Un navire humanitaire avec à son bord environ 800 migrants secourus en Méditerranée a demandé vendredi à l’Italie de lui octroyer un port sûr pour débarquer, au moment où les tentatives de traversées augmentent. La veille jeudi, lors d’une rencontre à Rome avec Didier Reynders, commissaire européen à la Justice, Luciana Lamorgese, ministre italienne de l’Intérieur, avait appelé l’Union européenne à l’aide face à l’afflux constant de migrants.
«En 48 heures à peine, notre équipage a sauvé plus de 800 personnes», a tweeté l’ONG allemande Sea-Eye dont le navire Sea-Eye 4 approchait de la Sicile. «Parmi les survivants il y a des enfants, des femmes enceintes et des personnes blessées», a précisé l’association, qui a poursuivi que «pour tous, il faut mettre fin immédiatement à la situation exceptionnelle à bord. Nous avons besoin d’un port sûr !»
Dans un communiqué publié le 4 novembre, Sea-Eye a expliqué que, aidé par le navire Rise Above de l’organisation Lifeline, le Sea-Eye 4 avait dans un premier temps porté assistance le 3 novembre à 397 personnes en détresse lors de six opérations distinctes, puis avait mis le cap sur l’île italienne de Lampedusa. Un deuxième sauvetage a ensuite dû être mené le lendemain auprès d’une embarcation en bois sur laquelle se trouvaient 400 personnes et qui, victime d’une voie d’eau, menaçait de sombrer.
Les secours maltais, pourtant situés dans la zone, n’ont «répondu à aucun des appels à l’aide», a affirmé Sea-Eye, en déclarant que «l’état d’urgence est désormais en vigueur sur le Sea-Eye 4». Mis à l’eau au printemps, le navire compte 24 membres d’équipage. Selon l’ONG, tout retard dans l’attribution d’un port sûr «met en danger la santé et la vie des personnes secourues et de [son] équipage».
L’Italie est l’un des principaux points d’entrée en Europe pour les migrants en provenance d’Afrique du Nord, essentiellement de Tunisie et de Libye d’où les départs sont en forte hausse par rapport aux années précédentes.
Près de 55 000 migrants ont débarqué en Italie depuis le début de l’année, contre un peu moins de 30 000 en 2020, selon des données du ministère de l’Intérieur italien. L. Lamorgese a fait savoir à D. Reynders qu’il était «injuste» que l’Italie doive accueillir tous les nouveaux arrivants, d’autant plus que la pandémie de coronavirus est toujours en cours. «Nous avons besoin de la forte solidarité de l’Europe pour permettre la redistribution des migrants qui arrivent en Italie», a-t-elle ainsi déclaré.
A la différence des années 2014-2017, lorsque plus de 90% des migrants partaient de Libye, la provenance des arrivants est dorénavant «bien répartie» entre la Libye et la Tunisie, selon Matteo Villa de l’Institut d’études politiques internationales (IPSI). «Et les chiffres augmentent sur toutes les routes (Turquie, Grèce, Albanie)», a-t-il analysé sur Twitter, en ajoutant que les départs sont provoqués par la pandémie, les récessions économiques et l’instabilité politique.
Plus de 70% de ceux qui partent depuis la Tunisie sont Tunisiens, alors que la plupart de ceux qui tentent la dangereuse traversée depuis la Libye sont des Bangladais présents dans ce pays en crise depuis un certain temps, a également précisé M. Villa.
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Afflux des migrants en Méditerranée : Sea-Eye sollicite l’aide de Rome
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