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Ankara restreint ses exportations vers Israël : Une mesure timorée…

La Turquie a décidé, mardi 9 avril, de restreindre les exportations vers Israël de nombreuses marchandises, dont des produits faits d'acier, de fer et d'aluminium, a annoncé le ministère turc du Commerce. Décision motivée par le refus israélien d’autoriser le largage d’aide humanitaire à Gaza via la Jordanie. Tel-Aviv n’a pas manqué de réagir en rappelant qu’elle surtaxera désormais les exportations turques après la décision d’Ankara qui a choisi de jouer la carte de la solidarité avec le Hamas plutôt que de préserver ses intérêts économiques.
Ankara restreint ses exportations vers Israël : Une mesure timorée…

« Cette décision restera en vigueur jusqu’à ce qu’Israël déclare un cessez-le-feu immédiat et autorise l’accès continu de l’aide humanitaire à Gaza », a affirmé le ministère dans un communiqué. En réponse, Israël a promis des mesures de rétorsion à l’encontre de la Turquie qui a annoncé restreindre ses exportations vers le pays en réponse à la guerre à Gaza, en «  violation des accords commerciaux » bilatéraux, relate l’AFP.

La Turquie revient dans son communiqué sur le conflit à Gaza, qualifiant les actions de l’armée israélienne de « massacre », précisant que le peuple palestinien de la bande de Gaza « tente de survivre » et « lutte contre la faim ». Le document officiel fait valoir que « la Turquie mène des efforts politiques et diplomatiques » pour « mettre fin aux conflits, prévenir les pertes humaines et les destructions physiques, et rechercher d’abord un cessez-le-feu permanent », ajoutant que les autorités turques ont déjà « livré des dizaines de milliers de tonnes d’aide par bateau et par avion ». Ankara ajoute que la Turquie « n’a pas autorisé la vente à Israël de produits ou de services pouvant être utilisés à des fins militaires depuis longtemps ».

Cette décision d’Ankara intervient un jour après le rejet par Israël du largage d’aide humanitaire turque dans la bande de Gaza. « Il n’y a aucune excuse pour qu’Israël bloque notre tentative de parachuter de l’aide aux Gazaouis affamés », a déclaré Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères, promettant de prendre « une série de nouvelles mesures » contre l’État hébreu.

Malgré le conflit à Gaza, les brouilles verbales entre R .T. Erdogan et B.  Netanyahou, les arrestations d’espions du Mossad par les renseignements turcs ou le renvoi de l’ambassadeur israélien en novembre dernier, le commerce entre les deux pays continuait. Un article du site Minute Turque paru le 4 janvier dernier rapportait même que le commerce bilatéral entre les deux pays avait augmenté de 34,8% en décembre par rapport au mois de novembre. Dans un article paru mi-décembre, France Info soulignait que, depuis le début du conflit à Gaza, « plus de 300 cargos » avaient quitté les ports turcs pour livrer diverses matières premières à Israël, ainsi que du pétrole azerbaïdjanais. Idem concernant les relations diplomatiques. Bien qu’il ait rappelé l’ambassadeur turc à Tel-Aviv début novembre, le président Erdogan a précisé qu’il ne rompait pas les liens diplomatiques bilatéraux.

L’AKP au pouvoir en Turquie vient d’essuyer, rappelle-t-on, une cuisante défaite lors des dernières élections locales. Si le marasme économique explique le vote-sanction des électeurs contre la formation dirigée par Recep Tayyip Erdogan, il n’en reste pas moins que la question palestinienne, minorée par les observateurs, a aussi pesé dans la balance. En effet, l’opinion turque n’arrive pas à assimiler le traditionnel double langage du Président qui dénonce la guerre génocidaire menée contre les Palestiniens dans la bande de Gaza tout en maintenant les flux commerciaux avec Israël intacts. En six mois, des centaines de bateaux ont fourni le marché israélien en divers produits. Des observateurs turcs n’hésitent pas à critiquer ouvertement cette attitude présidentielle d’autant plus qu’ils nourrissent des soupçons quant à la fourniture du matériel de guerre à l’entité sioniste.

Le réveil turc officiel est tardif à l’heure où l’étau se resserre sur l’occupant israélien qui est poursuivi pour génocide. L’affaire désormais instruite par la Cour international de justice ne manquera certainement pas de trainer dans son sillage d’autres pays complices de ce crime. Le soutien militaire à Israël pourrait être retenu à charge contre de nombreux Etats quand bien même l’Allemagne ferraille, et elle n’est pas la seule puissance occidentale à le faire, pour bloquer la machine de la CIJ.

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