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Barrage de la Renaissance sur le Nil: Le Caire condamne les décisions unilatérales d’Addis-Abeba

L’Ethiopie a annoncé dimanche avoir terminé le remplissage du grand barrage de la Renaissance, qu’elle a construit sur le Nil, ravivant les tensions avec l’Egypte, qui a condamné une opération « unilatérale » et « illégale ». Le Soudan, autre pays situé en aval de ce méga-barrage présenté comme le plus grand d’Afrique, n’avait pas encore réagi.
Barrage de la Renaissance sur le Nil : Le Caire condamne les décisions unilatérales d’Addis-Abeba

Ces dernières années, Khartoum et Le Caire, qui voient le barrage comme une menace pour leur approvisionnement en eau, ont à plusieurs reprises demandé à l’Ethiopie de cesser le remplissage du réservoir du grand barrage de la Renaissance (GERD) en attendant un accord tripartite sur ses modalités de fonctionnement.
« Il y a eu beaucoup de défis, nous avons souvent été poussés à faire marche arrière. Nous avons eu un défi interne et des pressions extérieures. Nous avons atteint [ce stade] en faisant face avec Dieu », a déclaré dimanche le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, dans un message posté sur le réseau social X. « Je crois que nous terminerons ce que nous avons prévu », a-t-il affirmé. Le bureau du premier ministre a ensuite posté plusieurs photos montrant Abiy Ahmed sur le site du barrage avec un message en anglais : « Notre persévérance nationale envers et contre tout a porté ses fruits ! »

Le ministère des affaires étrangères égyptien a dénoncé cette opération. Le « remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance sans accord avec les deux pays en aval [Egypte et Soudan] est (…) illégal » et « pèsera » sur les négociations entre les trois pays, a-t-il affirmé dans un communiqué. L’Egypte s’inquiète grandement de cette infrastructure car elle dépend du Nil pour 97 % de ses besoins en eau.

Avec ce méga-barrage hydroélectrique (1,8 kilomètre de long et 145 mètres de haut) capable de générer à terme plus de 5 000 mégawatts, l’Ethiopie entend doubler sa production d’électricité, à laquelle environ seulement la moitié de ses quelque 120 millions d’habitants ont actuellement accès.

Jugé vital par Addis-Abeba, le GERD, qui a coûté environ 3,5 milliards d’euros, est au cœur d’un conflit régional depuis que l’Ethiopie a commencé sa construction en 2011. Longtemps dans l’impasse, les négociations entre l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan ont repris au Caire le 27 août, dans le but de parvenir à un accord « tenant compte des intérêts et des préoccupations des trois pays », avait affirmé le ministère de l’eau et de l’irrigation égyptien.

Plus tôt, Abdel Fattah Al-Sissi, président égyptien, et le premier ministre éthiopien s’étaient donné quatre mois pour parvenir à un accord sur le remplissage et l’exploitation du barrage, lors d’une rencontre en marge d’un sommet de dirigeants africains sur la guerre au Soudan.

La position de Khartoum a, elle, varié ces dernières années. Après plusieurs mois de front commun avec l’Egypte en 2022, le dirigeant soudanais, le général Abdel Fattah Al-Bourhane, s’était dit en janvier dernier « d’accord sur tous les points » avec A. Ahmed à propos du GERD. Mais le Soudan est ravagé depuis la mi-avril par un conflit meurtrier.

L’Ethiopie assure, de son côté, que son méga-barrage, situé dans le nord-ouest du pays à une trentaine de kilomètres de la frontière avec le Soudan, ne perturbera pas le débit du fleuve.

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