En dépit des pressions subies, notamment de la part des USA, Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé à la Chambre préliminaire de la Cour de délivrer « de toute urgence » des mandats d’arrêt à l’encontre de Benyamin Netanyahu, Premier ministre israélien, et Yoav Gallant, ministre de la Défense ainsi que des dirigeants du Hamas Yahya Sinwar et Mohammed Deif. « Les mandats d’arrêt sont nécessaires pour s’assurer qu’ils n’entravent pas ou ne mettent pas en danger l’enquête ou la procédure judiciaire, qu’ils n’empêchent pas la poursuite de la commission des crimes allégués et/ou la commission d’autres crimes relevant du Statut de Rome », a écrit Karim Khan lundi. En mai, K.Khan a annoncé la décision de la Cour de délivrer des mandats d’arrêt à l’encontre de B. Netanyahou et de Y. Gallant, accusés d’avoir commis des crimes de guerre. Il avait également requis des mandats d’arrêt à l’encontre de trois dirigeants du Hamas, à savoir Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismail Haniyeh, assassiné en juillet lors d’une visite en Iran.
Dans sa nouvelle demande, Karim Khan a retiré la requête visant à obtenir un mandat d’arrêt à l’encontre de Haniyeh. Il n’a cependant pas retiré sa demande de mandat d’arrêt contre Deif, un dirigeant du Hamas qu’Israël a revendiqué avoir tué en juillet. Il a indiqué que le ministère public continue de recueillir des informations sur la « mort déclarée » de M. Deif et qu’il retirera sa demande « si des informations suffisantes et fiables confirment son décès ». S’il y a beaucoup pas à dire sur la décision du premier responsable de la CPI, les dirigeants du Hamas ne faisant qu’exercer leur droit à la résistance face à l’occupant israélien, le plus important réside dans la portée symbolique d’une telle décision qui pourrait réduire à néant l’immunité dont jouissent les responsables sionistes qui n’ont rien à envier aux pires criminels de guerre qu’il a été donné à l’humanité de connaitre. Attendons donc pour voir. Car ni les Américains, ni les Britanniques, alliés de l’entité sioniste par excellence, n’ont encore désarmé, eux qui assurent, avec d’autres parties occidentales, l’occupation israélienne de la Palestine.
Cette décision de la CPI intervient, en effet, le jour même où un nouveau massacre a été perpétré, tôt dans la matinée de mardi, par les bombardiers israéliens contre un camp de réfugiés palestinien à Khan Younès. La Défense civile de Gaza a annoncé que 40 personnes avaient été tuées et 60 blessées dans une frappe sur la « zone humanitaire » d’al-Mawassi à Khan Younès dans la nuit de lundi à mardi 10 septembre, l’armée israélienne affirmant avoir visé un « centre de commandement » du Hamas. Des bombes MK de 2000 livres ont été utilisées dans les raids sur al-Mawasi, assure la Défense civile, selon laquelle elles ont causé « trois grandes fosses jamais vues auparavant, de 9 mètres de profondeur ». « Ce qui a rendu difficiles les opérations de fouilles et de récupération des tués et blessés » d’autant qu’il n’y a pas de lumière. Une vingtaine de tentes ont pris feu. La Défense civile a indiqué ne pas disposer d’équipements nécessaires pour mener à bien ces opérations dans le milieu sablonneux de la région, procédant aux fouilles à la main. Des cadavres ont été retrouvés à une lointaine distance de l’endroit bombardé.
Au moins 32 Palestiniens ont été tués et 100 autres blessés lors de trois massacres de familles dans les attaques incessantes menées au cours des dernières 24 heures par Israël dans la Bande de Gaza, portant le bilan des victimes à 41.020 martyrs depuis le 7 octobre dernier, a indiqué le ministère de la Santé de la Bande de Gaza. Le communiqué ajoute que quelque 94 925 autres personnes ont été blessées dans les attaques en cours.
Des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés ont trouvé refuge dans ce réduit côtier de 46 km2. L’armée israélienne a cependant continué à mener périodiquement des opérations dans la zone, y compris une frappe en juillet qui, selon les autorités sanitaires, a tué plus de 90 personnes, dont M. Deif, chef militaire du Hamas, selon Israël. Presque toute la population gazaouie a été déplacée au moins une fois en près d’un an de guerre. Des dizaines de milliers de personnes quittent à chaque évacuation leurs logements ou abri de fortune, en emportant avec elles leurs affaires, sans savoir parfois où aller.
Tor Wennesland, émissaire de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, a condamné mardi les frappes aériennes israéliennes sur une zone humanitaire dans la bande de Gaza, qui ont fait 40 morts, selon la Défense civile gazaouie. « Je condamne fermement les frappes aériennes meurtrières menées aujourd’hui par Israël dans un secteur densément peuplé, une zone humanitaire définie par Israël à Khan Younès où s’abritaient des personnes déplacées », a-t-il déclaré dans un communiqué. Il a ajouté que « les civils ne devaient jamais être utilisés comme boucliers humains », en référence aux déclarations de l’armée israélienne affirmant avoir visé un centre de commandement du Hamas.
