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L’armée russe gagne du terrain à Donetsk : V. Poutine bat le rappel des forces nucléaires

L'armée russe a pris le contrôle du village d'Otcheretino, en République populaire de Donetsk, a rapporté dimanche le ministère de la défense, qui cumule les succès dans le Donbass depuis plusieurs semaines. En parallèle, Vadimir Poutine a chargé, lundi, l'état-major de préparer des exercices d'utilisation d'armes nucléaires non stratégiques. Ces manœuvres font suite aux « déclarations provocatrices et aux menaces de certains responsables occidentaux à l’encontre de la Russie », est-il précisé. Le Kremlin a évoqué les propos d'Emmanuel Macron.
L’armée russe gagne du terrain à Donetsk : V. Poutine bat le rappel des forces nucléaires

« Afin d’accroître la préparation des forces nucléaires non stratégiques à mener des missions de combat, l’état-major général a commencé les préparatifs pour organiser des exercices avec les formations de missiles de la Région militaire Sud », a indiqué lundi 6 mai l’armée russe. Les manœuvres auront lieu prochainement et impliqueront également l’aviation et la marine, ajoute la défense russe.

L’armée russe a explicitement indiqué que ces exercices seraient menés « en réponse aux déclarations provocatrices et aux menaces de certains responsables occidentaux contre la Russie ». « Le but de l’exercice est de maintenir l’état de préparation du personnel et de l’équipement des unités pour l’utilisation au combat d’armes nucléaires non stratégiques afin de répondre et d’assurer l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’État », explique encore celle-ci. De portée et de puissance réduites, les armes nucléaires tactiques se distinguent des armes nucléaires stratégiques.

Ces exercices sont liés aux déclarations du Président français sur un envoi de troupes en Ukraine, a précisé Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin i, qualifiant ces déclarations de « dangereuses ». Selon lui, il s’agit d’une « nouvelle escalade de tension sans précédent », qui nécessite « une attention particulière et des mesures spéciales ».

Dans un entretien à The Economist publié le 2 mai dernier, le président français a de nouveau assumé la possibilité de déployer des troupes occidentales en Ukraine, notamment si Kiev venait à en faire la demande. Des propos qu’il avait déjà tenus le 26 février dernier, avant d’être désavoué par les principaux alliés de Kiev, Washington et Berlin en tête.

D. Peskov a aussi évoqué les déclarations de Londres. En déplacement à Kiev, David Cameron, ministre britannique des Affaires étrangères, avait soutenu le 2 mai, les frappes que les forces ukrainiennes pourraient mener sur le sol russe avec des armes britanniques. « En ce qui concerne ce que font les Ukrainiens, à notre avis, la manière d’utiliser ces armes relève de leur décision », a-t-il déclaré. « L’Ukraine a absolument le droit de riposter contre la Russie. L’Ukraine a ce droit », a-t-il insisté, répondant à la demande de clarification d’un journaliste sur des frappes à « l’intérieur de la Russie ». Une sortie qui tranche avec les positions antérieures des capitales occidentales, craignant jusque-là une escalade.

La Pologne s’est quant à elle dite prête à accueillir des armes nucléaires sur son territoire si l’OTAN décidait de renforcer son flanc est, a déclaré le président polonais Andrzej Duda le 22 avril. L’armée russe prendra les « mesures nécessaires » pour garantir la sécurité du pays, a d’ores et déjà prévenu le Kremlin. En mars dernier, lors d’une interview accordée à Rossia-1, Vladimir Poutine avait déclaré que la Russie n’était prête à utiliser des armes nucléaires qu’en cas de menace contre l’existence de l’État russe, portant atteinte à la souveraineté et à l’indépendance du pays. Ce qui n’avait pas été le cas jusqu’à présent dans le conflit ukrainien.

A souligner que cette surenchère politico-diplomatique qui prend les allures de « déclarations de guerre », interviennent à l’heure où l’attrition exercée par l’armée russe commence à porter ses fruits. Sur le terrain, l’armée ukrainienne perd nombre de ses fortifications face à l’offensive russe sur plusieurs fronts.

« Les manoeuvres offensives des troupes « Centre » ont complètement libéré la colonie d’Otcheretino, en République populaire de Donetsk », a indiqué le ministère russe de la défense dimanche 5 mai. Les troupes russes ont également « amélioré la situation tactique » et « vaincu les formations de deux brigades ukrainiennes » aux abords des localités d’Arkhangelskoïé et de Novgorod, ajoute le communiqué.

Plusieurs tentatives de contre-attaques ont de surcroît été repoussées. Le canal Telegram Rybar avait annoncé le 3 mai dernier des « avancées significatives » de l’armée russe à Otcheretino, puis le 4 mai la libération de la localité voisine Arkhangelskoïé. Une avancée qui devrait être confirmée par le ministère russe de la défense après d’éventuelles contre-attaques ukrainiennes et la stabilisation de la situation.

La libération du village d’Otcheretino, situé en hauteur, revêt une importance stratégique pour l’armée russe qui pourra poursuivre l’offensive dans plusieurs directions. Les unités russes peuvent davantage menacer le flanc gauche ukrainien qui tient une ligne au sud du village. L’armée ukrainienne joue la montre pour bâtir une nouvelle ligne de défense à l’ouest, celle du Donbass craquant de partout depuis plusieurs semaines. L’armée russe a multiplié les victoires ces dernières semaines dans la zone: Berdytchi le 2 mai et Semionovka le 29 avril après Novobakhmoutovka la veille.

Les difficultés de l’armée ukrainienne s’aggravent depuis l’échec de sa contre-offensive à l’été 2023. Rybar rapporte de durs combats lundi 6 mai sur le front sud de Zaporojié à Rabotino ainsi qu’au Donbass à Tchassov Iar.

Oleksandre Syrsky, commandant en chef de l’armée ukrainienne, a reconnu le 28 avril que la situation sur le front s’était «détériorée». La Russie « attaque activement tout le long de la ligne de front, elle remporte des succès tactiques », a-t-il admis sur Facebook.

D. Peskov voyait là un signe de panique côté ukrainien. Symbole de la saignée des troupes ukrainiennes : le sort de la 47e division mécanisée, la « bridage d’urgence » de l’Ukraine, appelée sur les points chauds du front (tels qu’Avdeïevka), près d’un an « sans rotation », selon un de ses commandants cité par Forbes. Équipée de blindés américains, la 47e aurait « subi des centaines de pertes » et perdu « 40 de ses quelques 200 » M-2 Bradley et « cinq de ses 31 » chars M1A1 Abrams, décomptait fin avril le magazine US.

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