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Il y a 20 ans, les Américains envahissaient l’Irak : Inquiétantes révélations…

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Les États-Unis ont planifié l'effondrement de l'Irak, estime Ayad al-Toufane, brigadier général irakien qui, avec ses hommes, ont été les premiers à avoir affronté l’agression US en mars 2003. Il pointe l’usage excessif d’armes lourdes dans les zones résidentielles et évoque un cas d’utilisation présumée d’armes chimiques par les Américains.
Il y a 20 ans, les Américains envahissaient l’Irak

Vingt ans après l’intervention US en Irak, les conséquences s’en font toujours sentir, souligne auprès de Sputnik Ayad al-Toufane qui a commandé la 7e brigade des garde-frontières de l’armée irakienne au moment de l’opération américaine en 2003.

L’ancien militaire date le début de l’invasion américaine non pas à partir du 20, mais du 17 mars 2003: dans ses souvenirs, c’est ce jour-là qu’apparaissent les premiers signes d’agression militaire. Au printemps 2003, A. al-Toufane sécurisait 22 postes-frontières sur un tronçon de 574 km de la frontière irakienne. Ceux-ci sont devenus les zones les plus dangereuses de combats avec les troupes US avant leur arrivée à Bagdad. Le 17 mars, à deux heures du matin, quatre hélicoptères américains ont détruit tous les avant-postes où était stationné le personnel de sa brigade, raconte l’ancien militaire. « Nous surveillions déjà les activités [des Américains, ndlr] et comprenions que la guerre était imminente », se rappelle-t-il.

Les troupes américaines ont fait un usage excessif de la force, utilisant des armes lourdes à proximité des zones résidentielles, témoigne l’ancien militaire. « Ils ont utilisé toutes sortes d’armes contre les civils pour influer sur leur moral et les forcer à retirer leur soutien à l’armée irakienne combattante. Par conséquent, leurs bombardements visaient non seulement des installations militaires, mais également des villes », poursuit le brigadier général. D’après lui, « les États-Unis ont planifié l’éclatement de l’Irak ».

A. al-Toufane révèle les détails de la bataille pour l’aéroport de Bagdad qui a eu lieu les 3-4 avril 2003. D’après lui, à cette période, « l’un des crimes les plus atroces » a été commis par les troupes US. Suite à une contre-attaque des troupes irakiennes, « les Américains ont eu recours à des armes chimiques, qui ont littéralement fait fondre la chair humaine », relate-t-il.

« J’ai vu beaucoup de squelettes calcinés », affirme-t-il, ajoutant que la zone où les combats ont eu lieu a ensuite été transformée en une zone fermée d’accès pour les Irakiens.

Cinq ans plus tard, les troupes US ont lancé des appels d’offres pour apporter de la terre depuis l’extérieur de la ville, selon l’ancien militaire. « Le sol a été remplacé sur une profondeur de 5 à 10 mètres pour cacher toute trace d’utilisation criminelle d’armes chimiques » , assure-t-il.

Baptisée Liberté irakienne, l’intervention US en Irak a pris fin le 1er mai 2003. L’opération a été justifiée par la détention présumée par Saddam Hussein d’armes biologiques de destruction massive. Ces informations du renseignement US n’ont pourtant jamais été confirmées. Le nombre de victimes du conflit n’est pas connu avec exactitude et varie, selon les études et les estimations, de 100.000 à plus d’un million de morts pour la période 2003-2011, combattants et civils confondus.

« Choc et effroi »

Les États-Unis se sont servis de ce type d’invasion pour intervenir ensuite dans d’autres pays arabes, avance Farouk al Fityan, ancien ambassadeur irakien en Grèce. « Si nous regardons la réalité arabe aujourd’hui, nous voyons que le schéma testé en Irak a ensuite été mis en œuvre en Libye, au Soudan et en Syrie. Le monde arabe a été mis dans une situation difficile il y a 20 ans », détaille-t-il.

Selon lui, les dirigeants étaient convaincus qu’il n’y aurait pas d’invasion US, ils s’attendaient à ce que tout se limite à des frappes aériennes ciblées.

Selon le diplomate iranien Musa Alizade-Tabatabai, les conséquences dévastatrices de l’intervention se font sentir même après sa fin. « En tant qu’ambassadeur adjoint d’Iran en Irak [à l’époque], j’ai été témoin du fait que les États-Unis ont détruit toutes les infrastructures de ce pays. Et pour cette raison, aujourd’hui, 20 ans plus tard, malgré l’abondance de pétrole et d’autres ressources naturelles nombreuses, le peuple irakien fait face à de nombreux problèmes pour satisfaire ses besoins de base. Même à Bagdad, les gens souffrent de coupures d’eau et d’électricité pendant plusieurs heures, jour et nuit », rappelle-t-il.

Deux décennies après l’invasion, il y a peu de preuves que la classe politique américaine ait appris de ses erreurs, considère Scott Ritter, inspecteur en chef des armes des Nations unies dans le pays de 1991 à 1998.

D’après cet ancien militaire US, la principale raison pour laquelle George Bush a décidé d’intervenir militairement est qu’il craignait que la richesse pétrolière existante de l’Irak ne donne à Saddam Hussein une influence disproportionnée sur les marchés pétroliers mondiaux.

« Nous avons dû reconfigurer ce conflit en nous concentrant non pas sur la réalité géopolitique, mais sur la création, à partir de Saddam Hussein, d’un ennemi semblable à celui d’un dessin animé », a-t-il expliqué.

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