Les résultats partiels tombaient depuis près d’une semaine au compte-gouttes sur le site internet de la Commission électorale charriant les critiques des partis de l’opposition. N’empêche, dimanche, le porte-parole de la Céni a mis fin au suspens : selon les résultats provisoires, le parti au pouvoir El Insaf arrive largement en tête au premier tour dans la majorité des circonscriptions du pays comme dans les communes. Au moins 80 députés sur les 176 que compte le Parlement lui reviennent.
Du côté de l’opposition, c’est la bérézina. Ils se partagent 24 sièges au total et dénoncent de nombreux dysfonctionnements observés lors du scrutin. Comme le parti islamiste du Tawassoul qui conserve sa première place de force d’opposition avec 9 sièges au Parlement contre 14 en 2018. Ou la coalition Sawab-Rag rejoint par l’ancien député anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, pourtant arrivé second lors de la dernière présidentielle qui n’obtient que 5 sièges. Ou encore la nouvelle coalition FRUD qui crée la surprise et obtient 6 sièges. Les formations politiques traditionnelles comme le RFD ou l’UFP pourraient bien, quant à elles, ne pas être représentées cette année au Parlement.
Les résultats provisoires devront encore être validés par les hautes instances judiciaires, la Céni se dit prête à examiner tous les recours et corriger toute erreur qui entacherait le processus électoral. 36 sièges seront encore en jeu au second tour des législatives, prévu le 28 mai.
Le parti El Insaf a remporté, plus de la moitié des mairies (165/238, la moitié est à 119) et tous les conseils régionaux (13/13 conseils), d’après le site de la Commission électorale. Au pouvoir, El Insaf comptait sur ces élections législatives du 13 mai pour renforcer son assise et le pari semble gagné dès le premier tour. Mohamed Yayha Horma, vice-président, ne s’étonne pas du résultat. « Nous savions que nous avions un bilan efficace et une campagne robuste. Notre machine de campagne électorale est beaucoup plus puissante que les autres. Il y a beaucoup de proximité, cela a donné du résultat. Compilons et Comptons le nombre de bureaux sur lesquelles il y aurait eu des irrégularités dont nous demandons la correction intégrale et vous verrez que ça n’impacte absolument pas cette élection », a-t-il déclaré.
Soubbi Weddady, vice-président du parti islamiste, n’est pas du même avis. « Si on regarde la forte présence du parti tawassoul et sa popularité du nord au sud et de l’est à l’ouest du pays tout au long de la campagne, on se rend compte que si ces élections avaient été organisées de manière totalement transparente, on aurait eu de bien meilleurs résultats. Malgré tout ça, Tawassoul conserve sa place de première force d’opposition, ce qui confirme sa place importante sur l’échiquier politique », estime-t-il. Biram Dah Abeid, ex-député antiesclavagiste et membre de la coalition Sawab-Rag, demande déjà l’organisation de nouvelles élections.