deux missions, civile et militaire, de sécurité et de défense de l’Union européenne (UE) dans le pays, au moment où les militaires au pouvoir accueillaient une délégation russe. Parallèlement, le Niger coopère depuis le coup d’État avec le Burkina Faso et le Mali, également dirigés par des militaires. Les trois pays sont en proie aux violences djihadistes. Et après le Mali l’an dernier, le Burkina et le Niger ont également annoncé début décembre leur départ de l’organisation antidjihadiste G5 Sahel, aujourd’hui composée de la Mauritanie et du Tchad. Le Niger est touché par des attaques sanglantes dans ses parties ouest et sud-est, menées par des groupes affilés à Al-Qaïda et à l’État islamique.
À l’issue d’un sommet à Abuja le 10 décembre, d’autres pays ouest-africains, réunis au sein de la Cédéao, ont maintenu leurs lourdes sanctions économiques et financières imposées au Niger après le coup d’État, conditionnant leur allègement à une « transition courte » notamment. Molly Phee, secrétaire d’État adjointe américaine aux Affaires africaines, qui a participé à ce sommet, était le 12 décembre à Niamey, à la tête d’une délégation qui s’est entretenue avec le Premier ministre nigérien nommé par les militaires, Ali Mahaman Lamine Zeine, selon la radio nigérienne. En outre, Kathleen FitzGibbon, nouvelle ambassadrice des États-Unis au Niger, arrivée à Niamey mi-août, va bientôt présenter ses lettres de créance aux autorités, avait assuré début décembre Bakary Yaou Sangaré, ministre nigérien des Affaires étrangères. De leur côté, des ONG internationales intervenant au Niger ont réclamé le 12 décembre un allègement des sanctions prises par la Cédéao contre Niamey, souhaitant permettre l’entrée par le Bénin voisin d’une aide humanitaire d’urgence. Elles déplorent que la Cédéao n’ait « pas tenu compte des appels » de la communauté humanitaire « pour garantir que les civils du Niger aient accès à une aide vitale ». Selon elles, plus de 4,3 millions de personnes ont besoin d’une assistance urgente au Niger.