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La résistance palestinienne inflexible : Pas d’échange de prisonniers sans trêve définitive

L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza, après avoir ordonné mercredi l'évacuation de la ville de Khan Younès. Le bilan des victimes civiles s’alourdit en franchissant la barre de 20 000 morts depuis le début de l'opération israélienne contre l’enclave palestinienne, selon le gouvernement du Hamas. Plus de 52 586 personnes ont également été blessées. Le ministère de la Santé assure que 70% des victimes sont des femmes et des jeunes de moins de 18 ans.
La résistance palestinienne inflexible : Pas d’échange de prisonniers sans trêve définitive

Un représentant du Hamas a déclaré que « toutes les parties » avaient été informées qu’il n’y aurait « aucune négociation » concernant la libération des otages tant qu’Israël n’aurait pas mis fin au bombardements de Gaza, lors d’une conférence de presse dont la vidéo a été publiée par le Guardian. « Selon une décision nationale palestinienne, il ne devrait pas y avoir de discussions sur les prisonniers ou d’accords d’échange avant la cessation totale de l’agression », a déclaré le Hamas jeudi dans un communiqué, affirmant s’exprimer au nom de tous les Palestiniens.

Au Caire où avaient convergé la veille les leader du Hamas et du Jihad islamique,  David Cameron, chef de la diplomatie britannique, a appelé jeudi, à « un cessez-le-feu durable » dans la bande de Gaza. « Il faut faire tout ce qui est possible pour faire rentrer l’aide à Gaza où la population est dans une situation désespérée », a alerté le ministre lors d’une conférence de presse avec Sameh Choukri, son homologue égyptien. « Nous avons besoin (…) d’un cessez-le-feu durable où le Hamas n’est plus en mesure de menacer Israël avec des roquettes et des actes de terrorisme, où les combats peuvent cesser et où l’on peut parler d’une solution à long terme », a ajouté le ministre britannique qui s’est entretenu avec Abdel Fattah Al-Sissi, raïs égyptien, après avoir rencontré la veille, dans le Royaume hachémite, Ayman Safadi, ministre des affaires étrangères jordanien.

Pour sa part, Antony Blinken, secrétaire d’État américain dont le pays empêche toujours toute résolution du Conseil de sécurité sur un cessez-le-feu durable, avait critiqué mardi ce qu’il a appelé une obsession exclusive de la part de la communauté internationale sur les demandes faites à Israël concernant la guerre à Gaza, face au silence quant à la responsabilité du Hamas dans le conflit.

« Ce qui me frappe, c’est que même si nous entendons de nombreux pays exhorter à la fin de ce conflit… je n’entends pratiquement personne exiger du Hamas qu’il cesse de se cacher derrière des civils, qu’il pose les armes, qu’il se rende. Ça serait fini demain si le Hamas faisait cela », a déclaré ABlinken. « Il semble y avoir un silence sur ce que le Hamas pourrait faire, devrait faire, doit faire, si nous voulons mettre fin à la souffrance d’hommes, de femmes et d’enfants innocents », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Washington. « Il serait bon que le monde s’unisse autour de cette idée », a-t-il dit. « Comment se fait-il qu’aucune exigence ne soit formulée à l’agresseur, et que seules des demandes soient faites à la victime ? Ce serait bien s’il y avait une forte voix internationale poussant le Hamas à faire ce qui est nécessaire pour mettre fin à cela », ajoute-t-il.

Le secrétaire insiste sur le fait que « n’importe quel autre pays au monde, confronté à ce qui s’est passé le 7 octobre, ferait la même chose ».

Ik a par ailleurs affiché un optimisme prudent au sujet d’un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour améliorer la situation humanitaire catastrophique à Gaza. « Nous avons travaillé intensément sur ce dossier. Je suis au téléphone à ce sujet depuis deux jours », a déclaré le secrétaire d’Etat lors d’une conférence de presse. « J’espère que nous pourrons trouver une solution satisfaisante », a-t-il ajouté.

D’âpres négociations se poursuivaient, jeudi, au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), qui reporte depuis le début de la semaine un vote sur une résolution destinée à accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza…

Ce pouvoir de veto a été dénoncé par le Hamas jeudi. « L’administration Biden tue notre peuple deux fois, une fois avec ses bombes, une autre en le privant de nourriture et de médicaments », a estimé le mouvement palestinien dans un communiqué.

