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Les pourparlers d’un cessez-le-feu à Gaza perdurent : B. Netanyahu bloque les rouages…

Une course contre la montre semble toujours engagée pour débloquer la crise palestino-israélienne qui a pris les dimensions d’un génocide à ciel ouvert dans la bande de Gaza. Dans ce cadre, Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, a déclaré que la partie américaine avait fait une proposition sérieuse que le Hamas devrait accepter. La partie palestinienne s’est déjà exprimée sur le sujet en assurant être favorable à des négociations crédibles qui prennent en considération ses exigences. A Tel-Aviv, le Premier ministre israélien traine des pied sur le dossier des otages, ce qui lui vaut l’ire des familles sionistes.
Les pourparlers d’un cessez-le-feu à Gaza perdurent : B. Netanyahu bloque les rouages…

Sami Abou Zahri, responsable du Hamas a assuré que les propositions américaines « mettent l’accent sur la restitution des captifs de l’occupation israélienne et ignorent les revendications de notre peuple ». Mais « nous n’accepterons aucun accord qui ne garantisse pas un cessez-le-feu immédiat et permanent », a-t-il ajouté. La diplomatie US a-t-elle révisé ses dossiers entre-temps ? Difficile à dire. D’après une source du Hamas citée par l’AFP la proposition d’accord mise sur la table prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines, la libération de 42 otages israéliens (dont des militaires, des enfants et des femmes âgées) en échange de 800 à 900 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont une centaine y purgeant de longues peines y compris à perpétuité. Ce projet propose en outre l’entrée de 400 à 500 camions d’aide alimentaire par jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre. Dans un deuxième temps, tous les autres otages seraient libérés… Contre quoi ? Motus et bouche cousue. Alors que les Palestiniens appellent à cessez-le-feu définitif, le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza et le retour des réfugiés vers leurs lieux desquels ils ont été forcés de partir par l’occupant et ses bombardements indiscriminés. La troisième phase comprendrait la remise des dépouilles des prisonniers israéliens tués. La chaine quatarie Al-Jazeera n’apporte pas de précisions sur les contreparties de cette troisième étape. De leur côté, les États-Unis affirment que les médiateurs ont présenté au Hamas une proposition de cessez-le-feu. « Maintenant, il revient au Hamas de la concrétiser », a affirmé John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, refusant de révéler des détails de cet accord pour ne pas le « torpiller ». Les pourparlers au Caire ont été « sérieux » mais il est trop tôt pour dire s’ils vont porter leurs fruits, souligne la Maison Blanche. Interrogé par la BBC, Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, se dit quant à lui plus « optimiste » qu’il y a quelques jours, ajoutant toutefois que les négociations sont loin d’être dans leur dernière « ligne droite ».

En attendant, et alors que le mois de Ramadan tire à sa fin, les boucheries menées par l’armée sioniste dans la bande de Gaza persistent. Au cours des dernières 24 heures, le ministère de la Santé à Gaza a signalé le martyr de 153 palestiniens auxquels s’ajoutent pas moins de 60 blessés. Cela porte le bilan des Palestiniens tués depuis le 7 octobre à 3.336 en plus de 75.993 blessés. La barbarie sioniste se dévoile depuis le retrait de l’armée d’occupation du complexe sanitaire Al-Chifa. Les fouilles ont permis d’exhumer pas moins de 409 cadavres. A Khan Younès, zone de laquelle l’armée sioniste vient de confirmer son retrait, une trentaine de cadavres ont été exhumés. Ces chiffres n’ont pas soulevé les cœurs des responsables occidentaux qui ont réagi avec véhémence contre l’assassinat ciblé des humanitaires. La logique du double standard étant ainsi vérifiée, une fois de plus…

Sur ces entre-faits, le redéploiement militaire à Gaza ne fait pas l’unanimité au sein même du gouvernement israélien. Plus, les États-Unis s’opposent à toute « invasion militaire massive » à Rafah. Yoav Galant, ministre israélien de la sécurité a informé Looyd Austin, patron du Pentagone, qu’aucune date n’a été encore fixée pour l’opération de Rafah. Le responsable israélien estime que l’entité sioniste se trouve « à un moment opportun » pour obtenir la libération des otages. Pour lui, les mois de guerre et les résultats sur le terrain de l’armée israélienne permettent à Israël une certaine souplesse dans le processus de prise de décision. Les propos de ce ministre, isolé au sein du gouvernement, suscitent des réactions de l’extrême droite qui s’interroge également sur le redéploiement de l’armée à Gaza.  Cette décision est critiquée en particulier par les ministres Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir. Ce dernier souligne sur les réseaux sociaux que si B. Netanyahu décide de mettre fin à la guerre contre le Hamas sans une offensive de grande envergure à Rafah, il « cessera d’avoir un mandat pour servir en tant que Premier ministre ». Le cabinet de sécurité doit se réunir pour prendre, indique-t-on, des « décisions graves ». Une réunion qui promet d’être agitée.

