Au sein de la majorité aux affaires, le doute s’installe. D’où le sursaut du bureau politique du PAM qui appelle à « une réunion d’urgence » des directions du RNI, PAM et Istiqlal « afin d’examiner la nouvelle situation économique et ses difficiles répercussions sur le quotidien de nombreuses couches de la société ».
La formation que dirige Abdellatif Ouahbi exige du gouvernement « de renforcer davantage la surveillance, et d’affronter avec fermeté la cupidité des spéculateurs dont les actions correspondent à une trahison nationale dans des circonstances aussi difficiles que traverse notre pays ».
Le communiqué produit par le PAM exhorte l’exécutif à « sanctionner sévèrement ceux qui refusent de se soumettre aux décisions gouvernementales visant la sécurisation du marché national avec une quantité adéquate en produits alimentaires, ainsi que les manipulateurs de prix, en particulier ceux impliqués dans les grands déséquilibres qui sont parfois enregistrés dans les prix de certains produits ».
La démarche du PAM n’est pas singulière puisque l’Istiqlal a fait de même. Naam Miyara, président de la Chambre des conseillers et secrétaire général de l’Union générale des travailleurs au Maroc, bras syndical de l’Istiqlal, avait critiqué il y quelques semaines, la gestion de l’inflation. Le porte-parole du gouvernement avait réagi, jeudi 22 mars, à ces critiques en promettant leur examen par la majorité gouvernementale. Depuis, rien n’a été entrepris par les trois partis de la majorité.
L’opposition scandalisée
Du côté de l’opposition, PJD, MP et USFP ont dénoncé les défaillances de l’Exécutif incapable de juguler le yo-yo incontrôlable des prix. Le PPS s’est joint à la curée. A l’issue d’une réunion extraordinaire tenue jeudi 30 mars, le bureau politique du PPS a adressé une lettre ouverte au chef du gouvernement, portant sur « la grave détérioration du pouvoir d’achat des Marocains ».
La formation que dirige Nabil Benabdellah relève « avec une grande inquiétude la légèreté qui caractérise la gestion, indifférente et irresponsable » de l’exécutif au sujet « de la flambée exorbitante et insupportable des prix des produits alimentaires et de consommation, provoquant ainsi une montée de l’exaspération et de la tension populaire menaçant la paix sociale ».
Le PPS « condamne le silence et l’inaction » du gouvernement « face à cette situation qui affecte toutes les catégories sociales, et en particulier les personnes à revenu modeste, les couches nécessiteuses et vulnérables et les classes moyennes ». Dans sa lettre, le bureau politique du PPS attire l’attention de l’exécutif sur « les dépits répétitifs des Marocaines et des Marocains devant les assurances verbales et les expressions de satisfaction du gouvernement, démenties par la réalité, ainsi que par les publications de Bank Al-Maghrib, du Conseil Économique, Social et Environnemental et du Haut-Commissariat au Plan, qui attirent l’attention sur la gravité de la situation et l’élargissement de la pauvreté ».
Le PPS invite le gouvernement « à agir d’urgence et de manière efficace, en annonçant un plan précis et global (…) qui devrait permettre de contrer sérieusement la dégradation continue des conditions sociales et économiques ».
A rappeler que le Forum social marocain a appelé à l’organisation de sit-in de protestations dans toutes les villes marocaines samedi 8 avril prochain. L’objectif étant de dénoncer la politique de paupérisation menée par l’actuel gouvernement.