La résurrection et le développement de cette organisation politique est le fruit du processus démocratique entamé officiellement au Maroc au milieu des années 70 du vingtième siècle et plus précisément le lendemain de la marche verte organisée pour la récupération des provinces du sud du royaume.
Le PPS n’est pas né de la dernière pluie. Il succède plutôt au Parti de la Libération et du Socialisme (PLS) qui lui-même est l’héritier du Parti Communiste Marocain (PCM) dont la naissance remonte au mois de novembre 1943. Du coup, le parti dit de la classe laborieuse existe depuis un peu plus de quatre-vingts ans.
Longtemps, il a été considéré comme un parti d’avant-garde dont les militants, tant à la base qu’au sommet de la pyramide, sont quasiment une pléiade d’intellectuels épris de rationalisme et de citoyens issus de diverses classes sociales d’obédience progressiste ayant choisi de défendre l’intérêt général et particulièrement celui des couches sociales défavorisées voire démunies. L’élite politique tenant jadis les rennes du PPS était beaucoup plus soucieuse de voir le pays accéder au rang des États jouissant parfaitement de la démocratie, des droits de l’Homme et de la liberté d’expression.
Au fil de son existence, ne serait-ce que depuis les années 70, le parti d’Ali Yata va se transformer de fond en comble. Hormis la phase des vaches grasses du militantisme pur et dur de la fin des années 70 et durant les années 80 où les cadres et militants subissaient des arrestations et/ou d’autres formes de persécution à cause de leurs convictions politiques et de leurs prises de position osées comme lors des deux référendums du début des années 80 suite à quoi le PPS serait représenté au parlement par un ou deux députés seulement et quelques élus éparpillés à travers les diverses et nombreuses collectivités locales, l’héritier du PCM et du PLS va entamer une nouvelle phase à partir de 1998. Celle de l’inauguration d’une nouvelle ère politique grâce au compromis historique contracté entre feu Hassan II et les leaders défunts des trois partis de la Koutla démocratique en l’occurrence M’hamed Boucetta, Abderrahmane El Youssoufi et Ali Yata, respectivement chefs du Parti de l’Istiqlal (PI), de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) et du PPS.
Il s’en suit une vingtaine d’années de participation aux gouvernements d’Abderrahmane El Youssoufi, de Driss Jettou, d’Abbas El Fassi, d’Abdelilah Benkirane et de Saadeddine Othmani. Exceptée la participation aux trois premiers gouvernements qui allait de pair avec les idées prônées et les alliances naturelles défendues par la quasi-totalité des militants du PPS, les deux autres gouvernements sous la houlette du Parti de la Justice et du Développement (PJD) vont porter un coup dur au PPS qui, peut-être, va être mieux représenté au sein des gouvernements dirigés de 2012 à 2019 par le PJD, mais va désormais perdre sa crédibilité auprès des citoyens et des autres partis de la même famille idéologique tant au Maroc qu’à l’étranger.
Quelques années avant le décès d’Ali Yata, Secrétaire général successivement du PCM, du PLS et du PPS, et précisément juste après la tenue en 1995 du cinquième congrès du PPS, la première dissidence menée par Thami El Khyari et ses acolytes contre Ali Yata et la majorité de la direction légitimement élue au terme dudit congrès va avoir lieu pour aboutir à une scission qui va donner naissance au Front des Forces Démocratiques (FFD) affaiblissant ainsi le PPS alors qu’il se préparait à participer aux élections législatives qui décideront du sort de la composition du gouvernement d’alternance à un point tel que le FFD fraîchement créé sur les décombres du PPS va obtenir plus de députés que le parti qui l’a engendré. Laquelle scission aura plus d’impact sur le plan électoral qu’au niveau organisationnel du parti.
Outre la révolte de T. Lakhyari et ses camarades fondateurs du FFD, le PPS va vivre une nouvelle dissidence baptisée « La zilna 3ala tariq » qui aura plus d’incidence sur le PPS au niveau organisationnel que du point de vue électoral.
Il est à noter que les deux mouvements de révolte contre la légitimité du PPS, tant au temps d’Ali Yata qu’à celui d’Ismaïl Alaoui, ont été bien gérés. À ma connaissance, exceptés ceux qui ont choisi de quitter de bon gré le parti ou de geler leurs activités, nul militant n’a été malmené par la direction du PPS ni chassé manu militari par celle-ci.
Un quart de siècle après la disparition d’Ali Yata, le 13 août de l’an 1997, alors que son parti était prêt à mener l’expérience du compromis historique conclu entre feu Hassan II et les partis de la Koutla démocratique qui était à la base du gouvernement d’alternance qui a évité au pays une éventuelle « crise cardiaque », la première expérience du PPS dans l’exercice du pouvoir va avoir un impact profond sur le pays et va être bénéfique à la succession de SM Mohammed VI à son défunt père Hassan II sur le trône de ses ancêtres.
