#Libération_Palestine

Logo Perspectives med

L’Afghanistan sous la férule des Talibans : Zaranj, première ville occupée…

Les Talibans se sont emparés vendredi de la ville de Zaranj, dans le sud-ouest de l'Afghanistan, à la frontière avec l'Iran, première capitale provinciale à tomber entre leurs mains depuis le début de leur offensive en mai, a annoncé une responsable locale.

«Oui, je peux confirmer qu’aujourd’hui [vendredi] à midi, la ville de Zaranj, capitale de la province de Nimroz, est tombée aux mains des talibans*. Ils ont pris le contrôle du bureau du gouverneur, du quartier général de la police et de la prison», a déclaré à l’AFP Roh Gul Khairzad, gouverneure adjointe de la province. «Il n’y a pas de responsables sécuritaires là-bas et les Taliban ont pris la ville sans aucune résistance […] La ville était menacée depuis longtemps, mais personne au gouvernement central ne nous a écoutés», a-t-elle déploré.
Un membre du Conseil provincial de Nimroz a confirmé à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que les Taliban avaient pris Zaranj sans rencontrer «la moindre résistance». Isolée dans le coin sud-ouest de l’Afghanistan, Nimroz est restée pendant des années plutôt calme, avant d’être à son tour frappée par les violences touchant la province voisine du Helmand.
Petite ville située à la frontière avec l’Iran, Zaranj vaut surtout pour son importance économique et sa prise permet aux insurgés de contrôler une autre partie des frontières afghanes.
Les Taliban avaient déjà mis la main sur plusieurs postes-frontières clés, avec l’Iran, le Tadjikistan, le Turkménistan et le Pakistan, qui sont une source vitale de revenus, tirés des droits de douane, pour ce pays enclavé.
C’est aussi une victoire très symbolique pour eux, qui pourrait avoir un effet psychologique dévastateur pour l’armée afghane, minée depuis longtemps par la corruption, un commandement peu compétent et des pertes importantes, et dont le moral est au plus bas.
Les Taliban se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux lors d’une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être achevé d’ici le 31 août.
Après avoir rencontré une faible résistance dans les campagnes, ils dirigent depuis quelques jours leurs frappes sur les grandes villes, encerclant plusieurs capitales provinciales, où des combats meurtriers les opposent à l’armée.
L’émissaire de l’Onu en Afghanistan a appelé vendredi les Talibans à «cesser» les «attaques contre les villes», demandant au Conseil de sécurité de leur lancer un avertissement «sans ambiguïté».
Au moins 10 soldats afghans ainsi qu’un commandant proche de la milice dirigée par Abdul Rachid Dostom ont été tués dans la province de Djozdjan, dans le nord de l’Afghanistan.
« Les Taliban ont lancé de violentes attaques à la périphérie de Chéberghân (capitale) cette semaine et durant de lourds affrontements un commandant d’une milice pro-gouvernement fidèle à Dostom a été tué », a déclaré Abdul Qader Malia, le vice-gouverneur de la province de Djozdjan.
Selon un autre membre du conseil provincial, neuf des dix districts de Djozdjan sont désormais sous le contrôle des Taliban et une lutte pour la prise de Chéberghân est en cours.
Dans le sud du pays, dans la province du Helmand, la lutte pour le contrôle de la capitale Lashkar Gah perdure depuis une semaine.
L’Organisation des Nations Unies a déclaré cette semaine être profondément préoccupée quant à la sécurité de dizaines de milliers de personnes piégées dans la ville. « Les violences n’ont fait que s’intensifier et il n’y a aucun moyen d’évaluer les dégâts à Lashkar Gah car les deux côtés sont enfermés dans une intense bataille au sol… il est même difficile pour les organisations humanitaires de récupérer les corps », a déclaré depuis Kaboul un haut responsable occidental de la sécurité.
« Les civils se retrouvent entre deux belligérants. Ils sont déplacés de leurs foyers et sont souvent les premières victimes du conflit » a déclaré Mike Bonke, directeur de l’organisation Action Contre la Faim en Afghanistan, dont le bureau local de Lashkar Gah a été touché par une bombe jeudi.

Recommandé pour vous