Les services des Nations unies continuent, eux, d’alerter sur la profonde crise humanitaire qui secoue Gaza. La moitié de la population y souffre de faim extrême ou sévère, et 90 % est régulièrement privée de nourriture pendant une journée entière, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

La guerre a provoqué d’immenses destructions dans la bande de Gaza, la plupart des hôpitaux sont hors service et 1,9 million de personnes, soit 85 % de la population, ont fui leur foyer, selon l’ONU. « L’assaut des forces d’occupation israéliennes contre le système de santé de Gaza prend les formes les plus sadiques », a estimé, sur X, Francesca Albanese, rapporteuse des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. « Les hôpitaux et le personnel médical sont sacrés », a-t-elle ajouté, en dénonçant une « guerre insensée contre la population de Gaza ».

En outre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme réclame à Israël l’ouverture d’une enquête sur « la possible commission d’un crime de guerre » par ses forces armées à Gaza. Pour l’Etat hébreu il s’agit d’une demande « partisane ». La représentation d’Israël auprès de l’ONU à Genève a estimé dans un communiqué que ces accusations étaient « sans fondement et dépourvues de vérité ». D’après une enquête de l’armée israélienne, rien ne permet de soutenir les allégations onusiennes, selon cette source, qui a estimé qu’elles s’apparentaient à « rien de moins qu’une diffamation de sang », une accusation antisémite datant de plusieurs siècles. « Il s’agit d’une preuve supplémentaire de l’approche partisane et partiale du Haut-Commissariat lorsqu’il est question d’Israël », a-t-elle fustigé.

Les équipes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont appris jeudi que « les salles d’opération [de l’hôpital Al-Ahli] ne fonctionnaient plus en raison de l’épuisement, voire de l’absence totale, de spécialistes, d’électricité, de carburant, d’eau, de nourriture et de fournitures médicales. Le nord de Gaza n’a donc plus d’hôpital fonctionnel », a rapporté sur X Tedros Adhanom Ghebreyesus, DG de l’Organisation, appelant à un « cessez-le-feu humanitaire ».

Sur le plan de la bataille des récits qui fait rage depuis le 7 octobre, date de l’opération d’envergure menée par le Hamas contre l’occupant israélien, Human Rights Watch (HRW) a accusé jeudi Meta de restreindre les contenus propalestiniens sur Facebook et Instagram, dénonçant une « censure en ligne systémique » depuis le début de la guerre. « Les politiques et systèmes de modération de contenus de Meta réduisent de plus en plus au silence les voix en faveur de la Palestine sur Instagram et Facebook », écrit-elle dans un rapport de 51 pages dévoilé jeudi.  Cette censure est « particulièrement nocive dans une période de terribles atrocités et de répression qui étouffent déjà les voix des Palestiniens », a déclaré Deborah Brown, directrice adjointe par intérim de la division Technologies et droits humains de HRW, citée dans le communiqué de l’ONG.

Mardi, le conseil de surveillance indépendant de Meta a reproché aux plates-formes du géant des réseaux sociaux une politique de modération trop restrictive dans le cadre du conflit.

Par ailleurs, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) accuse les troupes d’Israël de « viser délibérément » les professionnels des médias travaillant dans la bande de Gaza. Ces derniers comptent plus de soixante morts dans leurs rangs depuis le début du conflit. Pour sa part, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a établi, jeudi, qu’au moins soixante-huit journalistes avaient été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Parmi eux, soixante et un Palestiniens, quatre Israéliens et trois Libanais.

Le CPJ avance que treize journalistes ont été blessés, trois sont portés disparus et vingt ont été arrêtés. Le comité affirme enfin mener des enquêtes concernant « de nombreux signalements non confirmés de journalistes qui auraient été tués, [seraient portés] disparus, [auraient été] faits prisonniers, [seraient] blessés ou menacés ». « Le CPJ réaffirme que les journalistes sont des civils effectuant un travail important pendant ces périodes de crise et qu’ils ne doivent pas être pris pour cibles par les parties prenantes », a affirmé Sherif Mansour, coordinateur du programme du CPJ pour le Moyen-Orient, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, cité dans le communiqué.

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