Par ailleurs le Maroc va connaître une sorte de seconde « Révolution du Roi et du Peuple » sous le règne de Mohammed VI se couronnant par la constitution de juillet 2011 qui a épargné au Maroc les contrecoups et les soubresauts du soi-disant printemps arabe.
Immédiatement après le départ d’Ali Yata et pendant plus de vingt ans, le PPS va participer aux divers gouvernements qui se sont succédé de mars 1998 à octobre 2019. Pendant plus de vingt ans donc, le parti d’Ali Yata participe à la gestion des affaires publiques au niveau gouvernemental.
À l’exception de la participation aux gouvernements d’Abderrahmane El Youssoufi, de Driss Jettou et d’Abbas El Fassi, formés à la suite d’alliances naturelles et auxquels avaient participé des ministres du PPS qui croyaient vraiment aux principes et aux valeurs progressistes comme Ismail Al-Alaoui, Mohammed Saïd Saadi, Omar Fassi Fihri, Khaled Naciri et Nouzha Sqali, qui ne se souvient pas que le même PPS avait également participé aux coalitions gouvernementales chapeautées par Abdelilah Benkirane et Saadedfine Othmani dans le cadre d’alliances idéologiques hybrides. Et si l’on compare le bilan de l’apport du Parti du Progrès et du Socialisme dans la gestion des affaires gouvernementales sur la base de ces deux types d’alliances gouvernementales depuis le gouvernement d’alternance, les militants et les citoyens louent beaucoup plus les efforts déployés pour le bien du peuple et l’intérêt de la nation marocaine lors des trois premiers gouvernements et n’apprécient guère la participation aux deux derniers gouvernements. Ils ne peuvent qu’applaudir les bilans positifs des secteurs gouvernementaux gérés par nos camarades Ismail Alaoui, Mohammed Saïd Saadi, Omar Fassi Fihri, Khaled Naciri et Nouzha Sqali. La gestion de ces secteurs gouvernementaux tels que l’éducation, l’agriculture, la famille et la solidarité, la recherche scientifique et la communication supervisés par ces grands leaders politiques, a eu un impact significatif sur les militants et combattants du parti pendant la période dorée de la participation du PPS aux côtés des deux autres composantes de la Koutla démocratique, l’Union Socialiste des Forces Populaires et le Parti de l’Istiqlal.
Nul ne conteste les acquis du Parti du Progrès et du Socialisme quant à la sympathie et au soutien provenant de la part de ceux qui alors suivaient de près les affaires politiques de l’État marocain, ainsi que de ses alliés naturels. Grâce à sa participation aux gouvernements El Youssoufi, Jettou et El Fassi, les intérêts aussi bien de la patrie que ceux de la classe laborieuse et de la classe moyenne étaient défendues avec détermination et dévouement par le parti de feu Ali Yata conformément aux objectifs figurant dans les documents politiques, économiques et sociaux qui ont été approuvés par les congrès aux termes desquels Ismail Alaoui a été élu Secrétaire Général après le décès du défunt chef charismatique du PCM, du PLS et du PPS.
La meilleure chose dont doivent s’énorgueillir les militants du PPS et avoir de bons souvenirs des regrettés camarades et martyrs du Parti et particulièrement la première génération d’entre eux et à leur tête le regretté Ali Yata, vingt-six années après sa disparition, c’est de leur prouver que les générations progressistes présentes, tout en demeurant fidèles à la patrie, continueront de défendre de manière inconditionnelle les intérêts des classes exploitées contre toute forme d’injustice, contre l’oppression et pour la justice sociale. Aussi les militants du PPS ainsi que ses dirigeants honnêtes et authentiques tant au niveau national que régional ou local ainsi que ses organisations parallèles, ses élus, ses ex ministres et ses cadres supérieurs probes demeurent-ils très attachés aux principes et valeurs pour lesquels leurs camarades déjà décédés ou encore vivants ont chèrement payé.
À la mort d’Ali Yata, c’est Ismail Alaoui qui a été élu à la tête du PPS par la quasi-totalité des membres du Comité Central jusqu’en mai 2010 cumulant alors deux mandats outre les deux années qui restaient du mandat ultime d’Ali Yata.
Puis vint le tour de Mohamed Nabil Benabdellah qui, depuis novembre 2022, date de la tenue à Bouznika des travaux du 11 ème Congrès National du PPS dans les conditions que tout le monde connait permettant à ce patron de parti d’être le seul candidat éligible succédant à lui-même et cumulant ainsi, au terme de l’actuel mandat, quatre mandats… Comme si ce parti vieux de quatre-vingts ans manquait de cadres compétents susceptibles de diriger comme il se doit leur parti au grand désespoir des derniers dissidents en date en l’occurrence les membres du bureau politique et du comité central déclarant leur opposition à la candidature de Mohamed Nabil Benabdellah à un quatrième mandat. Lesquels cadres du PPS réunis au sein d’une structure du nom de « Sa nouwassil tariq » dont la décision arbitraire de leur renvoi du parti a été annulée par le tribunal administratif quelques semaines avant la tenue du 11 ème Congrès National du PPS.
