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Le Président chinois à Moscou : Washington sceptique…

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Le président chinois est arrivé lundi à Moscou. Une visite d’État de trois jours en Russie, la première depuis quatre ans, est son premier déplacement depuis sa reconduction à la tête de l’État chinois. La première réunion entre Vladimir Poutine et Xi Jinping a duré pas moins de 4 heures et demie. Des réunions élargies aux délégations des deux pays suivront pour sceller de nouveaux contrats stratégiques.
Le Président chinois à Moscou

A sa descente d’avion à l’aéroport de Vnukovo, le président chinois a été accueilli sur le tarmac par Dmitry Chernyshenko, vice-Premier ministre, avant de prendre le chemin vers le Kremlin. À l’heure de l’arrivée de son homologue chinois, le président russe faisait un discours devant les cadres du ministère de l’Intérieur, selon l’agence de presse officielle Tass.

Les deux chefs d’État ont chacun publié un article. « Voyage d’amitié, de coopération et de paix », écrit Xi Jinping dans la Rossiskaya Gazeta. La Chine veut se présenter comme un médiateur neutre dans le conflit en Ukraine. Le texte de V. Poutine, publié sur le site du Kremlin, salue bien « la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement du conflit » et en même temps le président russe vante la qualité des liens entre Moscou et Pékin, « supérieure à celle des unions politiques et militaires au temps de la Guerre froide ». « Pour moi, c’est aussi une excellente occasion de revoir un bon vieil ami avec qui nous entretenons les relations les plus chaleureuses », a également écrit le président russe.

Juste avant l’arrivée de son homologue chinois à Moscou, la Chine, par la voix d’un des porte-parole de sa diplomatie, a appelé la Cour pénale internationale (CPI) à éviter le « deux poids deux mesures », après l’émission par cette juridiction d’un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine.

Les deux leaders vont « parler du plan chinois pour régler le conflit en Ukraine », a confirmé le Kremlin ce matin. Plan accueilli de manière mitigée en Russie. Mais le quotidien Izviestia, soulignait lundi qu’« un peu plus d’une semaine avant la visite négociée par la Chine, l’Arabie saoudite, proche partenaire des États-Unis, et l’Iran, son ennemi de longue date, ont annoncé le rétablissement des relations diplomatiques. Cela (..) a mis en évidence l’influence politique et économique croissante de la Chine dans une région longtemps façonnée par l’influence américaine. Dans ce contexte, cette image de médiateur dans le conflit ukrainien (bien que la Chine ne prétende pas particulièrement en être un) est probablement devenue encore plus agaçante pour les États-Unis ».

Xi Jinping a toujours critiqué ce qu’il appelle « les sanctions unilatérales contre la Russie », lesquelles n’ont pas empêché les échanges commerciaux russo-chinois d’être boostés.

Symbole de l’augmentation des investissements chinois en Russie, Xi Jinping loge à Moscou à l’hôtel Soluxe, fleuron moscovite d’une chaîne d’hôtellerie chinoise ouvert l’année dernière. Le commerce bilatéral a d’ailleurs doublé en 2022 et atteint presque 190 milliards de dollars, selon les douanes chinoises.  La part du yuan dans les devises extérieures pour le commerce russe insignifiante il y a un an (0,5 %) s’est envolée à 16 %. Si des analystes osent parler de « vassalisation », le Kremlin prend le contre-pied de pareilles affirmations en faisant valoir une relation d’égal à égal.

Le président chinois a appelé à poursuivre l’amélioration des relations Russie-Chine et fait valoir que la transition vers un monde multipolaire, et non plus uniquement dominé par les Etats-Unis, ne pourrait être empêchée. « Le monde d’aujourd’hui traverse de profonds changements », a estimé le dirigeant chinois dans l’article paru dans les colonnes de Rossiskaya Gazeta.. « La tendance historique pour la paix, le développement et une coopération gagnant-gagnant ne peut être arrêtée. Les tendances dominantes pour une multipolarité du monde, pour la mondialisation économique et une plus grande démocratie dans les relations internationales est irréversible », a analysé l’homme fort de l’Empire du Milieu.

Le chef d’Etat chinois qui a invité son hôte russe à se rendre cette année à Pékin, a noté que le monde faisait face à des « défis de sécurité traditionnels et non-traditionnels », ainsi qu’à des tentatives « d’hégémonie et de domination ». Face à cette situation, Xi Jinping défend une coopération à échelle mondiale : « La communauté internationale a reconnu qu’aucun pays n’est supérieur aux autres, qu’aucun mode de gouvernance n’est universel et qu’aucun pays ne devrait dicter l’ordre international. L’intérêt commun de l’humanité est un monde qui est uni et pacifique, plutôt que divisé et instable. »
Le président a salué le « nouveau modèle » de relations bilatérales mis en place par la Chine et la Russie dans la dernière décennie, dont il a pris pour preuve le doublement des échanges commerciaux, qui ont atteint 190 milliards de dollars en 2022. « Nous avons œuvré à pratiquer un réel multilatéralisme, à promouvoir les valeurs communes de l’humanité et à se faire les champions de l’établissement d’un nouveau type de relations internationales », a poursuivi le chef d’Etat. Xi Jinping a enfin appelé à accroitre encore davantage la coopération sino-russe : « Nous avons toutes les raisons de croire que la Chine et la Russie, en tant que compagnons de voyage sur la route du développement et du rajeunissement, feront de nouvelles et de plus grandes contributions à l’avancement de l’humanité. »

Alors que le dirigeant chinois rencontrait son homologue russe, Washington s’est d’ores et déjà dit opposé à tout projet de cessez-le-feu qui en résulterait, le jugeant « inacceptable » dans la situation actuelle. A croire les propos de la Maison Blanche, la guerre en Ukraine est loin d’être terminée. Washington s’est déclaré fermement opposé à une éventuelle proposition de cessez-le-feu en Ukraine, qui pourrait résulter du sommet russo-chinois. Lors d’une interview accordée à Fox News, John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité des Etats-Unis, a qualifié toute initiative de la sorte d’« inacceptable » dans la situation actuelle. « Nous avons déjà dit, et nous le répétons aujourd’hui, que si cette rencontre débouche sur un appel au cessez-le-feu, ce sera inacceptable, car cela ne fera que ratifier la conquête russe à ce jour », a insisté J. Kirby. Le porte-parole du Conseil national de sécurité des Etats-Unis s’est également inquiété du rapprochement entre Moscou et Pékin qui selon lui tente de « réécrire » les règles du jeu à l’international.

Selon le responsable US, la Russie et la Chine « sont deux pays qui s’opposent à l’ordre international fondé sur des règles que les Etats-Unis et tant de nos alliés et partenaires ont construit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Pékin a proposé le 24 février dernier une feuille de route en 12 points pour tenter de mettre fin au conflit en Ukraine. Officiellement neutre, la Chine a ainsi appelé au « dialogue » entre les pays en promouvant le respect de la souveraineté des deux Etats, le retrait des sanctions unilatérales et également la fin de la surenchère guerrière.

Si en Occident cette proposition a été accueillie avec plus ou moins de scepticisme, la Russie avait apprécié les efforts de médiation chinois.  « Poutine l’applaudit, alors comment cela pourrait-il être bon ? », avait taclé le président américain peu après la présentation du plan.

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