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Moscou veille sur la paix dans le Haut Karabakh : Et s’acquitte du prix du sang…

De nouveaux pourparlers sur le Haut-Karabakh ont commencé au lendemain de la victoire militaire de l'Azerbaïdjan. Une première réunion s'est tenue jeudi 21 septembre à Yevlakh, en Azerbaïdjan. Les deux délégations se sont séparées sans être parvenues à un accord, mais Bakou assure que de nouvelles discussions se tiendront « le plus vite possible ».
Moscou veille sur la paix dans le Haut Karabakh : Et s’acquitte du prix du sang…

Yevlakh, située à une cinquantaine de kilomètres seulement du Haut-Karabakh, a abrité ce tour de table en présence de représentants des autorités azerbaïdjanaises et de représentants des séparatistes arméniens. Battus sur le terrain mardi, ces séparatistes ont accepté de rendre les armes et de négocier « la réintégration » du Haut-Karabakh sous giron azerbaïdjanais.

Selon l’agence de presse russe Ria Novosti, les représentants du Karabakh ont déclaré à leur sortie de la réunion qu’il n’y a pas eu d’accord final, car il fallait encore discuter de plus de détails. Quant au chef de la délégation de l’Azerbaïdjan, il a déclaré, lui, que les négociations pourraient conduire à un accord avec les Arméniens du Karabakh.

S’il n’y a pas eu d’accord, Bakou évoque des discussions « constructives » et a annoncé qu’une nouvelle réunion aurait lieu « le plus rapidement possible ». De leur part, les séparatistes ont commenté dans un communiqué que « les parties ont insisté en particulier sur la nécessité de discuter de tous les problèmes existants dans un environnement paisible et ont fait part de leur disposition à poursuivre les réunions ».

Lors d’une allocution télévisée jeudi, Nikol Pachinian, Premier ministre arménien en proie à une agitation politique qui réclame son départ, a déclaré au passage que « le régime de cessez-le-feu au Haut-Karabakh tient globalement, il y a eu des violations isolées, mais globalement, la situation est stable », a-t-il dit. Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a indiqué que « depuis la conclusion de l’accord de cessation des hostilités, cinq violations du cessez-le-feu ont été enregistrées dans les districts de Chucha (deux) et de Mardakert (trois) ».

N. Pachinian a accusé la Russie, dont un contingent est déployé au Haut-Karabakh depuis la dernière guerre de 2020, d’avoir failli à sa mission de maintien de la paix dans le territoire sécessionniste. « Je ne pense pas que nous devons fermer les yeux sur l’échec du contingent de(maintien de la) paix au Haut-Karabakh», a-t-il annoncé lors d’une allocution télévisée.

Bakou a également donné jeudi pour la première fois le chiffre des soldats de la paix russes tués : selon le parquet général azerbaïdjanais, des militaires azerbaïdjanais ont tué cinq soldats russes jeudi en tirant sur leur voiture, après les avoir « confondus » avec des séparatistes arméniens. Un militaire russe a aussi été tué le même jour par des « membres non identifiés de formations armées arméniennes » qui ont tiré sur son véhicule, selon la même source.

La présidence azerbaïdjanaise a également indiqué prévoir l’envoi d’aide humanitaire, de nourriture et de carburant dans cette province. Depuis plusieurs mois, de nombreux acteurs tiraient la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire dans cette région.

Cette situation aurait empiré, selon les déclarations d’un responsable local. Dans un tweet, Gegham Stepanyan, responsable de l’autorité séparatiste pour la défense des droits humains, a affirmé jeudi que les rues de la capitale Stepanakert sont « remplies de personnes déplacées, affamées et apeurées », a-t-il affirmé. « Les gens sont désespérément à la recherche les uns des autres et appellent (…) pour avoir des nouvelles de leurs proches », a-t-il ajouté. Malgré ces affirmations, le Premier ministre arménien a affirmé que les populations civiles de la région ne font pas face à une « menace directe » : « Aujourd’hui, mon jugement (sur la situation) est qu’il n’y a pas de menace directe pesant sur les populations civiles du Haut-Karabakh », a-t-il ajouté lors de son allocution télévisée.

Par conséquent, l’Arménie a promis qu’aucune évacuation de masse n’était prévue, même si elle se dit préparée pour accueillir « 40 000 familles » de réfugiés, a encore assuré N. Pachinian.

Le président de l’Azerbaïdjan a « présenté ses excuses et ses plus sincères condoléances suite à la mort tragique de membres du corps russe de maintien de la paix », a indiqué le Kremlin. Un entretien téléphonique a eu lieu entre Vladimir Poutine et son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev, « à l’initiative de l’Azerbaïdjan », toujours selon la même source. Ce dernier a assuré que « l’incident ferait l’objet d’une enquête approfondie » et les coupables « tenus pour responsable ». L’agence RIA Novosti a indiqué que les militaires responsables de la mort des soldats de la paix russes avaient été arrêtés et leur supérieur démis de ses fonctions. Bakou a également « exprimé sa volonté d’offrir une aide financière aux familles des officiers tués ».

Les deux parties se sont par ailleurs accordées sur « l’importance de mettre en œuvre systématiquement les accords conclus avec l’aide des soldats de maintien de la paix russes sur la cessation complète des hostilités au Karabagh » le 20 septembre. Le Kremlin a souligné que les pourparlers qui se déroulent actuellement entre les représentants de Bakou et Stepanakert, avec la médiation russe, revêtent « une importance particulière ». V. Poutine a insisté sur l’importance de « protéger les droits et la sécurité de la population arménienne du Karabagh ». L’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan de procéder à un « nettoyage ethnique dans la région ». L’armée russe, quant à elle, a déplacé 2 000 civils des zones à risque le 19 septembre. « Les dirigeants ont convenu d’intensifier les négociations […] en ce qui concerne le déblocage des liaisons de transport, la délimitation de la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie et l’élaboration d’un traité de paix », a conclu le Kremlin.

L’Azerbaïdjan a lancé une offensive éclair le 19 septembre, forçant les troupes du Karabagh à capituler en moins de 24 heures. « Un accord sur une cessation complète des hostilités » a été conclu « avec la médiation du commandement des forces de paix russes », a déclaré la présidence de Stepanakert dans un communiqué le 20 septembre. Bakou exige désormais la réintégration du territoire qui avait fait sécession à la chute de l’URSS, entraînant deux guerres sanglantes, dans les années 1990 et en 2020.

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