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Crise politique au Liban : A la veille des législatives, S. Hariri lâche le Courant du futur

Saad Hariri, ex-Premier ministre libanais et principal leader sunnite du pays, a annoncé lundi après-midi 24 janvier son retrait ainsi que son parti, le Courant du futur, de la vie politique. Une décision qui a surpris ses alliés et ses adversaires et qui risque d'aggraver l'instabilité au Liban, frappé par l'une des pires crises économiques au monde depuis la moitié du XIXᵉ siècle, selon la Banque mondiale.

C’est avec des trémolos dans la voix et des larmes aux yeux que S. Hariri a annoncé « la suspension de (son) activité politique ainsi que celle de (son) parti ». Il a affirmé devant une poignée de proches qu’il ne se présenterait pas aux prochaines législatives, prévues en mai et ne soutiendra aucun candidat de son parti à ce scrutin.
Entré en politique en 2005 à l’âge de 34 ans, après l’assassinat de son père Rafic, S. Hariri en sort, 17 ans plus tard, après avoir été lâché par ses soutiens dans la région, à savoir les Saoudiens qui lui ont préféré les Forces libanaises du tristement célèbre Samir Geagea qui a fait de son animosité de la résistance libanaise anti-israélienne son sacerdoce.
Les dirigeants saoudiens, à l’origine de la fortune du père, devenu plus tard leur homme de confiance au Liban, ne sont pas étrangers à la décision du départ de Saad de la scène politique libanaise après ses démêlées avec le prince héritier saoudien qui l’avait retenu au Ritz en 2017 d’où il avait annoncé sa démission du gouvernement libanais qu’il chapeautait alors. C’est en 2009 que S. Hariri avait accédé au poste de Premier ministre après les accords de Doha. Un intermède qui dura deux ans. La crise liée au Tribunal spécial pour le Liban, enquêtant sur l’assassinat de Hariri père, provoquera la chute du gouvernement lorsqu’en janvier 2011, onze ministres du Hezbollah et alliés démissionnent alors qu’il était attendu à la Maison Blanche. S’ensuit un exil volontaire pendant plusieurs années entre Paris et Riyad, avant de revenir en scène, en 2016, en appuyant à la présidence de la République, contre l’avis d’une partie de son camp politique, la candidature de Michel Aoun, allié du Hezbollah. Cet accord, appelé le « compromis présidentiel », a été négocié en secret à Paris avec Gebran Bassil, gendre et dauphin politique de M. Aoun. Ce compromis ouvre à S. Hariri de nouveau les portes du Grand sérail et il est chargé, en novembre 2016, de former le gouvernement, pour la deuxième fois de sa vie. Un an plus tard, début novembre, il est contraint à Riyad de démissionner. Sa séquestration dans le Ritz provoque un tollé dans le monde et les Saoudiens sont contraints de le libérer après une position ferme de M. Aoun, qui a estimé que S. Hariri avait démissionné sous la contrainte.
Rentré au Liban, S. Hariri reprend la tête du gouvernement avant de décider de quitter la scène, le 29 octobre 2019, moins de deux semaines après le début du mouvement de contestation alors que le Liban traverse une grave situation politico-institutionnelle et économique. Les dirigeants saoudiens l’ont lâché en lui reprochant son incapacité à faire face à l’influence grandissante du Hezbollah, qui soutient ouvertement tous les ennemis du royaume du Yémen à Bahreïn, en passant par l’Irak et la Syrie.

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