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Assassinats de Saadia : L’Armée algérienne livre sa version…

La scandaleuse tuerie de ressortissants marocains de Saadia continue à alimenter le débat au sein de la société civile marocaine. Ainsi, face au mutisme officiel, ce sont particulièrement les ONG de défense des droits humains qui sont montées au créneau. Il en va ainsi pour la Ligue marocaine pour la défense des droits de l’homme et le Forum marocain pour la démocratie et les droits de l’homme qui dénoncent, au même titre que le Conseil national des droits de l’homme, le crime algérien. Un appel a été lancé pour la tenue, lundi, d’un sit-in devant le parlement, à Rabat.
Assassinats de Saadia : L’Armée algérienne livre sa version…

L’Algérie a fini par briser l’omerta en livrant, dimanche, sa version sur l’exécution sommaire de Marocains à Saïdia. « Lors d’une patrouille de sécurisation et de contrôle au niveau de nos eaux territoriales, une unité des garde-côtes, relevant de la Façade maritime Ouest/2ème RM (Région militaire), a intercepté, dans la soirée du mardi 29 août 2023 à 19H47, trois jet-skis ayant franchi clandestinement nos eaux territoriales », indique un communiqué du ministère de la Défense.

Les garde-côtes algériens ont d’abord lancé un « avertissement sonore » et ensuite « sommé de s’arrêter à plusieurs reprises », les jeunes hommes qui « ont refusé d’obtempérer et pris la fuite en effectuant des manœuvres dangereuses », précise ledit communiqué.

Face à « l’obstination » des passagers, les garde-côtes ont procédé à des « tirs de sommation (…) Après plusieurs tentatives, des coups de feu ont été tirés, contraignant un des jet-ski à s’immobiliser, alors que les deux autres ont pris la fuite », explique la même source.

« Le mercredi 30 août à 17h00, et lors d’une autre patrouille des garde-côtes, un cadavre de sexe masculin non identifié a été repêché, présentant un impact de balle par arme à feu », précise le ministère algérien de la Défense. La dépouille n’a pas encore été remise aux autorités marocaines.

Pour justifier le meurtre des jeunes marocains, la Défense algérienne souligne que la zone maritime frontalière avec le Maroc enregistre « une activité accrue des bandes de narcotrafic et du crime organisé ».  Toutefois, aucune mention n’a été faite que sur la présence de drogues sur les jet-skis.

L’Exécutif regarde ailleurs

A Rabat où l’Exécutif garde le silence sur cette scandaleuse tuerie, en se contentant de renvoyer la balle aux autorités judiciaires qui ont diligenté une enquête, comme s’est contenté de le relever le porte-parole du gouvernement,   il y a lieu de relever que Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a déploré une « violation du droit à la vie et une atteinte flagrante aux droits de l’Homme », à la suite du meurtre, mardi dernier, de deux ressortissants franco-marocains. Dans un communiqué, l’institution a fait savoir, dimanche, qu’une délégation menée par Mohamed Amarti, président de la Commission régionale des droits de l’Homme (CNRH) de l’Oriental, ainsi que plusieurs de ses membres, a été mandatée par la présidente du CNDH pour recueillir des informations et écouter le survivant Mohammed Kissi, ainsi que la famille de la victime, Bilal Kissi, dont le corps a été inhumé au Maroc, mais aussi la famille du défunt Abdelali Mchiouer, dont le corps se trouve encore en Algérie.

Sur la base des informations recueillies, le CNDH a condamné l’utilisation de balles réelles par les forces côtières algériennes dans les eaux territoriales de l’est de la Méditerranée, « au lieu d’entreprendre des actions humanitaires, comme il est mondialement reconnu, pour secourir des personnes en détresse en mer, en violation flagrante des normes internationales du droit ». Dans ce sens, le Conseil s’interroge sur « les raisons du recours aux tirs réels, contre des personnes non armées, ne représentant aucune menace imminente ».

Selon la même source, ce drame « constitue une violation grave des droits de l’Homme et une privation arbitraire du droit à la vie, un droit absolu qui doit être protégé, quelle que soit la situation, les circonstances ou les justifications, d’autant que les victimes se trouvaient le long d’une frontière poreuse et dans une zone maritime non contestée ». En effet, le sauvetage en mer « est un principe fondamental et inaliénable du droit international », ajoute le CNDH, rappelant les dispositions de la Convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer de novembre 1974 et celle sur la recherche et le sauvetage en mer adoptée en avril 1979 et amendée en 2004, ainsi que l’article 98 de la Convention des Nations unies sur le droit de décembre 1982.

Par ailleurs, le CNDH insiste sur le droit légitime de la famille d’Abdelali Mchiouer de récupérer son corps afin de l’enterrer dignement. Par ailleurs, il «s’étonne de la rapidité du procès d’Ismaïl Sannabi », blessé lors des tirs et condamné en Algérie à dix-huit mois de prison. Le CNDH souligne aussi « la légitimité des demandes de sa famille en faveur de sa libération et de sa remise aux autorités marocaines ».

L’institution prend également acte de la décision du parquet au Maroc de mener une enquête, invitant le pouvoir judiciaire à publier les résultats de cette procédure. Dans ce contexte, le CNDH indique avoir contacté l’Institution nationale des droits de l’Homme en Algérie, afin de garantir qu’Ismaïl Sannabi «bénéficie de toutes les garanties d’un procès équitable et public, en présence d’observateurs internationaux ».

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