Un nouveau drame en Méditerranée. Soixante-dix-huit personnes sont mortes dans un naufrage en tentant de rejoindre les côtes européennes, au large de la Grèce. Une centaine de personnes ont, par ailleurs, pu être secourues à ce stade, selon les garde-côtes grecs, alors que le naufrage, un des plus meurtriers depuis le début de l’année, s’est produit dans les eaux internationales, à 47 milles marins de Pylos en mer Ionienne.
Les personnes secourues sont en cours d’acheminement par bateau jusqu’au port de Kalamata, dans le sud du Péloponnèse, selon un communiqué des garde-côtes. Quatre autres personnes ont par ailleurs été évacuées par hélicoptère, également jusqu’à Kalamata où elles devaient être hospitalisées dans la foulée. Les garde-côtes ont précisé qu’au moment du naufrage de l’embarcation, aucune des personnes à bord, n’était équipée de gilet de sauvetage.
Il y avait peut-être « des centaines » de migrants dans le bateau, a dit une source au ministère des Migrations. Des images montrant de grandes tentes blanches et rouges permettant d’accueillir des naufragés dans le port de Kalamata étaient diffusées par des chaînes de télévision.
Le bateau avait été repéré pour la première fois le mardi 13 juin dans l’après-midi par un avion de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières, mais les migrants à bord « ont refusé toute aide », selon un précédent communiqué des autorités portuaires grecques.
Outre les patrouilleurs de la police portuaire, une frégate de la marine de guerre grecque, un avion et un hélicoptère de l’armée de l’air ainsi que six bateaux qui naviguaient dans la zone participaient à cette opération de sauvetage. Selon les premières informations des autorités, le bateau des migrants avait appareillé à Tobrouk, dans l’est de la Libye, à destination de l’Italie. La plupart des personnes à bord étaient, selon le ministère grec des Migrations, de jeunes Égyptiens, des Syriens et même des Pakistanais.
Aux frontières extérieures de l’Union européenne en Méditerranée, la Grèce est un passage habituel pour des migrants qui cherchent à rejoindre l’UE depuis la Turquie voisine. De nombreux naufrages, souvent meurtriers, ont lieu en mer Égée alors que la Grèce est régulièrement accusée par des ONG et des médias de refouler les migrants en quête d’asile dans l’UE, hors de son territoire. Outre ce passage, ces personnes tentent également de passer directement en Italie en traversant la Méditerranée dans le sud du Péloponnèse ou de l’île de Crète.
Le mercredi 14 juin, un voilier en difficulté avec 80 migrants à bord naviguant au large de la Crète a aussi été secouru et remorqué par des patrouilleurs des garde-côtes au port de Kaloi Limenes dans le sud de l’île, selon la police portuaire grecque.
Réfugiés climatiques en hausse
Parallèlement à ces drames, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a publié mercredi son rapport annuel sur 2022, et son constat est édifiant, avec une série de tristes records : 108,4 millions de personnes ont été forcées de fuir leur domicile. En Afrique subsaharienne, on atteint là encore des chiffres sans précédent.
Au total, le Haut-Commissariat des Nations unies (HCR) fait état de 16,5 millions de déplacés supplémentaires dans le monde. En Afrique subsaharienne, le nombre de réfugiés est stable, avec sept millions de personnes, le HCR a enregistré une hausse de 17% dans les déplacés internes. Les récents combats au Soudan ont aggravé une situation déjà rendue extraordinaire en 2022 par l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou la crise humanitaire en Afghanistan.
Jamais le nombre total de réfugiés fuyant leur pays ou de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays n’avait atteint un tel niveau, a souligné le HCR. La situation est très préoccupante pour les victimes de sécheresses, inondations, tempêtes : leur nombre a quasiment triplé, soit du jamais vu. L’année 2022 a été marquée par le phénomène la Niña, et un refroidissement dans l’est de l’océan Pacifique, entraînant une série de calamités.
La Corne de l’Afrique a connu la plus longue et plus forte sécheresse de son histoire avec cinq saisons des pluies consécutives sous la moyenne. Résultat : deux millions de déplacés en plus dans la région. Le bétail meurt, les éleveurs doivent devenir sédentaires ou changer de vie pour survivre, dit le rapport.
L’Ouest a lui été gravement impacté par des pluies trop fortes : les inondations ont touché des populations déjà déplacées par les conflits et l’insécurité alimentaire. Le Nigeria a dépassé la barre des deux millions, un record depuis une décennie, tout comme au Tchad en proie aux pires inondations depuis 30 ans.
Le Niger a enregistré près de 250 000 déplacés, quasiment le double de 2021, alors qu’au Mali, le chiffre a presque quadruplé.
Par ailleurs, neuf millions de personnes ont été déplacées à cause des conflits, réparties dans seulement une dizaine de pays. À lui seul, la République démocratique du Congo compte 44 % des déplacés subsahariens, soit 48 % de hausse nationale. Les groupes armées ont accentué leurs attaques en Ituri et dans le Nord-Kivu et Sud-Kivu avec la résurgence du M23.
Tous ces gens se heurtent à « un environnement plus hostile, en particulier en ce qui concerne les réfugiés, presque partout », a constaté le Haut-Commissaire Filippo Grandi, lors d’une conférence de presse à Genève.
De rares tendances positives, avec des baisses constatées en Éthiopie et au Soudan du Sud, ont été néanmoins relevée dans le même rapport. Lequel reste alarmant !