Le secrétaire d’État américain a vu samedi soir le chef de la diplomatie chinoise W. Yi en marge de la Conférence sur la sécurité organisée à Munich, en Allemagne, avant de rejoindre la Turquie endeuillée par les séismes. C’était leur première rencontre depuis que les États-Unis ont abattu un ballon chinois volant au-dessus de leur territoire. « Un échange franc et direct », c’est ainsi que les États-Unis ont qualifié la rencontre entre les deux chefs de diplomatie. Après l’affaire du ballon chinois dans le ciel américain, Pékin a accusé Washington d’avoir eu recours à « la force sans discrimination », et « les États-Unis devront réparer les dommages causés à la relation sino-américaine », a dit Pékin.
Les relations se sont tendues depuis l’incident du ballon. Mais ce n’est pas là l’unique objet de frictions entre Washington et Pékin. Le secrétaire d’État US dit également craindre que la Chine accepte de fournir en armes la Russie, engagée dans sa guerre contre l’Ukraine. C’est ce qu’a déclaré A. Blinken à la chaîne de télévision américaine CBS, dimanche. « Quelques semaines seulement après le début de la guerre, le président Biden a exprimé au président Xi notre grande inquiétude quant à la possibilité que la Chine puisse offrir un soutien létal à la Russie et aider au contournement systématique des sanctions. Et la raison de cette inquiétude est que quelques semaines seulement avant l’agression, le président Xi et le président Poutine se sont rencontrés et ont évoqué un partenariat « illimité ». Et nous étions inquiets que parmi le manque de limites, il puisse y avoir un soutien de la Chine à la Russie dans cette guerre. Nous avons surveillé cela de très près. Et nous voyons qu’aujourd’hui, des entreprises chinoises – et bien sûr en Chine, il n’y a pas de distinction entre les sociétés privées et l’État – fournissent un soutien non létal à la Russie pour être utilisé en Ukraine. L’inquiétude que nous avons maintenant est, sur la base d’informations que nous avons, qu’ils envisagent de fournir un soutien létal. Et nous leur avons dit clairement que cela poserait un problème sérieux pour nous et notre relation. Il y a toute une gamme qui rentre dans cette catégorie, des munitions aux armes elles-mêmes », a-t-il développé.
Le conflit ukrainien a dominé la conférence de Munich. La plupart des intervenants ont plaidé pour davantage d’aide militaire à Kiev. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a même apporté son soutien à une proposition estonienne d’achat commun de munitions par l’Union européenne.
Les déclarations d’Emmanuel Macron ont notamment retenu l’attention de la diplomatie russe dimanche. Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a pointé une parole macronienne qui aurait « peu de valeur », du fait d’un discours incohérent de la part du président français.
M. Zakharova estime en effet que la position de Macron est intenable et qu’il se contredit : en tant que membre de l’Otan, la France ne peut que suivre la volonté générale d’une défaite militaire de Moscou – même quand Macron assure de ne pas vouloir «écraser» la Russie et souhaiter une issue négociée. Car pendant ce temps, Paris continue à livrer des armes à l’Ukraine, dénonce la diplomate.
D’autres experts en géopolitique, comme Fiodor Loukianov qualifient au contraire la position du chef de l’État de « nuancée », « la seule que l’on peut qualifier de réellement européenne ».
Mais ce n’est pas tout, d’autres propos du président français ont aussi fait réagir les canaux pro-Kremlin. Lors de Conférence de Munich sur la sécurité, Macron a déclaré ne pas être en faveur de la politique du « changement de régime », après une pléthore d’échecs au niveau mondial. Il n’en fallait pas plus à ces commentateurs russes pour y voir une admission qu’en effet, l’Occident essayait bien depuis des années de renverser le pouvoir russe. La messe est dite… Ou presque !