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Le camp al-Hol sous emprise de Daech : Un laboratoire terroriste à ciel ouvert

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Après le démantèlement du califat territorial du groupe État islamique en mars 2019, Daech, organisation terroriste s’est repliée vers les zones désertiques en Syrie à partir desquelles elle mène des actions aussi sporadiques que meurtrières. Mais elle s’emploie également à perpétuer son idéologie, surtout dans le camp d’al-Hol, au nord-est de la Syrie, qui abrite des familles de l’organisation. Et à multiplier ses partisans par des mariages précoces.
Le camp al-Hol sous emprise de Daech : Un laboratoire terroriste à ciel ouvert

Daech y fait régner la terreur et mise sur les enfants en les abreuvant dès leur plus jeune âge de son idéologie extrémiste. Le groupe terroriste continue à mener des actions de guérilla contre l’armée syrienne et les forces kurdes soutenues par la coalition internationale menées par les États-Unis. L’attaque la plus spectaculaire a ciblé une prison de Hassaké, dans le nord-est syrien, où étaient détenus près de 5 000 de ses « combattants ». Après dix jours de combats, les forces kurdes appuyées par la coalition internationale ont repris le complexe carcéral au prix de 500 morts dont 350 jihadistes et 150 combattants kurdes.

Au-delà de l’action militaire, Daech s’emploie à perpétuer son idéologie radicale. Ses efforts se concentrent sur les réfugiés de l’immense camp d’al-Hol qui jouxte la frontière irakienne. Cet immense camp, qui abrite des familles de l’organisation extrémiste, est considéré par les experts comme un « incubateur » de jihadistes.

Cette prison à ciel ouvert est gérée par l’administration autonome kurde. Mais en réalité, c’est la loi de Daech qui prime. Al-Hol compte 51 000 détenus de nationalité syrienne et irakienne, dont 32 000 enfants, répartis dans 14 000 familles. Dans une aile réservée aux étrangers se trouvent aussi plus de 7 500 personnes, dont des centaines de ressortissants occidentaux, répartis dans 2 250 familles. On y compte 5 300 enfants.

Le camp est presque entièrement habité par des femmes et des enfants. Ils sont séparés des hommes, qui sont détenus dans d’autres prisons pour des raisons de sécurité.

Malgré tous les moyens utilisés, l’administration kurde n’a jamais réussi à éradiquer l’influence de Daech qui dispose de cellules clandestines et même d’une police chargée d’appliquer les préceptes de l’organisation : ceux qui s’y opposent sont liquidés.  En 2022, 36 personnes soupçonnées de collaborer avec l’administration du camp ou avec les humanitaires ont été passés par les armes.

Pour perpétuer son idéologie radicale, Daech cible en particulier les enfants. Appelés les « lionceaux du califat », ils baignent dès leur plus jeune âge dans l’idéologie extrémiste transmise par les plus âgés et par leurs mères.

Une enquête publiée cette semaine par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) fait état d’un plan stratégique mis en œuvre par la direction de l’organisation pour créer une nouvelle génération de partisans fanatisés. L’étude souligne que 60 naissances ont lieu tous les mois dans le camp, un taux nettement plus élevé que la moyenne normale. Depuis l’ouverture du camp, 3 500 naissances y ont été enregistrées. L’OSDH, qui cite des travailleurs humanitaires locaux et occidentaux, affirme que les garçons sont encouragés, voire « forcés » de se marier dès l’âge de 14 ans, pour augmenter la population.

Une source humanitaire syrienne fait état de fatwas (décrets religieux) pour légitimer cette pratique et autoriser les adolescents à prendre pour épouse des femmes parfois nettement plus âgées dans le seul but de procréer.

L’administration du camp et les organisations internationales sont conscientes de ce phénomène. Pour y faire face, la principale mesure consiste à envoyer les enfants dans des centres de réhabilitation et de rééducation pour les soustraire à l’influence du groupe terroriste. Walid Jouli, chercheur à l’OSDH, préconise de placer les enfants dans ces centres dès l’âge de six ans, de limiter et de surveiller les rencontres avec leurs mères. Ces mesures peuvent être jugées inhumaines et restent surtout insuffisantes : l’administration kurde a ouvert trois centres de réhabilitation seulement, qui sont dans l’incapacité d’accueillir tous les enfants concernés.

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