Contrairement aux révélations faites lundi par Benyamin Netanyahu assurant qu’une date était fixée pour une offensive sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Matthew Miller, porte-parole du Département d’État US, a affirmé que les États-Unis ont clairement fait savoir à « Israël » que « toute action militaire vers Rafah aurait de graves répercussions », soulignant que « son pays ne souhaite voir aucune action militaire contre la ville, sous aucun prétexte ». Il a ajouté que « le secrétaire d’État américain Anthony Blinken mènerait des consultations approfondies dans les prochains jours afin de discuter de cette question, d’une manière conforme aux conditions américaines déclarées ». La diplomatie américaine a exprimé sa conviction « qu’Israël est incapable d’expulser environ 1,5 million de Palestiniens de Rafah », soulignant que « Washington n’a pas constaté de date pour une invasion israélienne de la ville, et ne voit pas de signes d’une opération terrestre majeure imminente là-bas ».

Le porte-parole du Département d’État US a reconnu que « les mesures prises ne sont pas encore terminées et qu’elles auraient dû être mises en œuvre depuis longtemps », soulignant « qu’elles devraient être un point de départ pour une voie plus globale et plus sûre ». En réponse à une question sur le retard dans le calendrier de l’action américaine, M. Miller a indiqué « qu’il existe un état de frustration parmi les responsables à Washington, qui voyaient que les mesures israéliennes mises en œuvre précédemment n’étaient pas suffisantes pour neutraliser les civils ». Dans son discours, il a évoqué les négociations en cours concernant un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, expliquant que l’équipe de négociation israélienne « dispose d’un mandat officiel pour mener des négociations et aller plus loin que jamais ».

M. Miller a également expliqué « qu’il n’y a aucune vérité dans les informations concernant le message de l’Iran, selon lequel sa réponse à l’attaque (contre son consulat à Damas) serait liée à la conclusion d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza ». Le responsable américain a réitéré l’inquiétude de Washington face à « l’ampleur croissante du conflit », soulignant que son pays « est encore en train d’évaluer la nature du bâtiment visé à Damas, s’il s’agit ou non d’une mission diplomatique », pour tenter de réduire la responsabilité de l’occupation dans le ciblage du consulat. Il a également noté qu’A. Blinken « a réitéré la vision des États-Unis concernant la nécessité pour les Palestiniens de retourner dans le nord de la bande de Gaza, tout en reconnaissant l’étendue des dégâts causés aux maisons et aux infrastructures des résidents ».

Le porte-parole du Département d’État américain a déclaré que les États-Unis « ont informé Israël à plusieurs reprises de l’importance du travail de l’UNRWA dans la bande de Gaza et de la nécessité de sa continuité », alors que l’administration US a été le chef de file des puissances occidentales à geler l’aide accordée à l’agence onusienne sur la foi d’assertions israéliennes hasardeuses sur une prétendue collusion entre cet organe et le Hamas.  Il a ajouté que le plus important est de « parvenir à un cessez-le-feu », notant en même temps que l’évaluation de Washington indique « qu’Israël n’a pas violé le droit humanitaire », malgré le martyre de plus de 33 000 Palestiniens jusqu’à présent, à la suite de la guerre d’extermination qu’elle mène.

A signaler que les présidents français et égyptien ainsi que le roi de Jordanie signent une tribune dans le journal Le Monde « pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza ». Les trois responsables réaffirment ainsi leur opposition à toute action contre Rafah. « La guerre à Gaza et les souffrances humaines catastrophiques qu’elle entraîne doivent cesser immédiatement », estiment les trois dirigeants. Ils appellent de leurs vœux « une solution à deux États », « seule option crédible pour garantir paix et sécurité pour tous et faire en sorte que ni les Israéliens ni les Palestiniens n’aient à revivre les horreurs qui les ont frappés depuis les attentats du 7 octobre 2023 ».

Les trois chefs d’État demandent par ailleurs « une mise en œuvre immédiate et inconditionnelle de la résolution 2 728 du Conseil de sécurité des Nations unies […] face au nombre intolérable de victimes », c’est-à-dire un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

Sur une éventuelle offensive israélienne à Rafah, les signataires de la tribune préviennent : « Une telle offensive ne fera qu’accroître les pertes humaines et les souffrances, aggraver le risque et les conséquences d’un déplacement forcé massif de la population de Gaza et entraîner une menace d’escalade dans la région ».

Emmanuel Macron, Abel Fatah Al-Sissi et Abdallah II s’assurent « déterminés à intensifier [leurs] efforts pour répondre aux besoins humanitaires, médicaux et sanitaires de la population civile de Gaza, en étroite coordination avec le système des Nations unies et avec nos partenaires régionaux ». Ils exhortent par ailleurs l’État hébreu à « facilite[r] l’utilisation de tous les points de passage pour acheminer cette aide humanitaire, y compris dans le nord de la bande de Gaza et par un couloir terrestre direct avec la Jordanie, ainsi que par la mer ».

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