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L’IA de Google et Amazon militarisée par Israël : Des salariés récalcitrants licenciés !

La vente par les deux géants de l'internet du « projet Nimbus » à l'État hébreu, dont de nombreux observateurs redoutent une utilisation militaire, ne passe pas auprès d'une partie des employés. Google a choisi l’escalade en licenciant 18 de ses employés.
L’IA de Google et Amazon militarisée par Israël : Des salariés récalcitrants licenciés !

Après les campus américains, les géants de la tech US sont secoués par de vifs débats sur le conflit israélo-palestinien. La question suscite depuis quelques mois d’importantes contestations internes chez Google et Amazon. La guerre à Gaza a remis en lumière la crainte de voir les technologies d’intelligence artificielle développées par ces entreprises être utilisées à des fins militaires par Israël.

En 2021, le ministre des Finances israélien annonce la signature avec Amazon et Google d’un contrat faramineux de 1,2 milliard de dollars en échange de l’installation de centres de données régionaux en Israël, assortie de l’utilisation de ses services d’intelligence d’artificielle et de sauvegarde dans le cloud.

De nombreux employés avaient exprimé, à l’époque déjà, de vives inquiétudes quant à ce contrat. Une première tribune a été signée en octobre 2021 par des employés de Google et Amazon dans les colonnes du Guardian pour dénoncer le « projet Nimbus » et la « vente d’une technologie dangereuse à l’armée et au gouvernement israélien » qui pourrait permettre « une surveillance massive des Palestiniens et une collecte de données illégale », notamment en matière de reconnaissance faciale. Mais la pression est encore montée d’un cran le 4 mars dernier. Un jeune ingénieur de Google, affichant « No Tech for Apartheid »  sur son tee-shirt a interrompu une conférence sur la tech israélienne se tenant à New York et sponsorisée par le moteur de recherche en criant devant le public : « Je suis ingénieur logiciel chez Google et je refuse de créer une technologie qui alimente un génocide, l’apartheid ou la surveillance ». Le jeune homme de 23 ans est alors évacué manu militari de la salle. Trois jours plus tard, il est convoqué par ses supérieurs et licencié. Eddie Hatfield est ainsi devenu le visage d’un mouvement de protestation qui traverse Amazon et Google depuis la signature du « projet Nimbus » avec Israël, et prend de l’ampleur depuis le début de la guerre à Gaza. Près d’un millier d’employés seraient rassemblés derrière « No Tech for Apartheid », dont au moins 200 chez Google, rappelle le Time. Ils manifestent depuis plusieurs mois devant les locaux des deux géants du net, et réclament la fin pure et simple de leurs activités avec Israël.

Mardi 16 avril, en marge de plusieurs sit-in organisés à l’initiative de « No Tech for Apartheid », des employés de Google ont investi le bureau de Thomas Kurian, PDG de Google Cloud, au siège de Google à Sunnyvale en Californie. Ils ont refusé de sortir pendant près de dix heures avant d’en être délogés puis arrêtés par la police. Les premières craintes des employés de Google et Amazon quant à l’utilisation des technologies qu’ils développent ne datent cependant pas d’hier. En 2018, plus de 3 000 employés de Google avaient signé une lettre ouverte à l’attention de leur PDG Sundar Pichai affirmant que « Google ne devrait pas être impliqué dans le business de la guerre ». Une levée de boucliers qui avait poussé l’entreprise, cette même année, à mettre fin à son partenariat avec le Pentagone dans le cadre du développement d’une intelligence artificielle, connue sous le nom de « Projet Maven ».

Cette fois, le « projet Nimbus » est destiné à un usage civil pour certains « ministères du gouvernement israélien, tels que la santé, le transport et l’éducation », a affirmé un porte-parole de l’entreprise au Time, prenant soin de préciser qu’il n’était pas destiné à un usage militaire ou de renseignement. Sauf que d’après les dernières informations de l’hebdomadaire US, les technologies fournies par Google dans le cadre de ce projet sont bel et bien accessibles au ministère de la Défense israélien. Selon un document daté du 27 mars 2024 que le magazine a pu consulter, Israël et Google Cloud ont renforcé leur partenariat et l’armée israélienne aurait désormais la possibilité de stocker et de traiter de nombreuses données tout en accédant aux technologies d’intelligence artificielle de Google. Des révélations qui interviennent alors même que de nombreuses sources rapportent depuis plusieurs semaines que l’armée israélienne aurait utilisé l’IA pour massivement bombarder la bande de Gaza. Aucune preuve ne permet jusqu’ici d’affirmer que les technologies de Google ont été utilisées dans ce cadre. Mais si tel était le cas, cela violerait très clairement les principes édictés par l’entreprise en matière d’utilisation de l’intelligence artificielle. Google énonce clairement dans sa charte que ses travaux sur l‘IA ne doivent pas être utilisés pour développer « des armes ou d’autres technologies dont le but principal ou la mise en œuvre est de causer ou de faciliter directement des blessures à des personnes ».

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