Eu égard aux analyses de sa direction dont quelques-uns ont été reconduits au Bureau Politique ou au Conseil de Présidence qui, à la veille de tout congrès, se multiplient, rivalisent en mensonges et séduisent voire enthousiasment les gens non avertis, novices ou chevronnés soient-ils en politique, on a l’impression que c’est au sein du PPS qui prône la démocratie et la liberté d’expression qu’il est recommandé que tout citoyen soucieux du changement devrait militer à l’aise.
Mais à voir le comportement dictatorial de ces mêmes dirigeants du PPS qui excellent en analyses théoriques à caractère politique, économique ou social qui demeurent lettres mortes, c’est la grande déception quant aux actes et aux pratiques émanant de ces mêmes pauvres types.
Au PPS dans son look actuel, chaque fois que l’on chasse le ridicule, il revient, hélas, au galop…Au PPS perverti par Mohamed Nabil Benabdellah et ses zigotos, puisque dire n’est pas faire, à quoi bon s’enorgueillir en fabulant que ce parti a abandonné le centralisme démocratique qui n’est autre que l’exercice du pouvoir absolu par son secrétaire général inamovible et ses acolytes qui usent officiellement et publiquement au vu et au su des médias de l’approche consistant en ces termes très répandus chez les mafiosos « Lli dwa yar3af ».
Depuis l’accession de Mohamed Nabil Benabdellah au poste de Secrétaire général, le PPS, hélas n’arrive plus à savoir gérer comme auparavant ses dissidences. Le PPS est en train d’agoniser voire mourir pour cause d’absence de démocratie interne. Il souffre de mauvaise gestion et de conflits internes. Il a mal à sa démocratie interne à un point tel que tout militant osant dire non au brigadier-chef de la bande dirigeante est exclu du parti pour cause de lèse-secrétaire général.
Le rôle principal de tout parti politique qui se respecte ; et du PPS entre autres, doit être la motivation des citoyens à croire en la politique. Aujourd’hui plus que jamais, les partis politiques ont un rôle fondamental à jouer pour assurer les conditions de pleine participation politique des citoyens en général et des jeunes en particulier. Le PPS, à l’instar des partis politiques démocratiquement gérés doit être le modèle d’incarnation de la démocratie interne et des droits de l’homme individuels et collectifs stipulés dans la constitution s’il tient vraiment à faire adopter ses valeurs progressistes à un grand nombre de Marocains.
Le PPS doit toujours se rappeler qu’une véritable démocratie ne peut s’épanouir, grandir et mûrir sans la présence de partis politiques forts, équitables et crédibles qui contribuent à l’encadrement des citoyens et citoyennes, que ce soit avant, pendant ou après les événements électoraux de toutes sortes, que ce soit à l’échelon local, régional ou national. Les acteurs politiques du PPS et principalement ses dirigeants doivent inspirer la confiance. Aussi faut-il qu’ils renouvellent leurs méthodes de travail et améliorent leurs programmes politiques, économiques, sociaux, culturels, environnementaux et sportifs en fonction des desiderata, attentes et besoins des citoyens, tout en développant leur discours politique, ou d’élargir leur champ de rayonnement et d’influence politique pour attirer le plus grand nombre possible de citoyens issus des diverses composantes de la société marocaine. Ce qui est évidemment du ressort des partis politiques quant à l’encadrement des citoyens, c’est d’empêcher ces derniers de tomber dans la marginalisation, l’apathie politique ou de tomber entre les griffes de l’extrémisme, de l’obscurantisme et du terrorisme.
Et puisque la nature a horreur du vide, le PPS s’il se considère comme force politique sérieuse et porteuse d’un vrai projet de société démocratique moderne élaboré de manière participative conjointement entre les militants de la base et les dirigeants d’un parti digne de respect dans le cadre de structures partisanes démocratiquement élues sur la base de projets bien sûr viables et susceptibles d’être mis en œuvre dès que le parti politique conquiert la confiance des électeurs lui permettant d’accéder aux postes de décision.
Les dirigeants d’un parti politique vieux de plus de trois quarts de siècle doivent prendre conscience qu’ils ont l’obligation et le devoir de persuader les citoyens à participer à la vie politique afin d’approfondir l’expérience démocratique marocaine et d’élever le niveau de gestion des affaires locales, régionales et nationales dans la perspective de trouver les meilleurs moyens et les bonnes voies conduisant à réaliser ce à quoi aspirent tous les citoyens en termes de véritable pratique démocratique garantissant les droits de l’Homme, la prospérité, la sécurité et le bien-être pour tous les citoyens sans la moindre exclusion ou marginalisation. Et ce ne sont pas des énergumènes comme le fantoche actuel à la tête du PPS qui est habilité à gérer bien la chose politique au sein d’un parti vieux de huit décennies.
Par Mohamed KHOUKHCHANI *
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* Cadre PPS : • Ex Premier Secrétaire de la Section provinciale de Meknès ;
• Ex membre du Comité Central ;
• Ex membre du Bureau Politique ;
• Ex membre de la commission d’arbitrage et du contrôle politique.