Appel pressant aux Arabes
Le portail américain Axios a dévoilé un télégramme adressé par la diplomatie israélienne à Washington l’appelant à sanctionner l’Afrique du Sud, y compris via le recours à la « rupture des relations commerciales » si ce pays n’abandonne pas sa plainte contre Israël.
« Nous vous demandons de commencer immédiatement à travailler avec les législateurs, les gouverneurs et les organisations juives pour faire pression sur l’Afrique du Sud afin qu’elle change sa politique à l’égard d’Israël », indique le télégramme cité par Axios.
Fin août, le Président sud-africain s’est déclaré confiant dans le verdict de la Cour internationale de la Justice sur le génocide commis selon lui par les forces israéliennes à Gaza.
Sur ces entre-faits, Oussama Hamdan, haut-responsable du Hamas, a appelé les ministres arabes des Affaires étrangères, réunis au Caire, à « assumer leurs responsabilités à la lumière de l’agression israélienne et de la guerre de génocide à Gaza ». Faute de pouvoir se déplacer, il a souligné dans un discours retransmis en direct à distance ,que « l’agression de l’occupation ne menace pas seulement les Palestiniens, mais constitue plutôt une menace à la sécurité nationale arabe », ajoutant « nous attendons de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères à des pressions sur l’occupation et ses partisans pour mettre fin à l’agression et au génocide à Gaza ». « Nous attendons avec impatience que la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères fasse pression sur l’occupation pour qu’elle mette fin à la guerre, ouvre les points de passage et rompre les relations politiques, diplomatiques et économiques avec son entité », a encore ajouté le responsable du Hamas.
O. Hamdan, a évoqué les violations israéliennes contre les Palestiniens, expliquant que « l’occupation poursuit sa guerre génocidaire à Gaza, dont la dernière en date est le massacre d’Al-Mawasi », ajoutant que « l’occupation continue d’imposer le siège et les restrictions aux Palestiniens, en particulier dans le nord, où des maladies contagieuses se propagent et la famine sévit ». Rappelant que « le gouvernement d’occupation fait obstacle à la conclusion d’un accord d’échange de prisonniers en commettant avantages de massacres et en fixant des conditions impossibles », il a appelé les ministres arabes à « œuvrer pour ouvrir les passages, fournir une aide au peuple palestinien, condamner les crimes de l’occupation et dénoncer ses pratiques, protéger alQods et les lieux saints, et œuvrer pour empêcher les projets de l’occupation et rompre les liens avec son entité ».
Les propos d’O. Hamdan sont intervenus aujourd’hui mardi lors d’une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, en présence du ministre turc des Affaires étrangères et du commissaire aux Affaires étrangères de l’Union européenne. La réunion discutera d’un certain nombre de questions, notamment la question palestinienne, et la guerre israélienne en cours dans la bande de Gaza, depuis le 7 octobre de l’année dernière, sans oublier les tensions régionales et internationales qu’elle a provoquées et qui menacent la région d’ une guerre régionale qui nuira à tous les peuples .
Josep Borrel, Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’UE, a signalé lors d’une conférence de presse animée mardi au Caire avec Badr Abdelatty, ministre égyptien des Affaires étrangères, que « ceux qui mènent la guerre à Gaza sont eux-mêmes qui entravent l’accès à un accord pour un cessez-le-feu parce qu’ils bénéficient de l’immunité internationale et bloquent l’application des décisions de la Cour internationale de justice » Il a ajouté que « l’Egypte est un pays incontournable dans la mise en œuvre d’une solution à Gaza », en saluant ses efforts en faveur de la résolution des conflits régionaux en cours.
J. Borrel a réaffirmé que l’Union européen soutenait la médiation égypto-qatari-américaine pour parvenir à un accord garantissant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. « Nous continuerons de soutenir les efforts égyptiens pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, libérer les détenus et acheminer l’aide humanitaire » a-t-il insisté.
B. Abdelatty a affirmé de son côté que la crise à Gaza et en Cisjordanie avait largement dominé ses discussions avec le responsable européen. « Nous avons reconnu l’importance d’instaurer un cessez-le-feu et de parvenir à un accord pour l’échange des détenus et des prisonniers », a-t-il ajouté.
J. Borrell s’est également rendu à la ville d’Al-Arich pour inspecter le passage de Rafah et rencontrer les représentants des agences de l’ONU et du Comité de secours d’urgence (ERC). Il a accusé Israël de délibérément entraver l’entrée des médicaments et de la nourriture dans la bande de Gaza, lors d’une conférence de presse tenue au côté égyptien de la ville de Rafah où il s’est rendu lundi. « Ce qui se passe dans la bande de Gaza est une catastrophe fabriquée par l’homme. La ville n’a pas été frappée par un tsunami, un volcan où un tremblement de terre. Ce qui arrive à Gaza est horrible et une grave violation du droit humanitaire », a dit J. Borrell tout en soulignant que les aides sont bloquées en raison de l’intransigeance d’Israël.
La visite de J. Borrell s’inscrit dans le cadre des efforts « visant à prévenir une nouvelle escalade », selon un communiqué de l’UE publié dimanche 8 septembre