Mardi 8 mars, les Etats-Unis ont rejeté la proposition de la Pologne de mettre ses avions de combat MiG-29 à la disposition des Etats-Unis pour, ensuite, les livrer à l’Ukraine afin de l’aider à faire face à l’opération militaire russe en cours dans le pays. Washington a jugé que l’offre était source de «sérieuses préoccupations» pour l’OTAN.
«Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit viable», a indiqué John Kirby, porte-parole du Pentagone, dans un communiqué. «La perspective d’avions de combat « à la disposition du gouvernement des Etats-Unis » partant d’une base Etats-Unis/OTAN en Allemagne pour voler vers un espace aérien disputé avec la Russie au-dessus de l’Ukraine suscite de sérieuses préoccupations pour l’ensemble de l’OTAN», a-t-il ajouté, en précisant que Washington poursuivait les consultations avec Varsovie sur le sujet.
Plus tôt dans la journée, à la surprise des Etats-Unis, la Pologne avait affirmé être «prête à déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions MiG-29 sur la base de Ramstein [en Allemagne] et à les mettre à la disposition du gouvernement des Etats-Unis», selon un communiqué du ministère polonais des Affaires étrangères. «En même temps, la Pologne demande aux Etats-Unis de lui fournir des avions d’occasion ayant les mêmes capacités opérationnelles. La Pologne est prête à fixer immédiatement les conditions de l’acquisition [de ces appareils]», avait poursuivi le ministère.
En remplacement de ces avions de fabrication soviétique MiG-29, Washington aurait été prêt à fournir des F-16 à la Pologne, selon les médias US. Victoria Nuland, numéro trois de la diplomatie américaine, a reconnu que son pays avait été pris de court par l’annonce «surprise» des Polonais.
Les Etats-Unis s’inquiètent d’un risque d’accrochage entre l’Alliance atlantique et les forces russes, qui pourrait dégénérer si la Russie considérait une telle assistance militaire comme une implication directe de l’OTAN dans le conflit avec l’Ukraine.
Le 6 mars, Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain, avait déclaré, lors d’une visite en Moldavie, que les Etats-Unis «travaillaient activement» sur un accord pour que Varsovie livre directement ses aéronefs à l’Ukraine. La Pologne possède une trentaine de MiG-29, mais selon des médias, seuls 23 seraient techniquement prêts à être envoyés à Ramstein. Lors d’une conférence de presse à Oslo, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a insisté sur le fait que «la Pologne n’est pas partie à cette guerre et [que] l’OTAN n’est pas partie à cette guerre». «C’est pourquoi toute décision de livrer des armes offensives doit être prise par l’OTAN tout entière, sur la base d’unanimité. C’est pourquoi nous sommes prêts à donner toute notre flotte d’avions de chasse à Ramstein, mais nous ne sommes pas prêts à faire quoi que ce soit tout seuls, parce que, comme je l’ai dit, nous ne sommes pas partie à cette guerre», a-t-il poursuivi.
Pour le gouvernement américain, «la décision de transférer ou non des avions polonais à l’Ukraine revient au final au gouvernement polonais», a indiqué J. Kirby dans son communiqué. «Il n’est tout simplement pas clair pour nous s’il y a ou non une réelle logique [à un tel accord]», a-t-il ajouté, avant de déclarer «poursuivre les consultations avec la Pologne et les autres alliés de l’OTAN sur ce sujet et ses difficultés logistiques».
Le gouvernement polonais a invité également les autres Etats membres de l’OTAN détenant des MiG-29 à suivre son exemple. Seuls quelques pays d’Europe de l’Est anciens membres du Pacte de Varsovie disposent officiellement dans leur flotte de ces avions soviétiques. Les MiG-29 – comme les Sukhoï-27 (défense antiaérienne et appui sol) et les chasseurs-bombardiers Sukhoï-25 – sont les seuls que les pilotes ukrainiens pourraient manier sans formation préalable.
Située dans le sud-ouest de l’Allemagne, la Ramstein Air Base est la plus grande base aérienne des forces américaines en Europe.