Dans une série de messages audios diffusés en début de semaine dernière, Talha Abou Hind, commandant du Jnim pour la région de Tombouctou, annonce qu’il ne laissera plus passer aucun camion en provenance d’Algérie et de Mauritanie, d’où proviennent la plupart des marchandises consommées à Tombouctou, mais également de la région malienne du Mema, plus au sud. Il affirme également que ses hommes se mobilisent autour de la ville pour « une guerre totale » contre l’État malien, qui a « fait appel à Wagner [groupe paramilitaire russe, NDLR] comme il avait appelé Barkhane et Takuba [des forces militaires française et européenne qui ont depuis quitté le Mali, NDLR] ».
Ces derniers jours, la menace a été mise à exécution : selon les nombreuses sources jointes à Tombouctou, plus aucun camion en provenance d’Algérie, de Mauritanie mais également des villes maliennes de Bambara Maoudé, Mopti ou Goundam, n’a pu entrer dans la ville. Les transporteurs attendent aux frontières, restent bloqués dans la région de Taoudeni ou rebroussent chemin. Les véhicules des particuliers, eux, peuvent circuler.
Pour autant, c’est le calme qui règne actuellement à Tombouctou. Pas de pénurie, les commerçants disposent de stocks et certaines marchandises arrivent encore en provenance du sud.
Les autorités militaires et administratives locales tentent de rassurer : par communiqué ou lors de déclarations publiques, le gouvernorat de Tombouctou et le commandement militaire de la zone ont affirmé leur mobilisation au service de tous, demandé aux populations de rester dans la ville et de vaquer librement à leurs occupations. Sollicité par RFI, le gouvernorat n’a pas donné suite.
Une situation que complexifie davantage le contexte de tensions entre l’armée malienne et les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), à Ber, à seulement une soixantaine de kilomètres.