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Protestations et marches en ce 1er mai : Les syndicats mobilisent en rangs dispersés

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En dépit des contre-coups générés par l’inflation qui a atteint des sommets dans le pays, les centrales syndicales ont choisi, chacune, de faire cavalier seul. L’union de la lutte syndicale reste donc chimérique alors que la situation sociale, lourdement fragilisée par la hausse des prix, l’exige. En face, l’Exécutif qui soutient s’accrocher à l’institutionnalisation du dialogue social n’a offert aux salariés que des promesses.
Protestations et marches en ce 1er mai

Rassemblements l’ont disputé aux meetings en ce 1er mai, dans les plus grandes villes du pays. Le mot d’ordre est identique pour les syndicats qui choisissent cette fête du Travail pour exhiber leurs forces : dénoncer dans leur majorité les conditions de vie, largement détériorées depuis la pandémie.  Encore faut-il souligner que si le mot d’ordre général est quasi-unanime, les syndicats ont choisi de défiler en ordre dispersé. Tant les désaccords sont nombreux sur le rôle du gouvernement

Confédération démocratique du travail (CDT), Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Union marocaine du travail (UMT), et il s’agit-là des plus représentatives des centrales, n’ont pas réussi à trouver comment jouer la même partition.

Si toutes réclament des mesures contre la cherté de la vie, les désaccords sont nombreux entre syndicats sur le rôle du gouvernement. L’UMT, comme la CDT, dénoncent le non-respect des accords du 30 avril 2022 entre les syndicats et l’exécutif, accord censé garantir l’augmentation du pouvoir d’achat des travailleurs. Alors que l’UGTM, bras syndical de l’Istiqlal, formation au gouvernement, loue les efforts du Premier ministre tout en espérant négocier des augmentations de salaires. Les syndicats sont invités à reprendre les négociations avec le gouvernement, toujours en ordre dispersé.

A Casablanca, fief historique de l’UMT, Miloudi Moukharik, toujours leader de l’Union marocaine du travail (UMT), a souligné que la célébration de la fête du Travail était « plutôt une protestation, un cri, une lutte et une fermeté face à la laideur du système économique mondial sauvage et néolibéral, qui draine les ressources des gens contre leurs intérêts vitaux et complique leur vie, dans une crise structurelle chronique à travers les pays ». « La classe ouvrière marocaine se trouve aujourd’hui confrontée à une pandémie d’un autre type, à savoir l’inflation qui touche à leur pouvoir d’achat », a-t-il souligné.

Pour lui « c’est là l’illustration d’une profonde crise émanant de la nature des choix économiques impopulaires et de leurs effets désastreux directs sur les conditions sociales, non seulement de la classe ouvrière, mais aussi de la classe moyenne, censée être le moteur de l’économie mais qui s’érode jour après jour ». A ses yeux, « cette crise sans précédent vide de leur contenu tous les slogans sociaux de l’Etat et cette situation a été exacerbée par les licenciements massifs de milliers de travailleurs, ce qui a aggravé les disparités sociales, la pauvreté et la vulnérabilité ».

 Et d’ajouter que le gouvernement est « incapable de prendre des mesures concrètes et sérieuses pour atténuer et limiter l’impact de la flambée des prix, de frapper durement contre les spéculateurs, les intermédiaires et les commerçants qui exploitent la loi, la liberté des prix et de la concurrence, pour un enrichissement illégal en l’absence totale de tout sentiment de patriotisme ou de solidarité ».

Le leader de l’UMT affirme croire en le dialogue social comme cadre et bouclier de la stabilité sociale et économique à la fois.

« C’est un espace clé permettant de mettre en œuvre les mécanismes et les fondements de la justice sociale, ayant abouti à l’accord du 30 avril 2022 avec le gouvernement et le patronat », a-t-il rappelé.

Il s’est interrogé sur les raisons qui ont fait que le gouvernement n’a pas avoir activé le mécanisme de plafonnement progressif des prix des carburants et des matières pétrolières. « N’aurait-il pas été plus approprié que le gouvernement recoure à la mise en place d’un impôt progressif sur la fortune, dans le cadre d’une solidarité communautaire entre les riches et le reste de la société, surtout dans le contexte difficile actuel ? », a-t-il martelé. « Pourquoi le rôle du Conseil de la concurrence n’a-t-il pas été activé dans le contrôle des prix et la lutte contre l’enrichissement illicite et le monopole des matières premières et des denrées alimentaires ? », a-t-il encore soutenu.

M. Moukharik s’est indigné des hésitations de l’exécutif à « promulguer des mesures concrètes pour mettre fin à toutes les formes de corruption, de pratiques rente, de privilèges et de spéculation ». Comme il a renouvelé les revendications portées par l’UMT pour lever les restrictions sur les libertés syndicales dans tous les secteurs professionnels, rappelant que plusieurs milliers des travailleurs ont été licenciés dans différentes villes, à cause de leurs responsabilités syndicales au sein de leur lieu d’emploi et de l’activation de l’article 288 du Code pénal,

Toujours à Casablanca, Khalid Alami Houir, vice-secrétaire général de la CDT  a insisté sur le maintien du « caractère institutionnel et responsable du dialogue social », tout en faisant respecter les engagements gouvernementaux, les libertés syndicales et la conformité des employeurs avec les dispositions de sécurité sociale pour les employés. Il a ainsi souhaité des « réformes politiques pour asseoir une véritable démocratie dans ses dimensions politique, économique, sociale et culturelle ». Et préconisé « la ratification de la convention internationale n°87 et l’abrogation de l’article 288 du Code pénal ».

Par ailleurs, la CDT a appelé à « la mise en œuvre des engagements contenus dans l’accord du 30 avril 2022, en particulier l’augmentation générale des salaires, la création d’une nouvelle échelle de promotion et la révision du taux d’impôt sur le revenu ».

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