Ce 11 avril, la Premier ministre suédois et dirigeante du parti social-démocrate suédois des travailleurs (SAP) Magdalena Andersson a annoncé l’ouverture d’un débat à tous les membres du parti sur la situation stratégique du pays et le choix de ses alliances, notamment militaires. Ce sera «une discussion plus large que la question d’un oui ou d’un non à l’adhésion à l’OTAN», a affirmé dans un communiqué Tobias Baudin, numéro 2 des sociaux-démocrates. Ce «dialogue sur la politique de sécurité» devrait s’achever avant l’été, selon lui. Magdalena Andersson avait affirmé fin mars «ne pas exclure» une candidature à l’alliance militaire occidentale, après avoir pourtant exprimé dans un premier temps sa préférence de voir la Suède rester hors des alliances militaires.
Historiquement opposé à une adhésion à l’OTAN, le parti social-démocrate suédois a revalidé une motion en ce sens lors de son dernier Congrès. Néanmoins M. Andersson s’est dite prête à faire changer la ligne, à cinq mois d’élections où la question s’annonce centrale. Un revirement du premier parti suédois serait historique et ouvrirait la voie à une adhésion suédoise à l’OTAN, au moment où la Finlande voisine s’apprête à prendre d’ici l’été sa décision.
Comme son voisin finlandais, la Suède n’est pas membre de l’OTAN et est officiellement non alignée militairement, même si elle est partenaire de l’alliance atlantique et qu’elle a abandonné sa ligne de neutralité stricte après la fin de la guerre froide. Sa candidature à l’OTAN, impensable politiquement il y a encore deux mois, est devenue possible, voire probable en ce qui concerne Helsinki.
Le soutien à une adhésion a presque doublé après le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, bondissant à près de 50% en Suède et 60% en Finlande. La part des avis défavorables a, elle, baissé autour de 20 à 30%. La question s’annonce comme un des grands thèmes de la campagne pour les prochaines élections législatives en Suède, le 11 septembre. Le conservateur Ulf Kristersson, à la tête de l’opposition de droite, a annoncé son intention de déposer une candidature d’adhésion s’il obtient une majorité au Parlement. Et l’extrême-droite des Démocrates de Suède (SD), troisième parti des élections de 2018, s’est, elle aussi, ouverte à l’idée d’une adhésion, après y avoir été opposée. Une réunion interne de la direction de SD a été convoquée ce 11 avril sur la question.
Fin février, la diplomatie russe avait émis une mise en garde claire à la Suède et à la Finlande quant à une éventuelle adhésion à l’alliance militaire atlantique. Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, avait ainsi expliqué que «tous les pays membres de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe], dans leur qualité nationale – y compris la Finlande et la Suède – ont confirmé le principe selon lequel la sécurité d’un Etat ne doit pas dépendre de celle des autres pays. Il est clair que l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN qui est tout d’abord, comme vous le comprenez bien, un bloc militaire, aurait de graves répercussions politico-militaires auxquelles notre pays serait obligé de répondre.»