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Procession de leaders Taliban à Kaboul : « Wanted », K. Hakkani parade dans la capitale afghane

Khalil Haqqani, l'un des terroristes les plus recherchés par les États-Unis (une récompense de 5 millions de dollars contre des informations permettant sa capture), parade avec d'autres leaders talibans dans la capitale afghane.

Le cofondateur et numéro deux des talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar, est arrivé samedi à Kaboul pour des pourparlers avec d’autres membres du mouvement et responsables politiques afin d’établir un nouveau gouvernement afghan.«Il sera à Kaboul pour rencontrer des responsables djihadistes et des responsables politiques pour l’établissement d’un gouvernement inclusif», a déclaré à l’AFP un haut responsable taliban.D’autres leaders taliban ont été aperçus dans la capitale ces derniers jours, dont Khalil Haqqani, recherché par les États-Unis.
Des réseaux sociaux pro-taliban ont montré K. Haqqani rencontrant Gulbuddin Hekmatyar, considéré comme l’un des chefs de guerre les plus cruels du pays pour avoir notamment bombardé Kaboul durant la guerre civile (1992-96). G. Hekmatyar, surnommé«le boucher de Kaboul», était un rival des Taliban avant que ceux-ci ne prennent le pouvoir entre 1996 et 2001.
Le mollah Baradar est rentré mardi en Afghanistan, deux jours après que les taliban ont pris le contrôle du pays, en provenance du Qatar où il dirigeait le bureau politique de leur mouvement.Il a atterri à Kandahar (Sud), l’épicentre du pouvoir des Taliban entre 1996 et 2001. C’est dans la province du même nom qu’était né le mouvement au début des années 1990.
Quelques heures après son arrivée sur le sol afghan, les Taliban ont fait savoir que leur règne serait«différent» du précédent. Ils ont répété à plusieurs reprises vouloir former un gouvernement«inclusif», sans toutefois trop entrer dans les détails.
A.Baradar, né dans la province d’Uruzgan (Sud) et qui a grandi à Kandahar, est le co-fondateur des Taliban avec le mollah Omar, décédé en 2013 mais dont la mort avait été cachée deux années durant.Comme pour nombre d’Afghans, sa vie a été marquée par l’invasion soviétique en 1979 qui en a fait un moudjahid, et on pense qu’il a combattu aux côtés du mollah Omar.
En 2001, après l’intervention US et la chute des Taliban, il aurait fait partie d’un petit groupe d’insurgés prêts à un accord dans lequel ils reconnaissaient l’administration de Kaboul. Mais cette initiative s’est révélée infructueuse.Il était le chef militaire des Taliban quand il a été arrêté en 2010 à Karachi, au Pakistan. Il a été libéré en 2018, sous pression de Washington.
Écouté et respecté des différentes factions talibanes, il a ensuite été nommé chef de leur bureau politique, situé au Qatar.De là, il a conduit les négociations avec les Américains menant au retrait des forces étrangères d’Afghanistan, puis aux pourparlers de paix avec le gouvernement afghan, qui n’ont rien donné.
Le pouvoir des négociations
En parallèle, les forces de résistance armée en Afghanistan, qui se sont regroupées dans la vallée du Panchir, se préparent à «un conflit de longue durée» si elles ne parviennent pas à négocier d’abord avec les Taliban, a déclaré leur porte-parole à l’AFP.
Depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août, après une campagne militaire fulgurante, des milliers d’Afghans ont rejoint la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul, pour combattre le nouveau régime ou tout simplement pour trouver un refuge sûr et continuer leur vie, a expliqué Ali Maisam Nazary.
Là, Ahmad Massoud, fils du célèbre commandant Ahmed Shah Massoud, assassiné le 9 septembre 2001 par Al-Qaïda, deux jours avant les attentats du 11-Septembre aux États-Unis, a rassemblé quelque 9.000 hommes armés, selon A. M. Nazary. Des photos prises par l’AFP montrent des dizaines de recrues se livrant à des exercices physiques, et une poignée de véhicules blindés humvees roulant dans la vallée.
Le Front national de résistance (FNR) a pour objectif d’éviter que plus de sang ne soit versé et de promouvoir un nouveau système de gouvernement.«La condition d’un accord de paix avec les talibans est la décentralisation, un système qui garantisse la justice sociale, l’égalité, les droits et la liberté pour tous», a déclaré A. M. Nazary, en charge des relations extérieures du Front.Mais si les Taliban, qui avaient affirmé vendredi avoir reçu l’allégeance de Massoud, refusent un tel compromis, alors le FNR est prêt à s’engager dans«un conflit de longue durée».
Les talibans contrôlent la très grande majorité du pays, mais des milices sont apparues dans certains districts ces derniers jours, sont entrées en contact avec le FNR et ont commencé à résister aux islamistes, a souligné A. M. Nazary. «Massoud n’a pas donné d’ordre en ce sens, mais elles nous sont toutes liées», a-t-il affirmé. «Les talibans sont débordés. Ils ne peuvent pas être partout en même temps. Leurs ressources sont limitées. Ils n’ont pas le soutien de la majorité (de la population)», a-t-il ajouté. Comme il a concédé qu’A. Massoud avait un point de vue différent de celui d’Amrullah Saleh, qui était vice-président du pays avant la prise de pouvoir par les Taliban. Celui-ci a lui aussi trouvé refuge dans la vallée du Panchir et promis de leur résister coûte que coûte.«M. Saleh est dans le Panchir. Il a choisi de rester dans le pays et ne pas fuir», a observé A. M. Nazary. Selon lui, Saleh est férocement opposé au Pakistan, qu’il accuse de continuer à soutenir les talibans, alors que Massoud souhaite conserver de bonnes relations avec Islamabad. «M. Saleh est anti-taliban et anti-pakistanais. Cela ne veut pas dire qu’il appartient à (notre) mouvement. Il est au Panchir et il est respecté. Le but en ce moment, c’est de défendre le Panchir et ses habitants», a repris A. M. Nazary. «Nous voyons le Panchir devenir une zone sécurisée pour tous les groupes qui se sentent menacés dans les autres provinces», a-t-il ajouté. Parmi les personnes qui sont arrivées, figurent des intellectuels, des femmes et des défenseurs des droits humains, qui craignent d’être ciblés par les Taliban.
Massoud a réclamé des armes aux États-Unis dans une tribune parue mercredi dans le Washington Post. Mais le Panchir a aussi besoin d’aide humanitaire pour nourrir et prendre soin de tous ceux qui viennent d’arriver, a souligné A. M. Nazary.
Le jeune Massoud est déterminé à suivre les traces de son père et à défendre son peuple, a assuré A. M. Nazary, estimant que l’avenir de l’Afghanistan repose sur un système fédéral de gouvernement, pour mettre fin à des décennies de guerre. «La guerre n’est qu’un dérivé du conflit en Afghanistan. Ce qui a causé le conflit, c’est que l’Afghanistan est un pays fait de minorités ethniques (…) Et dans un pays multi-ethnique, vous ne pouvez pas avoir un groupe qui domine la politique et les autres qui ne sont représentés qu’à la marge.»
Pour A. M. Nazary, la résistance de Massoud et d’autres en Afghanistan est indispensable pour arriver à un tel changement. «Le Panchir a toujours été une lueur d’espoir».

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