« La station automatique russe « Luna-25 » a décollé du cosmodrome Vostochny », dans l’Extrême-Orient russe, et « s’est détachée du remorqueur spatial qui l’avait placée sur la trajectoire de vol vers la Lune », a déclaré Roscosmos sur sa chaîne Telegram. Le lancement a eu lieu vendredi 11 août à l’heure prévue, soit 2h10 du matin, heure de Moscou (23h10 GMT).
L’engin spatial doit atterrir dans les environs du pôle Sud de la Lune, où aucun satellite humain ne s’est encore posé. « La mise de l’appareil en orbite lunaire de 100 km de haut est prévue le 16 août, et son alunissage en douceur sur la surface du satellite naturel de la Terre est attendu le 21 août au nord du cratère de Bougouslavski », a précisé un autre communiqué de Roscosmos.
Le professeur Mitrofanov de l’Institut de recherches cosmiques de l’Académie des sciences russe (IKI RAN), a expliqué dans une interview à la chaîne Zvezda les objectifs radicalement nouveaux de cette mission. Le scientifique a en effet expliqué qu’« en 1976, il s’agissait de ramener un prélèvement du sol lunaire, point ». Mais le but de cette mission sera d’étudier la zone des pôles car, toujours selon le professeur, « on s’est aperçu que dans la région des pôles, c’est d’une tout autre Lune dont il s’agit (…) S’y sont accumulées des compositions volantes d’origine cosmique, dont de l’eau, sans doute amenée par des comètes. En d’autres termes, il y a là-bas du pergélisol, de la substance qui existait il y a longtemps entre les planètes, et peut-être entre les étoiles ».
Au micro de Ria Novosti, Iouri Borissov, directeur de Roscosmos, a déclaré qu’« il y aurait en tout quatre missions : Luna-26 en 2027, Luna-27 en 2028 et Luna-28 après 2030. Ensuite, la Russie et la Chine passeront à la phase de visite pilotée de la Lune et de construction d’une base lunaire ». Il a ajouté que « la Lune serait un tremplin pour l’exploration des planètes et de l’univers lointains ».
En Occident, le lancement de la station russe a été suivi de près. Un éditorial du New York Times a ainsi relevé que la mission avait lieu à un moment où « l’Europe et l’Amérique cherch[ai]ent à isoler la Russie, qui tente en retour de renforcer ses liens politiques et économiques avec des pays non occidentaux. L’un de ces efforts est le programme spatial ». Si les Russes réussissaient, « ce sera[it] une énorme avancée technologique et scientifique », a de son côté fait remarquer Tim Marshall, auteur de The future of Geography, un livre sur la géopolitique de l’espace dans Politico. Arguant que « le débarquement réussi des Russes et des recherches fructueuses marquer[ai]nt un grand pas en avant dans la mise en œuvre des plans visant à créer une base lunaire avec la Chine d’ici les années 2030 ». Il s’agit de la première mission russe visant la Lune depuis un demi-siècle.