« Coopération régionale en matière de développement et de sécurité» , était le thème de la rencontre de ce premier sommet du G5, depuis deux ans et depuis également le décès de l’ancien président tchadien, Idriss Déby Itno.
Dans un communiqué, les chefs d’État et de délégation du G5 Sahel notent que la situation sécuritaire et humanitaire dans la région demeure préoccupante, en dépit des efforts consentis. Ils réitèrent leur ferme condamnation des attaques récurrentes visant les populations civiles et réaffirment leur détermination à poursuivre solidairement la lutte contre le terrorisme.
Pourtant, Bamako avait claqué la porte de l’organisation, il y a un an, excédé de ne pas avoir pu en prendre la présidence, comme prévu. Le président sortant de l’organisation, Mahamat Idriss Déby, a d’ailleurs admis, lors son discours, que le retrait du Mali est un coup dur pour l’organisation, appelant les pays de la région à continuer de travailler ensemble et à poursuivre les négociations pour ramener Bamako dans l’organisation.
Autre absence remarquée lors de ce sommet, celle du président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, remplacé par son ministre de la Défense, une absence qui laisse là aussi planer le doute sur la future participation de Ouagadougou à la force conjointe G5 Sahel.
A rappeler qu’au moins 51 soldats ont été tués, vendredi 17 février, dans une embuscade visant les forces armées nationales dans la région du Sahel, au Burkina. Il s’agit d’un bilan provisoire de ’attaque qui a eu lieu entre Oursi et Deou dans la province de l’Oudalan. Les autorités burkinabè précisent aussi qu’au moins 160 terroristes ont été neutralisés et leurs matériels détruits durant la riposte.
En parallèle, au Mali, des ratissages sont en cours. Pas moins de 380 véhicules et près de 2 500 hommes sont mobilisés par les groupes armés du Cadre stratégique permanent (CSP) qui rassemble tous les groupes signataires de l’accord de paix de 2015 – les ex-rebelles indépendantistes de la CMA comme les groupes loyalistes de la Plateforme – ont pour objectif de sécuriser eux-mêmes les régions du Nord, face notamment au Groupe État islamique qui a tué plusieurs centaines de civils, depuis un an, principalement dans la région de Ménaka.
Cela fait plusieurs mois que les différents groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015 réfléchissent à cette inédite mutualisation de leurs forces militaires. Des opérations conjointes avaient déjà eu lieu de façon ponctuelle, mais jamais de cette ampleur.
La décision en a été prise pour contrer la menace que constituent les attaques récurrentes du groupe État islamique et pour pallier l’absence d’implication de l’armée nationale malienne. Les FAMA et leurs supplétifs russes, pourtant présents dans la ville de Ménaka, n’ont en effet pris part à aucune bataille contre le groupe État islamique, en dépit des multiples appels lancés, notamment par le MSA, groupe signataire en première ligne, pour défendre les civils dans la région.
L’opération commune du CSP est finalement lancée alors que les relations entre les groupes signataires et les autorités maliennes de transition sont plus tendues que jamais.
Officiellement, les autorités maliennes de transition comme les groupes armés signataires restent attachés à l’accord de paix. Mais les derniers développements (blocage du processus DDR sur la question notamment de la hiérarchie militaire, demande d’une réunion d’urgence par le CSP en terrain neutre, refus du gouvernement malien, suspension du CSP de la participation aux instances de suivi de l’accord…) laissent surtout penser qu’aucune des deux parties ne veut endosser la responsabilité de son échec : ni des difficultés de son application depuis des années, ni surtout de sa mort, si elle devait finalement être actée.
A signaler que les groupes signataires de l’accord de paix étaient lundi, à Alger, pour une rencontre avec le chef de file de la médiation internationale pour le suivi de l’accord de paix. Sans les autres membres de la médiation internationale et sans le gouvernement malien. Il ne s’agit donc pas de la « réunion en terrain neutre » exigée par les groupes signataires, depuis deux mois, à laquelle le gouvernement malien de transition refuse de participer, mais plusieurs importants chefs des groupes armés du Nord sont annoncés. Ils estiment que c’est le gouvernement malien qui refuse de s’engager dans la mise en œuvre de l’accord et souhaitent que la médiation internationale en prenne acte.