Alors que les troupes israéliennes progressent dans la bande de Gaza, le futur de la région inquiète déjà certains voisins. Il ne revient pas au monde arabe de réparer le désordre crée par le conflit, a ainsi déclaré Ayman Safadi, ministre jordanien des Affaires étrangères, lors d’un forum organisé par l’International Institute for Strategic Studies (IISS).
Les pays arabes ne viendront pas « nettoyer les dégâts après Israël », a ainsi déclaré le responsable. Aucune troupe arabe ne sera par ailleurs déployée dans la bande de Gaza, ce qui ne ferait qu’accélérer l’escalade, a souligné le ministre.
« Laissez-moi être très clair. Je parle au nom de la Jordanie, mais après avoir discuté de cette question avec presque tous nos frères, il n’y aura pas de troupes arabes à Gaza. Aucune. Nous n’allons pas être perçus comme l’ennemi. Comment peut-on parler de l’avenir de Gaza alors que nous ne savons pas quel genre de Gaza il restera une fois cette agression terminée? », a-t-il ainsi expliqué.
Le ministre a encore insisté sur les « crimes de guerre » commis dans la bande de Gaza, dénonçant notamment le « refus de livrer de la nourriture, des médicaments et du carburant » aux Gazaouis.
La Jordanie redoute en outre que le conflit israélo-palestinien ne débouche une nouvelle fois sur des déplacements de population. Une catastrophe humanitaire qu’Amman veut à tout prix éviter. « Nous ne permettrons jamais que cela se produise. En plus d’être un crime de guerre, cela constituerait une menace directe à notre sécurité nationale », a ainsi relevé A. Safadi.
Une crainte justifiée pour la Jordanie, qui avait déjà accueilli des milliers de réfugiés palestiniens dans les années 1960, menant à une déstabilisation du pays. Les tensions entre le royaume jordanien et les membres de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avaient finalement conduit au conflit du Septembre noir, puis au départ en masse de combattants palestiniens vers le Liban.
L’Égypte, qui garde le poste frontière de Rafah, a aussi mis en garde contre des mouvements de population à plusieurs reprises, ces dernières semaines. Le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi refuse notamment une réinstallation dans le Sinaï. Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité palestinienne, s’était lui aussi opposé à tout déplacement forcé de son peuple hors de la bande de Gaza.