#Libération_Palestine

Logo Perspectives med

Euclid lancé par l’ESA : Percer les secrets de l’univers

L’Agence spatiale européenne (ESA) a lancé, samedi 1er juillet, le satellite Euclid depuis Cap Canaveral en Floride. La sonde part étudier l’expansion de l’univers sur les dix derniers milliards d’années. Rien que ça !
Percer les secrets de l’univers

Quelques années seulement après la découverte de l’accélération de l’expansion de l’univers (1998), les chercheurs parlaient déjà de la mission Euclid. La source de cette accélération est inconnue, et les experts suspectent l’énergie sombre. L’origine de cette dernière reste un mystère et elle est accompagnée de la matière noire, un autre composant de l’univers. 

En tout, celui-ci est donc constitué à 95% de matière noire et d’énergie sombre. Les deux seraient essentielles à l’équilibre du cosmos. Cette « cosmologie sombre » constitue une grande énigme pour la physique et Euclid permettrait d’y répondre. 

Deux tonnes, 4,7 mètres de haut et 3,5 mètres de large. Euclid a été conçu entre les murs de Thalès Alenia Space à Turin, en Italie, et à Cannes, dans le sud de la France. Sa mission consiste à cartographier l’univers, grâce à un télescope d’un mètre de diamètre, et comprendre son évolution sur des milliards d’années.

Le télescope spatial va se rapprocher de James Webb, à plus d’1,5 million de kilomètres de la Terre. Cette position, appelée « point de Lagrange 2 », est la favorite des agences spatiales. Elle permet aux objets, comme les sondes qui l’atteignent, de rester stables. Un point essentiel pour Euclid, qui nécessite une grande précision pour produire la plus grande carte 3D de l’univers.

Cette carte permettra aux scientifiques de placer les galaxies en temps réel, et de retracer leur évolution sur les dix derniers milliards d’années. Ainsi, on pourra mesurer l’accélération de l’expansion de l’univers, que certains soupçonnent être causée par l’énergie sombre. « Pour comprendre l’univers, il faut absolument mesurer finement cette accélération dans le temps », insiste Olivier Joie-La Marle, responsable des sciences de l’univers au Centre national d’études spatiales (CNES). « La théorie actuelle, qui colle le mieux aux observations, ne correspond plus tout à fait parce qu’il y a une accélération de l’expansion qui n’était pas prévue. » Euclid vise donc à « réduire les incertitudes et tuer beaucoup de théories, voire même, ce qu‘on espère, en faire émerger une seule famille », poursuit O. Joie-La Marle. Depuis les années 2000, « des cartographies ont été tentées depuis le sol pour faire progresser le domaine ». Mais aucune n’a été réalisée dans l’espace, et jamais de façon aussi précise. « Ça va être un chamboulement dans la recherche, certains parlent d’une mission à prix Nobel », ajoute le chercher du CNES, le sourire dans la voix. 

Ce tri sera le fruit du travail du consortium Euclid, qui travaille à la mission depuis 2009. Plus de 2 500 scientifiques à travers le monde pourront accéder à la base de données distribuées par la sonde, dès 2029.  

Initialement prévu en mars, le lancement de la sonde spatiale européenne s’est déroulé samedi. C’est que le projet a connu des complications. En 2022, l’ESA a dû renoncer à son partenariat avec la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine. Euclid devait s’envoler depuis la Guyane, à bord d’une fusée russe Soyouz, or la guerre ne permet pas aux chercheurs de continuer sur cette voie. Le départ pourrait être retardé de plus de deux ans. Mais au vu de la compétition scientifique qui plane au-dessus des agences spatiales, les équipes se tournent rapidement vers un nouvel hôte. C’est SpaceX qui propulse aujourd’hui la sonde de la Floride.

Quant aux premiers résultats, ils émergeront d’ici à six mois. Le temps que la sonde s’installe et commence à scanner le ciel. 

Recommandé pour vous