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Confrontation russo-occidentale en Ukraine : La contre-offensive de Kiev a commencé

Dans le sillage de l’attaque du barrage de Kakhovka, Russes et Ukrainiens s'accusent mutuellement d'avoir fait exploser lundi 5 juin le pipeline de Togliatti-Odessa, essentiel pour l'exportation d'ammoniac et les engrais. Tout cela conforte la thèse selon laquelle Kiev aurait lancé la contre-offensive prévue au printemps.
La contre-offensive de Kiev a commencé

L’explosion a eu lieu lundi soir près de Massioutovka, petit village contrôlé par les forces russes dans la région de Kharkiv (nord-est de l’Ukraine). Selon le ministère russe de la Défense, l’explosion de ce pipeline d’ammoniac de 2400 km, le plus long du monde, serait l’œuvre d’un « groupe de sabotage ukrainien ». « Plusieurs civils ont été blessés. On leur a apporté toute l’assistance médicale nécessaire », précise le ministère.

Le pipeline, qui relie la ville russe de Togliatti, sur les rives de la Volga, à Odessa, le port ukrainien le plus important de la mer Noire, permettait à la Russie d’exporter annuellement plus de 2,5 millions de tonnes d’ammoniac – composant clé des engrais minéraux – notamment à destination de l’Union européenne. Il a été mis en service pour exporter les produits de l’entreprise chimique de Togliatti, le plus grand producteur russe d’ammoniac et l’un des plus importants dans le monde. Le transit via ce pipeline, construit à la fin des années 1970, a été suspendu avec le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022.

Côté ukrainien, Oleg Sinegoubov, chef l’administration militaire de la région de Kharkiv, avait accusé mardi la Russie d’être responsable de la destruction du pipeline. « La vie et la santé des gens ne sont actuellement pas en danger », avait-il assuré.

La reprise du fonctionnement de l’infrastructure, réclamée par Moscou, fait partie des négociations, avec la participation de l’ONU, sur l’accord céréalier qui a permis l’exportation de millions de tonnes de céréales ukrainiennes. « Ce pipeline d’ammoniac était crucial pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde », a déclaré mercredi Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe. Elle a accusé l’Ukraine d’avoir « porté un coup dur aux efforts de l’ONU dans la lutte contre la faim ». « Le seul qui n’avait pas d’intérêt à ce que le pipeline d’ammoniac reprenne son travail, c’est le régime de Kiev », a affirmé la diplomate.

L’accord céréalier a été signé le 22 juillet 2022 par l’ONU, l’Ukraine, la Russie et la Turquie. Cet accord crucial pour l’approvisionnement alimentaire mondial, qui a permis l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire, a été renouvelé en mai pour deux mois, jusqu’au 17 juillet, alors que Moscou réclame des garanties sur un autre accord concernant ses exportations, notamment d’engrais.

« À ce stade, 24 localités en Ukraine ont été inondées », a précisé le ministre ukrainien de l’Intérieur, Igor Klymenko. Les autorités installées par les Russes dans les régions qu’ils occupent ont quant à elles dit avoir commencé l’évacuation de la population de trois localités, mobilisant une cinquantaine de cars. Vladimir Leontiev, le maire mis en place par Moscou à Nova Kakhovka, où se trouve le barrage, a indiqué que sa ville était sous les eaux et que 900 de ses habitants avaient été évacués.

Le président ukrainien a accusé la Russie d’avoir « fait exploser une bombe » sur le barrage. Elle l’avait miné, avait-il affirmé en octobre dernier. « Il est physiquement impossible de le faire sauter d’une manière ou d’une autre de l’extérieur, avec des bombardements », est la version donnée par Moscou.

« Le monde doit réagir. La Russie est en guerre contre la vie, contre la nature, contre la civilisation », a martelé Volodymyr Zelensky, assurant toutefois que cela « n’affecterait pas la capacité de l’Ukraine à libérer ses propres territoires ». Pour Kiev, les Russes auraient agi ainsi en vue de « freiner » l’offensive de son armée. Car si les lignes défensives russes le long du Dniepr vont être submergées, c’est surtout une potentielle opération militaire ukrainienne dans cette région qui risque d’être entravée. Le Kremlin a dénoncé un acte de « sabotage délibéré » et a « fermement » rejeté les accusations ukrainiennes, appelant la communauté internationale à « condamner » Kiev pour la destruction du barrage.

L’Ukraine qui avait affirmé la veille avoir gagné du terrain près de Bakhmout, dans l’est, tout en relativisant l’ampleur des « actions offensives » menées ailleurs sur le front. La Russie dit pour sa part repousser ces attaques d’envergure, tout en reconnaissant mardi que 71 de ses soldats étaient morts et 210 avaient été blessés ces derniers jours. Et ce, alors que l’armée russe fait rarement état de ses pertes.

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